Kouakou le caissier
Dans chaque société il y a les beaux, les laids, les grands les petits les gentils et les vaniteux et Kouakou fait partie de cette dernière catégorie. Bel homme d’une trentaine d’année, le teint un peu plus clair que les autres, il est de son métier caissier et est chargé chaque jour de compter tous les billets de banque qui lui passent entre les mains. Pour être tranquille et aussi protégé (contre les mauvaises pensées), il est enfermé dans un bureau de verre un peu surélevé et de ce fait il domine ses autres collègues qui eux enregistrent, comptabilisent, notent etc….. est ce l’odeur de l’argent (pourtant on dit qu’il n’en a pas) ? ou bien le fait qu’il surplombe toutes ces têtes crépues ? , toujours est-il qu’il est très fier de sa condition et des prérogatives qui s’y attachent et il n’est pas loin de croire qu’il fait partie de l’élite, d’ailleurs Madame Machin dont le bureau se trouve juste à coté du sien, avait bien senti qu’il émergeait de la masse, elle le complimentait souvent pour sa belle écriture, pour sa prestance, pour son bon travail accompli avec rapidité et sans faute, il sait aussi qu’il fait partie des privilégiés car il a eu droit à trois visites chez le médecin et il est le seul à avoir bénéficier de cet avantage.
Quand il vu la nouvelle se pointer il a beaucoup regretté sa bienfaitrice mais intiment convaincu de sa valeur, il était persuadé que la remplçante ne manquerait par de le remarquer or, il constate de plus en plus triste, et ensuite de plus en plus mortifié que celle-ci ne le voit même pas. Quand il s’adresse à elle pour attirer son attention elle répond à ses questions sans plus et repart dans son travail. Quand il apporte les billets de banque en se courbant pour bien manifester son dévouement, elle prend ce qu’il lui tend et ne prononce qu’un petit merci sans consistance.
Il a fait preuve de beaucoup de patience jusqu’au moment ou il a appris que la nouvelle faisait dans le social, nettoyant la voiture du D.C. à la place de Kouadio, fournissant des médicaments à toute la clique, les payant même de sa poche pour un enfant qui appartient à une ethnie détestée par la sienne alors sa patience se transforme petit à petit en rancune qui va grossir à tel point qu’un jour il se vengera de l’affront qui lui est fait.
Et Dubiset dans l’histoire qui est-il ? un brave type qui cotoyant les africains de près et tous les jours est beaucoup moins imbu de lui-même et aussi moins méprisant envers eux, c’est le genre de type qui de par son caractère arrondit les angles, vous charme d’un sourire, toujours prêt à rendre service, plaisantant avec les secrétaires, ça change du reste, surement coureur sur les bords rien qu’à voir sa femme débouler à l’improviste toujours à l’affut de quelque chose qu’elle ne trouve pas, soit parce qu’il n’y a rien à trouver, soit parce que Alain cache bien son jeu.
Il connaît bien l’Afrique et c’est lui qui lui parle du pays dans lequel elle habite et qui lui dit-il se compose de plus de 80 ethnies réparties en 5 grands groupes dont deux sont les plus importants ; les Baoulés et les Bétés et il lui revient en mémoire une histoire qu’il aime à raconter ;
L’histoire de la Reine Pokou.
Née au début du XVIIIè siècle,Abla Pokou était la nièce du roi Osseï Tutu, confondateur de la confédération Ashanti du Ghana. En vertu de la loi matrilinéaire, c’est le fils de Abla Pokou qui succéda à son oncle à la mort de celui-ci. C’est alors qu’une guerre de succession éclata entre différents membres de la famille.Très vite Pokou compris le terrible sort qui l’attendait et décida de s’enfuir vers le nord-est avec familles, serviteurs, et soldats fidèles.
Après des jours de marche et complètement épuisés, ils arrivèrent devant un fleuve mugissant de la Comoé, une frontière naturelle entre le Ghana et la Côte d’Ivoire mais les pluies l’avaient fait gonfler à tel point qu’il était infranchissable et les poursuivants étaient tout proches. La reine consulte alors son devin lui demandant quoi faire, ce à quoi il répond qu’il faut donner au fleuve la chose la plus chère en offrande et ce n’est ni l’or ni l’argent ni les parures mais son fils.
Comprenant le message, la reine Pokou brandit son fils Kouakou au dessus de sa tête et le précipita dans les eaux du fleuve qui subitement se calmèrent. La reine Pokou murmura alors : « ba-ou-é »ce qui veut dire en Ashanti « l’enfant est mort »et ce qui donna à sa tribu le nom de « Baoulé »
Après de longues années d’un long règne dont la splendeur fut sans égal dans toute la contrée, la Reine Abla Pokou s’éteignit vers 1760, et sa célébrité n’a jamais été égalée par un autre monarque Ashanti du Ghana à sa terre d’exil de Côte d’Ivoire