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la pudeur, bonne ou mauvaise chose ?

 

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J’ai été élevée par une mère très austère qui considérait que « ces choses là sont sales et qu’on ne les fait qu’avec son mari et elle ajoutait : on fait son devoir ». Aucun mal à comprendre que, dans ces conditions, elle n’a pas dû jouir souvent, encore que…… je me souviens d’une confidence de mon père, arrivée comme un cheveu sur la soupe : elle peut dire ce qu’elle veut mais elle prenait bien son pied quand même.

La petite fille que j’étais ne comprenait rien à ce qui lui était dit mais comme ces phrases sont restées gravées en moi, c’est plus tard que je leur ai donné la signification qui leur convenait. 

En ce qui concerne ma mère, je ne suis pas loin de croire que mon père disait vrai car je la connaissais comme étant une fieffée hypocrite qui faisait ses coups dans « le secret du confessionnal »

En guise de formation sexuelle familiale, j’ai eu droit aussi à la détestation de mon corps ; » quand tu seras plus vieille, tu seras grosse comme ton père » accompagné de : « tes seins tomberont très vite » suivi de : tu sens mauvais des pieds »…..

Inuitle de préciser que dans de telles conditions d’élevage intensif, je suis arrivée à l’âge d’aimer bourrée de complexes et quand un homme me faisait un compliment sur une partie de mon corps pourtant déjà si mal en point, j’étais sure qu’il se moquait de moi, ce qui freinait immédiatement toute jouissance qui ne demandait qu’à montrer le bout de son clitoris.

J’ai été frigide durant 10 ans et je ne me demande pas vraiment pourquoi.

Bien sûre que ma mère voyait dans mes agissements le vice qui m’habitait et elle ne se gênait pas pour me le dire.

J’ai eu énormément de chance que tous les éléments épars de ma vie sexuelle et sentimentale se mettent en place petit à petit et je pense que cela est dû à une très grande sensualité qui m’habitait et qu’il fallait seulement canaliser.

Néanmoins, il m’est toujours resté le besoin d’intimité entre mes amants et moi, une chambre avec la porte fermée, un lit aux draps blancs et alors là, à l’abri des regards indiscrets, tout était permis à condition que les deux acteurs soient d’accord.

Il m’est souvent arrivé de voir dans la rue, des jeunes femmes habillées de telle façon qu’elles me faisaient penser  à un morceau de viande sur l’étal du boucher. Jupe mini découvrant des genoux cagneux et des mollets de coureur cycliste, une ceinture marquant bien une taille épaisse et « bourreletée », un maquillage de très mauvais goût et je pensais à ce moment là, aux hommes qui un peu malades dans leur tête et dans leur pantalon risquaient d’avoir envie de tripoter cet amas de viande qui leur était proposé.

La pudeur est une belle chose quand elle n’est pas dû à un traumatisme car elle permet alors de conserver ses trésors pour les offrir à celui qui saura les aimer

Yael

La valse des mots

 

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J’aime la langue française même si je reconnais que sa grammaire n’est pas toujours très facile,

J’aime jouer avec les mots, rappeler leur signification

j’aime aussi les mettre à l’honneur quand ils le méritent

Alors Messieurs les mots, que vous soyez drôles ou sérieux, qualités ou défauts, nécessaires mais jamais superflus, voici venu pour vous le temps de danser maintenant :

https://www.diariste.fr/…/tel…/195691,la-valse-des-mots.html

Il s’appelait Raymond

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Ma vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle est jalonnée de périodes heureuses mais jamais pour très longtemps, puis de déceptions accompagnées de larmes et parfois du désir d’en finir pour de bon.

 

Il me faudra cinquante ans pour comprendre que je ne trouverai jamais ce que je cherche, là où je le cherche et comme je devais être prête à accepter ce message,  j’ai mis au placard ma quête d’amour, mes désirs d’aimer et d’être aimée et c’est ainsi que j’ai, enfin trouvé la paix

 

Heureusement toutefois, j’ai toujours aimé écrire et j’ai consigné mes aventures telles que je les ai vécues.

 

En me relisant, je retrouve et mes chagrins d’antan et le chemin parcouru pour arriver à ce que je suis devenue, une vieille femme qui ne regrette rien mais je ne peux pas dire pour autant que si c’était à refaire, je referais pareil.

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Il s’appelait Raymond

 

 

L’histoire commence en 1969. J’habite à Asnières et face à mon immeuble, se trouve la crémerie-épicerie de Renée.

 

Au fil des mois, nous avons sympathisé car certaines choses nous rassemblent : nous sommes du même âge, nous tombons enceinte en même temps et bien sur nous accouchons à quelques jours d’intervalles.

 

Renée est une femme sans histoire, peu causante, n’ayant jamais eu le temps de beaucoup rêver car son petit commerce périclite du fait des supers marchés qui poussent un peu partout et absorbent la clientèle des petits commerçants, c’est une laborieuse qui vit sans se plaindre sa petite vie à répétition.

 

Raymond son mari, que je ne connais pas, est chauffeur dans une grande société gouvernementale et comme il a beaucoup de temps de libre et des mains en or, il a loué quelque part, un box qu’il a transformé en menuiserie et dans lequel il fabrique des petits meubles de cuisine et de salle à manger, pour lui , ses voisins et connaissances, ce qui lui permet d’arrondir les fins de mois. Lui  non plus ne parle pas beaucoup, ni à sa femme, ni à son entourage et il est habitué à vivre ainsi et ne s’en plaint pas.

 

Tout aurait pu continuer ainsi longtemps mais le destin, pas toujours très clément, va changer le cours de l’histoire.

 

 

 

Nous sommes en 1972, nos enfants ont grandi mais j’ai pris l’habitude d’aller assez souvent à la boutique pour donner un coup de main à Renée qui est débordée, et par sa petite fille, et par ce commerce qui l’occupe depuis 5 heures du matin, heure des livraisons, jusque tard dans la soirée pour ne pas louper une vente.

 

Et un jour lorsqu’elle m’accueille, son visage est décomposé. Nous sommes en décembre et comme chaque année à pareille époque, Renée à commandé des victuailles de fête, foie gras, champagne etc … qu’elle a entreposées dans sa cave. Ces achats, non encore payés, sont les seuls qui lui permettent, une fois par an, grâce à des marges bénéficiaires plus conséquentes, de renflouer un peu sa trésorerie. Or des voleurs se sont introduits de nuit dans les sous-sols et ont tout déménagé. Il ne reste plus rien. La perte est considérable car les marchandises devront être payées aux fournisseurs.

 

Et avec quel argent ?

 

La police a été prévenue et est venue faire son enquête mais celle-ci a été tellement bâclée que les policiers ne pensent même pas à chercher d’éventuelles empreintes et quand Raymond leur pose la question, l’un d’eux répond : « oh ! vous savez, des histoires comme la vôtre, nous en avons environ 7 ou 8 par jour alors !!!…..

 

Raymond, nous le savons déjà, n’est pas bavard, alors, selon sa bonne habitude, il va garder cette histoire pour lui et il va…… ruminer,….. ruminer pendant des jours, pendant des mois et il va naitre de cette situation, une colère rentrée qui va grossir…. Grossir…. et ne  demander qu’à éclater.

 

Quelques mois passent. Pour essayer d’oublier, il travaille dans son box jusqu’à des heures avancées et il remarque qu’à quelques dizaines de mètres de lui, un autre box est aussi occupé par des hommes, qui viennent et s’en vont, qui entreposent des réfrigérateurs, machines à laver puis viennent les rechercher et un jour, un des hommes vient lui emprunter un outil et  c’est ainsi qu’ils vont  faire connaissance.

 

Pourquoi Raymond n’a- t- il pas continué à se taire comme il le faisait depuis toujours ? Il faut croire que le fardeau était trop lourd à porter et il va un jour, se sentant en confiance, raconter le vol dont il a fait les frais.

 

Ses nouveaux voisins l’écoutent en silence et puis un jour eux aussi mis en confiance vont lui révéler leurs activités. Ce sont des hommes qui dévalisent, puis revendre les marchandises volées, non pas dans les caves mais dans les entrepôts et ils font, eux, dans l’électro-ménager.

 

 

Encore quelques mois durant lesquels il ne se passe rien et puis un jour, on propose à Raymond de participer à un braquage sans risque, après quoi il touchera sa part, une bonne part, qui renflouera pour un certain temps les caisses de l’épicerie désespérément vides.

 

L’isolement moral dans lequel il se trouve, le poids de la fatalité, une envie de se venger contre cette vie si injuste, envers lui et sa femme vont le faire emprunter un chemin qu’il ne connaît pas : celui de la malhonnêteté. Là non plus il ne va rien dire à sa femme, pour ne pas l’inquiéter ; de plus, dans son esprit, il s’agit d’une seule tentative de récupérer par tous les moyens une partie de ce qui lui a été volé et dont tout le monde se fout, y compris les hautes instances qui sont là pourtant pour défendre des gens comme lui.

 

Cette fois là, il ne s’agit pas de matériel électrique mais de braquer un employé des allocations familiales qui vient à date fixe apporter l’argent aux familles bénéficiaires. Tout a été prévu, le fils d’un des concierges à donné tous les renseignements, les repères ont été faits, il n’y a plus qu’à attendre la tournée de l’employé car dans une des familles,  les malfaiteurs sont entrés de force et la retiennent en otage attendant que l’homme sonne, puis entre. Après quoi, il suffira de l’estourbir, de lui prendre sa sacoche et de filer. Raymond lui, est le chauffeur et il attend dehors, le moteur allumé.

 

Le braquage va bien se passer à un détail près : dans l’affolement un des voleurs, armé alors qu’il avait été expressément dit que personne ne porterait d’arme, va tirer un coup au plafond car l’employé des allocations se débat plus qu’ils ne l’avaient imaginé. Le bruit va attirer l’attention et même si les braqueurs on pu s’enfuir, ils ont laisser trop de traces qui vont permettre à la police d’attraper toute la bande.

 

Un soir elle se pointe chez Renée et sous ses yeux, on embarque son mari sans lui fournir la moindre explication.

 

Renée va garder cela pour elle aussi longtemps qu’elle le pourra mais un jour, elle est forcée de me mettre au courant, non seulement parce que pour elle aussi le poids du silence est trop lourd mais en plus, elle a encore plus besoin de moi pour garder le magasin puisqu’elle va se rendre deux fois par semaine à la Santé où son mari est incarcéré .

 

Pendant un certain temps il ne se passe rien mais Renée me raconte ses visites au parloir et c’est ainsi que je vais apprendre qui est cet homme, leur rencontre, leur mariage, je verrai même des photos sur lesquelles apparaît un bel homme.

Au fur et à mesure qu’elle me parle, je les découvre tous les deux, j’imagine la vie qu’ils ont eu jusqu’à ce jour tragique ou tout a basculé et je me rends compte de la tristesse de celle-ci, des gens qui ne se sont jamais posé de questions, qui n’ont eu ni joie ni peine, qui ont laissé les événements les conduire. Seule leur fille est un rayon de soleil dans cette vie terne.

 

Alors il me vient l’idée de correspondre avec Raymond pour apporter dans sa cellule un petit peu du soleil qu’il n’a jamais vu. Renée accepte et c’est ainsi que va commencer une correspondance qui va durer plus de 3 ans.

 

Au début, les échanges sont peu nombreux et les lettres courtes et insignifiantes mais petit à petit, Raymond va commencer à « parler » à « se raconter » à se rendre compte qu’il a fait lui aussi des rêves lorsqu’il était plus jeune, qu’il avait des désirs jamais assouvis et  qu’il va commencer à vivre.

 

Bien entendu, je montre les lettres que j’envoie et que je reçois et à mon mari et à Renée et personne ne voit rien à redire, à tel point que cela n’intéressant ni l’un ni l’autre,  je finis par cesser de parler de ma correspondance et lorsque  nous approchons de Juin 1973, date à laquelle je partirai rejoindre mon mari en Côte d’Ivoire, j’obtiens du juge trois permis de visite.

 

 

…………..Cette vitre qui nous sépare nous ne la voyions même pas, se sont nos yeux qui communiquent et les mots d’amour que nous ne prononçons pas, éclatent dans nos cœurs tels un feu d’artifice.

 

Maintenant je connais bien Raymond, je le devine, je sais tout ce qu’il ressent et j’ai alors une folle envie de le faire rêver, de s’évader en rêve de ses quatre murs. Sans bien me rendre compte de ce que je fais ni où cela va nous conduire, je l’entraine dans mon monde d’imagination où tout n’est que beauté et amour.

 

 

 

Voici le premier poême en prose que je lui ai envoyé et que j’ai pu sauver de la catastrophe puisque ma mère un jour, découvrant ma correspondance, la détruira en me traitant une fois de plus de « vicieuse »

 

Le prisonnier. 

 

Tous ces gens que je vois marcher autour de moi lorsque je vous quitte, c’est avec vos yeux que je voudrais les voir.

Ces enfants qui jouent et crient, je voudrais que ce soit les nôtres.

Cette musique venue de nulle part, c’est ensemble que je voudrais que nous l’écoutions et si je suis triste en vous quittant, c’est parce que je n’ai pas pu vous apporter tout cela en venant.

 

Mon tendre amour, les murs de votre cellule, je les ai recouverts de papier peint à fleurs bleues. J’ai aussi accroché ça et là, quelques tableaux, ceux que je préfère. A  la fenêtre, vous pouvez voir une mousseline qui frémit au moindre souffle de vent et le soir, lorsque vous tirez les doubles rideaux, ceux-ci sont de velours rouge foncé et ils nous protègent de tous les regards indiscrets.

 

 

……………….Ce qui va nous aider à sublimer notre correspondance c’est que jusqu’au bout nous garderons le « vous » pour nous parler, un mot qui élève ceux qui l’utilisent, un mot qui évite tout dérapage épistolaire, un mot qui embellit les phrases, quatre petites lettres qui font toute la différence.

 

Lorsque je me suis rendu compte de la tournure que prenaient nos lettres, j’en ai parlé à Renée, par honnêteté, et je pense que si elle avait réagi à ce moment là, tout se serait arrêté mais la seule chose qu’elle m’a dite en guise de réponse c’est : « c’est une femme comme vous que mon mari aurait du épouser » J’ai pris cela pour une acceptation de sa part et à partir de ce moment plus personne ni plus rien n’avait d’importance.

 

Lors de mes visites, Raymond est de plus en plus inquiet. Il apprend par sa femme qu’elle veut vendre la boutique pour récupérer le « pas de porte » qui lui permettra de vivre un peu mieux et de voir venir mais Raymond sait qu’elle est non seulement ignorante des lois et démarches à faire pour ne pas se faire rouler mais qu’en plus elle est très têtue et que quand elle a quelque chose dans la tête,  il est très difficile, voire impossible, de l’en dissuader.

 

Je voudrais l’aider de toutes mes forces car il faut surtout qu’il garde courage, il va lui en falloir pour affronter tous ces mois de préventive avec au bout, un procès qui est loin d’être gagné d’avance alors, avec les moyens mis à ma disposition, c’est à dire rien, si ce n’est que mon désir de l’apaiser je continue à lui écrire et à le faire rêver :

 

Consolation

 

………….je voudrais être pour vous la maman qui berce son petit garçon lorsque celui ci a du chagrin et que deux grosses larmes coulent le long de ses joues.

Je voudrais être l’amie chez qui on vient bavarder en toute quiétude.

Je voudrais être le copain sur qui on peut toujours compter.

Je voudrais être l’épouse fidèle et attentionnée et aussi l’amante passionnée.

 

Viens mon petit enfant, près de moi tu trouveras la paix.

Viens mon doux ami te détendre en ma compagnie.

Viens solide camarade et offre-moi ton franc sourire.

Viens mon compagnon et protège moi contre la vie, ta maison t’attend chaude et calme.

Viens mon merveilleux amant, conduis-moi dans ce paradis que nous avons constuit tous les deux, pour nous deux, rien que pour nous deux.

 

 

………………… Quelques mois ont passé. Le 7 mars 1972 je suis partie pour Abidjan rejoindre mon mari avec mes deux enfants. A peine débarquée, j’apprendrai que mon époux à une maitresse et sans plus d’explication sur notre avenir immédiat je me retrouverai seule pour affronter ma nouvelle vie pleine de points d’interrogation.

 

Je pense que ce sont les lettres que j’ai pu écrire à Raymond ainsi que ses réponses qui m’ont permis de ne pas sombrer complètement dans la folie, et durant les premières semaines de mon séjour en Afrique je serai une automate pour tout ce qui concerne les actes les plus simples de la journée ne reprenant vie que lorsque je suis devant mon écritoire et que je n’existe plus que pour une seule raison :LUI.

 

La séparation :

 

Ma vie, mon chéri, n’a de valeur que si elle est vécue pour quelque chose ou pour quelqu’un et je vous la donne si vous en voulez, mais si vous souhaitez que je me raconte, il faut alors que vous m’aidiez parce que là, revient toute ma timidité.

 

Je peux répondre à tous vos élans si vous savez entretenir la flamme qui brûle en moi, si vous savez cultiver ce jardin dont nous avons parlé, et comme dans tout cela j’ai aussi un rôle à jouer, je veux être tour à tour, celle qui attend, celle qui espère, et celle qui propose.

 

Mais là,  les mots n’ont plus de sens, ou peut-être est-ce ma poêsie qui s’arrête, nous entrons dans un domaine où tout est mystérieux et où le moindre geste peut-être fatal ou merveilleux.

 

Et ce geste, je voudrais que vous le fassiez avec la clé que je vous ai donnée et qui ouvre toutes les portes.

 

Raymond cher à mon cœur, je pense à toi sans cesse                                                                                                                      

A cette séparation qui tous les deux nous blesse

Y-a-t-il quelque part un coin de ciel bleu ?

Mon cœur me dit qu’un jour nous y serons heureux,

Où qu’il se trouve cet endroit de délices,

Nous saurons le trouver, déjà mon cœur s’y glisse,

Dans tes bras je suis bien, viens et ne sois plus triste.

 

 

 

Renée à bien sur très mal vendu son magasin, et à cause d’un vice de forme elle ne touchera qu’une infime partie de ce qui lui revenait ; Raymond, de sa cellule assiste impuissant à cette situation dont il prend une part de responsabilité car s’il avait été dehors….. rien de tout cela ne serait arrivé.

 

Avant mon départ pour l’Afrique, j’avais rendu visite à son avocat. Cet homme s’était révélé  plein de compassion pour moi, essayant de me prévenir que je m’engageais sur un chemin de non-retour puisque, une fois libéré, Raymond retournerait vers son épouse et sa fille. Il avait aussi pris connaissance des lettres que je lui écrivais et de leur contenu et avant que je le quitte, il m’avait demandé de lui écrire tout ce que je pensais de Raymond, avec mes mots à moi, lettre dont il se servirait au procès pour convaincre les jurés que cet homme qu’ils avaient à juger, était plus victime d’un moment d’égarement que coupable. J’ai appris après le procès que ma lettre avait fait partie de son plaidoyer.

 

Je recevrai des missives merveilleuses de Raymond, décorées de dessins faits au pastel , dont les coins on été découpés à la lame de rasoir et colorés tels de l’origamie, et je vais, tout le temps que je le pourrai, continuer de le faire rêver.

 

ATTENTE :

 

Depuis des heures et des heures je vous attends dans notre châlet et je m’inquiète de votre retard.

 

Ce matin, lorsque j’ai senti le vent se lever, lorsque j’ai vu la neige tourbillonner, j’ai su que le chemin serait rude pour vous. Alors je suis descendue dans la vallée, du plus loin que j’ai pu je vous ai cherché  puis j’ai regagné notre maison en parsemant le chemin de roses rouges.

 

La lune est à son plein,elle éclaire cette surface blanche maintenant calmée.

 

Dans la maison j’ai tout allumé,

Elle est un phare guidant un naufragé,

Vous êtes un bon navigateur,

Cette pensée me réchauffe le cœur.

Et tout à l’heure quand vous allez rentrer,

Dans vos deux bras je vais me précitiper

Je vous enlèverai votre manteau trempé,

Et puis j’essuyerai vos cheveux tout mouillés

De mes mains je réchaufferai votre visage froid

Et mes yeux vous diront quel était mon émoi.

Alors vous me prendrez doucement contre vous,

Et ensemble nous ferons les rêves les plus fous

 

Maintenant mon chéri, vous êtes fatigué,

Je vais donc vous laisser aller vous reposer

Je voudrais seulement avant de vous quitter

Vous entendre une seule fois me dire que vous m’aimez.

 

 

 

 

…………….Raymond est sorti de prison, il a écopé de 4 ans d’emprisonnement mais son temps de préventive plus les remises de peine pour bonne conduite et études faites en prison, avec obtention d’un diplôme, lui ont valu de sortir assez vite après son procès.

 

Dès sa libération, et conseillé par une assistante sociale, il suit des cours pour sa reconversion professionnelle et est en internat toute la semaine, ne rentrant auprès de son épouse et de sa fille que pour les week-end.

 

Il nous reste peu de temps pour nous écrire nous le savons tous les deux car lorsqu’il sera définitivement chez lui, plus rien ne sera possible.

 

REVERIE

 

Je me suis vue dans bien des années devant le piano que vous  m’aviez offert, jouant pour vous, rien que pour vous, tout ce que nous aimions.

 

La maison est grande, claire et propre.

 

Depuis longtemps déjà nous sommes ensemble et chaque matin nous lisons dans les yeux l’un de l’autre, le même élan de tendresse qui nous fait vivre intensément..

 

C’est que nous avons tout partagé, les durs moments et les meilleurs. Rappelez-vous nos débuts, ces premières années si difficiles. Jamais vous n’avez douté et moi j’étais fière d’être auprès de vous. Je vous ai vu travailler sans ménager votre peine et dans ces moments là, j’aurais voulu être un homme pour pouvoir vous aider.

 

Mais quand arrivait le soir, harassée de fatigue, j’étais heureuse d’être femme car malgré tous vos soucis,  vous trouviez encore le moyen de vous occuper de moi, de me faire rire, de m’émouvoir et dans notre maison aussi pauvre fut-elle, c’était le bonheur qui scintillait partout.

 

Ce vieux meuble bancal qui était dans un coin, nos yeux le transformaient en un bahut rustique fleurant bon la cire et notre vieux réchaud devenait cheminée ; là où le sol s’effritait, nous mettions un tapis. Notre vaisselle ne valait guère mieux mais là aussi nous avons fait des prouesses ; l’assiette ébréchée devenait porcelaine de Saxe et le verre à moutarde, flûte de cristal.

 

Bien souvent, nous avons bu le champagne du puits, chaque jour plus frais et plus limpide, puis nous nous inventions des rêves, mêlant tous deux notre imagination.

 

La nuit tombait alors sur notre beau château et chaque soir, je vous ai retrouvé plus prévenant et plus tendre, cherchant par tous les moyens à me faire plaisir.

 

Vous m’avez offert un bonheur merveilleux et je n’ai jamais regretté d’être de vos côtés.

 

-Voilà mon doux cœur où mes rêves m’ont conduites

-Auriez-vous aimé cette vie que je vous ai décrite ?

 

 

 

 

Moi je suis en plein marasme. Séparée de mon mari, je vis avec un compagnon africain qui est entrain de devenir fou. Au travail c’est le drame et c’est dans ces conditions que je vais perdre la seule chose qui me tenait la tête hors de l’eau.

 

Jusqu’au bout je lui écrirai, jusqu’au bout j’essayerai de lui insuffler le courage de continuer. Moi, lorsque j’aurai besoin de lui, il n’y aura plus personne car il sera repris par la vie de tous les jours ainsi que par cette nouvelle vie qui commence pour lui…. sans moi.

 

……..La nuit tombe tout doucement, nous sommes sur la terrasse, le repas terminé, nous écoutons le silence. La mer remonte, nous le savons sans la voir puisque son cœur vient, d’un rythme régulier, frapper le flanc des rochers.

Les feuilles des arbres s’agitent au moindre souffle du vent.

 

Alors sans rien dire vous vous levez, vous me tendez la main et je la prends car je sais qu’elle m’invite à une longue promenade à vos côtés. Nous descendons les quelques marches, puis nous nous enfonçons dans le sous-bois. Nous marchons ainsi perdus dans nos pensées, les feuilles craquant sous nos pas car c’est déjà l’automne et ce bruit nous rappelle que nous existons. Qu’il est bon de marcher ainsi main dans la main comme nous le faisons depuis des années !. Je sens mon cœur battre un peu plus vite et la pression de votre main se resserre.

Devant nous, une petite clairière nous invite et c’est sur un tapis de mousse que nous nous reposons.

 

Vos mains sont douces comme des pétales de roses et vos baisers brulants comme le sirocco et lorsqu’un long frisson tout à coup me parcourt, vous savez alors très bien que ce n’est pas le froid mais seulement le désir d’être tout à vous.

 

23/05/1973 écrit que je viens de retrouver et que j’avais oublié

 

A la source de vos lèvres je viendrai les chercher

Ces 1000 baisers  brulants et j’en redemanderai

Et comme la source est intarissable

Votre  cœur en produisant beaucoup,

J’en aurai pour un temps indéfinissable

Il suffira de les demander, c’est tout !

Et comment les demande-t-on à un homme tel que vous ?

Faut-il faire une prière, ou bien devenir fou ?

Ou encore se blottir contre votre poitrine

Ne dites rien cher cœur, ne dites rien je devine.

Dans un petit sachet que vous m’avez donné

Il y a mille baisers qui sont ma récompense

Dites-moi mon chéri si vous avez trouvé

Le temps qu’il me faudra pour en faire la dépense. ?

 

 

Dans les derniers jours de notre correspondance.

 

Si ma lettre ne vous plait pas

C’est que je suis triste à mourir

J’aurai voulu rêver

Mais le rêve n’a pas voulu venir

J’ai l’impression  d’être abandonnée

Et de vous avoir perdu à jamais

Mais que deviendrai-je si cela arrivait

Ce vide qui m’entoure est comme un gros nuage

Et j’avance titubante en cherchant mon chemin

Chaque pas que je fais me coute davantage

Je me demande quand vous me tendrez la main

 

Mon cœur est un ténor et ne chante que pour vous

Avant il était mort, il vit depuis le jour

Ou vous m’avez écrit combien vous m’aimez

Alors oui vous pouvez changer tous les mots

Je suis sure que votre âme en connaît de très beaux

Vous pouvez à loisir faire les rectifications

Que ce soit avec ou sans ma permission.

 

 

Lorsque ma mère détruira une grande partie de mes écrits, elle me privera de beaucoup de mes souvenirs et c’est pour cela que ceux qui restent, j’ai eu beaucoup de plaisir à les retranscrire ici, car c’était un moyen de les faire revivre même si ce n’est que pour un court  instant.

 

                                       F I N

UN SOIR, JE ME SOUVIENS

 

 

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Je suis dans ma petite chambre, je n’ai parlé à personne depuis deux jours, je suis triste, je pleure.
En bas dans ma rue, il y a un cinéma et déjà beaucoup de gens font la queue pour prendre leur billet. Ils sont venus en couple, entre amis, ils parlent et rient.
Leur bonheur me fait mal, si mal, faisant ressortir ma solitude que je ne supporte plus.
Alors, sans que je comprenne bien pourquoi, un dialogue s’instaure entre moi et……

- Pourquoi suis-je si seule ?
- Parce que c’est ton destin
- Et à quoi cela me sert de tant souffrir ?
- A réfléchir
- Mais s’il en est ainsi pourquoi suis-je faite comme les autres avec un cœur qui bat, qui aime et qui pleure ?
- Parce que si tu ne savais pas ce que c’est qu’aimer et souffrir, tu ne pourrais pas comprendre les autres et les aider.
- Je ne vois pas comment je pourrais aider les autres en étant si malheureuse ?
- Pour l’instant tu apprends à accepter ton destin et quand cela sera fait, tu pourras alors regarder les autres, sonder leur âme et trouver les bonnes paroles à prononcer pour les aider.
- Et tout cela va prendre combien de temps ?
- Cela dépend de toi, uniquement de toi.

Le dialogue s’est arrêté là, la voix est partie et je suis restée seule avec ma souffrance refusant ce que je venais d’entendre.

Très longtemps, j’ai oublié cette conversation, reprise par la vie de tous les jours, j’ai de nouveau aimé, j’ai de nouveau pleuré et c’est dans ces moments là qu’elle remontait dans mes souvenirs comme pour se rappeler à moi.

Les années ont passé, un jour, j’avais 50 ans, j’ai compris que pour me protéger, puisque là était ma faiblesse, je devais cesser de chercher après quelque chose ou quelqu’un que je ne trouverais jamais. J’ai cessé de sortir, je me suis mise à vivre avec ma solitude qui ,au fil des semaines, devenait une amie.

Débarrassée d’un problème qui me retenait prisonnière, je me suis mise à respirer, j’ai commencé à voir réellement tout ce qui m’entourait, à comprendre que maintenant que j’étais libre, j’allais enfin pouvoir commencer à vivre selon le destin qui était prévu pour moi.

Trente quatre ans ont passé depuis, et je comprends maintenant que ce qui m’avait été dit un jour de novembre 1981 s’était enfin réalisé et que le temps pour parvenir à ce changement n’a pas une grande importance, l’essentiel étant d’y arriver un jour.

Yaël

Destins croisés

 

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Quand on vit dans ce coin d’Afrique, il faut avoir le coeur sacrément bien accroché pour supporter cette fringale qui vous taraude du matin jusqu’au soir et du courage, « petit Rrené » en avait à revendre car cela faisait des années qu’il ne mangeait pas à sa faim et pourtant, il était toujours debout.

Ce matin, il s’était levé de bonne humeur et après s’être frotté les yeux pour y voir plus clair, décrotté le nez pour mieux respirer et gratté le derrière qui le démangeait encore plus que d’habitude, il avait décidé que ce jour là ne serait pas comme les autres.

Sans but précis, il déambulait dans les ruelles étroites se dirigeant vers la place du marché dont les poubelles, il le savait, regorgeraient de nourriture qui ferait son dimanche même si on n’était que mardi.

Lorgnant le soleil déjà très haut dans le ciel, il décida qu’il devait être au moins midi, heure propice aux recherches et aux trouvailles.

Tout en se rendant vers ce lieu de délices, il passait en revue sa petite vie qui avait assez mal commencé, avait continué sous les mêmes auspices en se jurant qu’un jour, tout cela changerait à son avantage.

Il se souvenait de l’arrivée des blancs qui, sous le prétexte de mettre de l‘ordre  là  où il n’y en avait pas,  avaient foutu un bazar pas possible.

Dans un premier temps, ils avaient voulu relever l’identité de chacun afin de donner une carte d’identité à tous mais comme ils posaient des questions dans une langue que personne ne comprenait mais que par ailleurs on savait  qu’il ne fallait pas décevoir les « grandes oreilles » sous aucun prétexte, on faisait de son mieux, sans trop se mouiller, pour répondre quelque chose.

Quand était arrivé son tour, il se trouvait devant un blanc assez ventru, une moustache imposante qu’il semblait mâchouiller et des yeux globuleux qui avaient l’air de vouloir tomber sur la table de bois, il avait demandé :

-Et toi, comment tu t’appelles ?

-Voui Missié

- ton nom ?

-Voui Missié

Ayant compris qu’il ne tirerait rien de ce petit abruti, il avait décidé qu’il s’appelait « René » et comme il roulait les « R » il en fallait au moins deux pour respecter la consonance de cette nouvelle identité .

René s’était donc de ce jour là appelé « Rrené » et il aimait bien ça.

Ensuite, d’autres questions avaient fusé du genre :

-Quel âge as-tu Rrené ?

-Voui Missié

-ouvre la bouche !

L’homme avait regardé ce qui se trouvait à  l’intérieur, il avait compté le nombre de dents puis avait consulté un carnet sur lequel étaient notées toutes les réponses à ses questions et content de lui, il avait décrété que « Rrené avait 8 ans.

Pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé, il avait mesuré le gamin mais là, il avait eu un petit problème car la taille ne correspondait pas du tout à l’âge qu’il lui  avait donné ;  en effet, en fonction du nombre de centimètres trouvés, (toujours d’après le carnet) Rrené n’avait pas plus de 6 ans.

Usant alors d’une logique implacable et après s’être gratté l’oreille, le blanc avait écrit sur la carte d’identité : 7 ans.

Fier de lui (on le serait à moins) il avait roté discrètement, caressé sa moustache et avait demandé à « Petit Rrené » de signer.

Pour ce faire, il lui avait trempé l’index dans l’encrier, l’avait légèrement essuyé  et il l’avait posé  sur la carte  le faisant rouler de droite à gauche,  dessinant de ce fait de belles circonvolutions violettes.

Petit Rrené, pour ne pas se salir davantage, avait sucé son doigt mais le goût qu’il en avait tiré ne lui avait pas vraiment plu.

Derrière lui, se tenait dans la file indienne, un copain qu’il connaissait bien et avec qui il jouait assez souvent mais il se demandait quel âge « grande oreille » lui donnerait car il avait au moins une tête de plus que lui alors qu’ils étaient nés la même année.

Ce que les blancs ne savaient pas, c’est qu’en fonction de l’ethnie à laquelle on appartenait, on était grand ou petit, l’âge ne faisant rien à l’affaire.

 

Un peu plus tard, on avait offert à tous ces galopins le droit d’aller apprendre à lire et à écrire le français, à compter sans oublier quelques leçons d’histoire dont une qui commençait par ces mots :« nos ancêtres les gaulois »

Le gamin avait donc entendu parler, des trois groupes de verbe, des hiboux qui prennent un « x » au pluriel  et aussi que 3 fois 3  font 9, l’apothéose étant qu’il était même possible  de savoir exactement où se croiseraient deux trains partis de deux endroits et vitesses différents, lorsqu’ils se rencontrent et aussi, encore plus fort, le problème des robinets qui fuient en  étant capable de déterminer la quantité d’eau perdue à la goutte près (et D-ieu sait si, en Afrique, la moindre goutte d’eau est sacrée).

Les années avaient passé, des bons points avaient été distribués aux meilleurs et des coups de règle sur les doigts  pour les autres.

Petit Rrené avait eu droit très souvent  à ce supplice qu’il n’aimait pas du tout et un jour, allez savoir pourquoi ? (un réflexe probablement) il avait retiré ses doigts juste au moment où la baguette allait s’abattre sur cette main martyrisée ;  la badine avait alors continué sa course et était arrivée à toute allure entre les jambes de l’instituteur le frappant violement là où ça fait si mal.

Est-ce pour cela qu’il avait été exclu à vie de l’école du  savoir ?  on ne le lui avait pas dit mais tout idiot qu’il était, il avait quand même fait le rapprochement entre ceci et cela.

Il n’avait plus de père et mère  depuis fort longtemps mais par contre, oncles tantes et cousins foisonnaient dans sa petite vie, lui assurant le gîte et le couvert et lui apprenant les rudiments de ce que serait sa vie plus tard.

Il aimait bien le sorcier du village qui, assis  sous un grand arbre, racontait de belles histoires dont il fallait trouver  tout seul le message car le vieil homme ne livrait aucun de ses secrets. Il profitait aussi de toutes ces années qui défilaient devant lui, pour observer les gamins groupés autour de lui car il savait qu’il lui faudrait, un jour, trouver son successeur, celui à qui il devrait transmettre toutes ses connaissances médicales et  autres.

La vie au village était immuable, rythmée par les différentes saisons des pluies, au nombre de quatre : la saison des petites pluies, celle des grandes grandes pluies puis ensuite, les petites grandes pluies pour finir par les grandes petites pluies, chacune déterminant  les actions à entreprendre, labourage, semence, moisson, récolte.

 Pendant les périodes creuses, on fiançait, mariait, divorçait. En ce qui concerne les funérailles, on ne leur fixait aucune date précise, les laissant venir à leur guise, le plus tard possible. C’était alors l’occasion de se vêtir de boubous flamboyants, de beaucoup pleurer, de palabrer, honorant comme il se doit celui ou celle qui venait de disparaitre et comme il fallait bien se remonter le moral comme on pouvait, on buvait aussi plus que de raison, Whisky, Ricard, Gin, et toutes les boissons apportées par les blancs venus en voyeurs visiter les villages de ceux dont ils rigolaient bien une fois partis. A tout cela s’ajoutait de l’alcool de riz fait maison et de la bière bien chaude et inutile de préciser que quelques heures plus tard, tout le monde était pompette, façon comme une autre d’oublier la peine ressentie par le départ de ceux qui ne reviendraient jamais.

Les enfants n’avaient, en principe, pas le droit de boire de l’alcool mais très vite, ils avaient compris qu’en attendant un peu, la surveillance exercée sur eux s’édulcorerait jusqu’à disparaître complètement, après quoi, les gamins se servaient copieusement de tous ces délices qui  étaient interdits.

Et puis un jour, petit Rrené en avait eu marre de cette vie bien rangée et il avait quitté le village sans rien dire à personne et était parti pour « la grande aventure », ce qui l’avait conduit à la ville la plus proche où il ne connaissait personne et c’est là que sa galère avait commencé car le village, c’est peut-être lassant mais on est assuré du gîte et du couvert alors que dans cette cité démesurée, ou personne ne connait personne, c’est chacun pour soi.

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Il venait tout juste d’arriver au marché grouillant de monde et la faim le tenaillant plus que de coutume, il se dirigea droit vers la poubelle centrale (la mieux approvisionnée).

Dégageant délicatement les arêtes et têtes de poissons, puis les intestins de plusieurs poulets occis pour la vente du jour, il découvrit, encore enveloppé dans un sac de plastic, un demi sandwich dégoulinant de ketchup (ses préférés).

Il allait refermer le couvercle de ce super marché ambulant quand il aperçut un truc bizarre, une  de ces choses qu’il n’avait jamais vue.

 Se méfiant un peu au début, il sorti de sa cachette une pochette assez grande, avec fermeture éclair. Il décida alors d’aller se cacher pour ouvrir la boite à malice afin que personne ne lui vole son trésor.

 

Bien installé dans le terrain vague, entouré de broussailles, de pierres et de bouses de vaches, il avait posé sur ses genoux son merveilleux trésor qu’il n’osait pas ouvrir. En effet, tout le temps qu’il ne savait pas ce qu’il contenait, il pouvait rêver aux choses les plus folles mais une fois que la zip aurait fait son ouvrage, que trouverait-il ?

Rien !  ça,   ce n’était pas possible car il sentait bien, au toucher, que cette valisette contenait quelque chose, mais cela vaudrait-il le coup, s’il était pris sur le fait, d’être accusé de l’avoir volée alors qu’il l’avait seulement trouvée ?

De toutes façons, les grandes oreilles ne croyaient jamais ce qu’un noir leur racontait, sauf si c’était déjà marqué dans leur carnet magique, et encore !!!

Et comme par ailleurs ses mains n’écoutaient jamais ce que son esprit lui conseillait, il vit qu’il avait ouvert le sac à malice qui baillait aux corneilles.

En premier lieu, il trouva une sorte d’écharpe qui sentait très bon, les blancs se parfumaient toujours beaucoup et c’était tant mieux car au réveil, ils devaient avoir une odeur fade, un peu écoeurante.

Venait ensuite, un joli stylo tout en métal attaché à  un carnet de cuir et ciselé d’arabesques en argent et comme Rrené avait retenu quelques leçons de lecture apprises voici bien longtemps déjà, il se promit de lire cela à tête reposée.

Au fond du sac, un gros portefeuille bourré de cachettes qui contenaient toutes quelque chose : dans l’une des photos, dans une autre des papiers divers, ailleurs encore, des billets et dans la dernière fermée par un bouton pression, des pièces comme il n’en avait jamais vues ; de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les montants mais même si le gamin ne savait vraiment compter que jusqu’à 10 là, il en était sûr, il y avait une somme considérable.

Sur les billets, figuraient en toutes lettres la mention : « francs CFA » suivie de différents chiffres : 10-20-50-100 ce qui lui rappelait vaguement que 20 était plus grand que 10 et que cent dépassait tous les autres d’une bonne tête.

S’il avait pu, il serait bien retourné au village pour demander au sorcier,  et le montant de sa fortune, et ce qu’il pouvait s’acheter avec tout cela mais le vieux, malgré sa sagesse légendaire, était bien capable de le saouler de mots débités à vive allure, rendant incompréhensible ce qu’il disait pendant qu’il lui subtiliserait l’argent et le portefeuille ne lui laissant même pas les photos.

Le mieux était donc de se fier à son intelligence ou a défaut, à son instinct et décider tout seul de ce qu’il convenait de faire, étant bien entendu qu’il était exclus de rendre quoi que ce soit à qui que ce soit.

Mais c’est alors qu’un autre problème surgit et pour lequel il devait trouver la solution au plus vite : s’il se présentait chez un commerçant et qu’il paie avec une infime partie de son trésor, celui-ci se demanderait où il avait eu cet argent, lui poserait des tas de question auxquelles il serait bien incapable de répondre et comme les blancs, il penserait que cette fortune était volée et par conséquent qu’il pouvait se l’approprier à son tour, ceci afin de débarrasser la société d’une petit voleur de bas étage.

Une seule solution s’imposait alors : faire la manche près de l’épicerie et si par chance, il récoltait quelques pièces, au vu de tous, il pourrait alors acheter de quoi se sustenter sans attirer l’attention pour autant, après quoi, on verrait bien.

Ce qui fut pensé fut fait et c’est ainsi qu’il put échanger les quelques pièces reçues en aumône contre un gros sandwich au poulet et un coca bien chaud mais qui pétillait encore.

La journée était maintenant bien avancée et la question était de savoir où aller dormir.

D’habitude il ne se posait pas la question mais comme il avait un trésor à protéger et éventuellement à défendre, il ne pouvait pas se permettre d’aller n’importe où. Après avoir passé en revue tous les endroits qu’il connaissait, il n’en restait qu’un qui avait sa préférence bien qu’il n’y soit jamais allé : l’église.

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D-ieu, il en avait entendu parler mais on lui avait raconté tellement de choses contradictoires qu’il avait bien essayé de démêler le faux du vrai mais n’y étant pas arrivé, il avait décidé, comme pour tout ce qu’il ne comprenait pas, de ne plus s’en occuper mais là, il lui fallait quand même savoir où il allait mettre les pieds (et son trésor).

En Afrique, les églises de villages  ne ressemblent pas du tout au sacré cœur de Montmartre, ce sont bien souvent des baraques en bois qui se fissurent de partout, des bancs et non des chaises, des bénitiers qui fuient de partout et des petites boites dans lesquelles on entre pour raconter sa vie (sans rien oublier) après quoi, le curé donne une punition pour tous les péchés commis et quand on sort de l’édifice, on peut  recommencer jusqu’à la prochaine confession.

Donc petit Rrené en avait conclu qu’on pouvait faire n’importe quoi tout le temps qu’on le racontait ensuite.

Le curé était un vieux bonhomme un peu vouté, myope depuis des lustres et qui  marchait en dodelinant  de la tête. L’enfant ne le connaissait pas vraiment mais il l’avait vu souvent parler aux adultes, caresser la tête des enfants, et surtout faire un signe cabalistique qui semblait vouloir dire : allez va ! je t’ai pardonné.

Il n’était pas installé depuis longtemps sur un des bancs du fond que le vieil homme s’approcha de lui :

-bonsoir petit, comment vas-tu ?

- ça va monsieur

-on ne dit pas monsieur mais « mon père »

-mais vous n’êtes pas mon papa

- non mais c’est quand même comme ça qu’on dit. Que veux-tu ? tu as des problèmes ?

-non, enfin si, au fond je ne sais pas c’est vous qui allez me le dire

-je t’écoute :

- voila ! je ne sais pas ou dormir

- et où dors-tu d’habitude ?

- ben ça dépend

- ça dépend de quoi ?

- de plein de trucs

Et tout à coup, il ne comprit pas pourquoi mais il sentit un irrépressible besoin de parler à ce grand père et de lui raconter son secret, alors, il parla.

Il avait tout raconté d’un trait. Il ne savait pas s’il avait été bien clair mais il se sentait mieux tout à coup comme si son secret qui, au départ pesait une tonne, avait diminué de moitié. Il n’osait pas regarder le vieillard qui, pour l’instant ne disait rien.

-Ecoute petit, quand on trouve quelque chose d’aussi important que le sont des papiers, des photos et de l’argent, on doit tout faire pour retrouver le propriétaire

- ah ben ça non alors, je l’ai trouvé dans une poubelle et ce n’est pas moi qui l’y ai mis

- Mais D-ieu lui, a tout vu et c’est lui qui te demande de restituer tous ces documents à son propriétaire,

- D-ieu n’a rien vu du tout, vu qu’ il n’était pas auprès des poubelles à ce moment là

- Il y était, mais tu ne l’a pas vu

- comment vous le savez ?

- Parce que D-ieu est partout !

- donc en ce moment il est auprès de nous ?

- oui !

- alors qu’il le dise qu’il a tout vu !

- D-ieu ne nous parle pas à nous, il parle à notre conscience

- c’est qui celle-la ?

- une petite voix qui parfois te dit ce que tu dois faire et que tu n’écoutes pas toujours.

c’ est vrai que souvent, il entendait quelque chose lui parler et lui donner des conseils mais comme en général il n’aimait pas ce qu’il entendait, il faisait comme si il n’avait rien entendu.

-Ecoute, reprit le curé, tu vas d’abord aller te reposer et demain, quand tu te réveilleras, nous reparlerons de tout cela et essayerons de trouver la meilleure solution pour toi et pour ces gens qui doivent chercher leur bien tout en désespérant de le retrouver.

A vrai dire, il tombait de sommeil car des émotions pareilles, ça fatigue vraiment et il ne mit pas plus de cinq minutes pour s’endormir, son trésor bien caché sous sa chemise, retenu prisonnier par ses deux bras qui ne le lâchaient pas d’une semelle.

 

Tôt le lendemain matin, il se réveilla en pleine forme car il avait dormi comme un loir et son trésor était toujours là, c’est alors qu’il sentit l’odeur d’un bon café que le vieux curé avait préparé pour lui.

Dans la sacristie, la table était mise et trônaient, bien en vu, de belles tartines beurrées comme il n’en avait pas vues depuis longtemps.

-Approche gamin et vient manger.

Un peu inquiet de la suite, « petit  Rrené » décida que quoi qu’il arrive, il valait mieux avoir le ventre plein c’est pourquoi, il enfourna à la suite les unes des autres, toutes les tartines qui se trouvaient dans l’assiette, il but aussi d’un trait, le bol de café bien sucré et…. Il attendit.

-Alors ! as-tu réfléchi à ce que je t’ai dit questionna le prêtre ?

- non pas vraiment mais ce que j’ai trouvé est à moi !

- mais tu sais bien qu’en fouillant un peu, on risque de trouver des indices qui vont nous mettre sur les traces des propriétaires de toutes ces choses et là, tu diras quoi ?

-qu’on n’a qu’a pas regarder ce qui est écrit sur les papiers ! si vous voulez, on prend les billets et les pièces et je peux aller jeter de nouveau ce sac, dans la poubelle du marché ; comme ça, ça va ?

- non pas vraiment car ta conscience, elle, ne pense pas comme toi,  les consciences disent toujours la vérité.

-ah ! parce qu’on en a plusieurs maintenant ? 

- non mais toi et moi en avons une donc je sais ce que la mienne me dit.

- elle ne vous a jamais menti ?

-non jamais ! mais parfois elle m’a bien embêté et lorsque je ne l’ai pas écoutée, je m’en suis mordu les doigts

Portant ces doigts à sa bouche, il essaya cette technique mais à par la douleur qu’il ressentit, il n’était pas plus avancé.

-Alors qu’en penses tu de mon idée : on met tout ce que ce sac contient sur la table, on sépare l’argent du reste, et comme si nous étions des détectives, on voit si on a des traces des propriétaires et si on ne trouve rien, alors le tout sera à toi.

- la fin de la phrase plaisait beaucoup à « Petit Rrené » qui alors adressa une prière muette au D-ieu des aveugles, pour que celui-ci les aide dans leurs recherches.

 

Le curé était un très brave homme qui comprenait fort bien le désir que  l’enfant  avait de garder ce qu’il  avait trouvé alors, lui aussi adressa une prière muette  à son D-ieu, lui demandant de subtiliser, l’espace d’un instant, à sa vue, les documents fournissant des preuves de leur appartenance, qu’au moins sa myopie serve à quelque chose de positif pour une fois, après quoi, il les étala sur la table mais avant de commencer ses recherches, il se posait une question : comment se pouvait il que quelqu’un ait pu jeter un sac contenant tant de choses ? Soit il s’agissait d’un voleur, auquel cas il aurait au moins pris l’argent avant de se séparer du reste, ou bien  c’était une vengeance à l’encontre de cette famille et là, ce sont les documents qui auraient dû disparaitre.

 

Etalés devant lui, des photos et  le calepin. Sur les premières apparaissaient un joli bambin d’environ trois ans aux yeux bleus et aux cheveux blonds bouclés et une femme, surement la maman, très belle et semblant heureuse. Puis venait le calepin dont les pages étaient toutes recouvertes d’une écriture fine, élégante  et appliquée.

Des mots  avaient été jetés ça et là sans pour autant former des phrases compréhensibles, des dates aussi y figuraient, quelques nombres,  qui auraient pu être des numéros de téléphone mais pour le détective qu’il n’était pas, tout ceci ne semblait pas vouloir le mener bien loin alors, cherchant de l’aide là où il espérait ne pas en trouver, il murmura : Mon D-ieu, mon D-ieu êtes vous toujours à mes côtés ? et n’obtenant aucun signe, il en déduisit que D-ieu devait être occupé ailleurs.

« Petit Rrené » lui, avait essayé de  comptabiliser sa fortune mais voila ce qui  arrive quand, au lieu de s’appliquer à l’école, on baille aux corneilles, on est incapable de savoir combien on possède et comment savoir si celui qui comptera à votre place ne vous mentira pas  en énonçant une fausse somme dont vous êtes le détenteur. Il se rendait compte aussi que le fait d’être riche créait de gros problèmes qu’on n’avait pas quand on était pauvre comme Job ce qui ne voulait pas encore dire que sans rien, on n’était plus heureux qu’avec beaucoup  mais………………..

Les investigations premières étant pour l’instant dans l’impasse, l’homme et l’enfant firent une pause  devant un autre café agrémenté de « petits beurre » bien bons ma foi, chacun espérant que l’autre avait quelque chose à annoncer, mais devant ce silence assourdissant, les deux humains retournèrent à leurs pensées.

 

Le temps avait passé, les recherches pour retrouver les possesseurs des trésors de Petit Rrené étaient restées infructueuses. Il y avait bien eu cet article dans la presse, consultée à la bibliothèque nationale, qui relatait un terrible accident d’avion survenu des années auparavant et dans lequel de nombreuses personnes, dont des français, y avaient laissé la vie mais la piste s’était arrêtée là et au fond, Le père Grégoire n’avait pas voulu chercher plus loin, comme par exemple décortiquer les renseignements contenus dans les divers papiers placés dans une des poches du portefeuille car, il le pressentait, cette trouvaille était un petit clin d’œil de l’Eternel, pour donner une chance à Petit Rrené de sortir de sa misère.

Le gamin lui était toujours à la cure. Il aidait le curé dans ses petites tâches quotidiennes, et quand il  avait le temps, le prêtre réapprenait à l’enfant à lire et à écrire et ma foi, il était assez doué le petit quand il voulait bien s’en donner la peine.

Ils avaient fait un pacte tous les deux : la cagnotte resterait cachée tout le temps qu’aucun indice n’obligerait à la déterrer et plus tard, beaucoup plus tard, elle servirait à donner un petit coup de pouce au jeune garçon, quand celui-ci saurait ce qu’il voudrait faire de sa vie.

Petit Rrené avait accepté le deal et  constatait avec plaisir que c’était bien agréable de pouvoir faire confiance à quelqu’un . Et puis, il aimait bien l’église, ses odeurs d’encens, sa fraîcheur et aussi ce qui y rôdait de mystérieux. Par contre, avant d’enterrer le précieux magot, il avait subtilisé  l’écharpe qui sentait si bon, ainsi que la photo de la jolie blanche et parfois le soir, il la prenait  dans le creux de sa main et lui parlait comme à une amie et des fois  même….. elle lui répondait mais sa voix venait de si loin qu’il entendait mal ce qu’elle lui disait ; une fois il lui avait semblé ouïr un mot qui revenait sans cesse : file, ou bien phil, ou encore fils mais il n’était sûr de rien.

 

Le temps passait, « petit  Rrené grandissait », le curé vieillissait, la vie apportait de temps en temps son lot de surprises, de joie, de méprise ou de peine mais D-ieu devait surement veiller à ce que rien ne change afin que les humains sachent ce qu’ils avaient à faire, quand et comment le faire. L’Afrique sommeillait comme à son ordinaire.

 

 

 

 

Lorsque Philippe émergea de son profond sommeil, il lui fallut quelques minutes pour comprendre  que tout ce qui avait peuplé sa nuit n’était qu’un rêve mais qui était donc ce « petit Rrené » ? qu’avait il à voir avec lui ? sa vie ? son destin ?

Comme à l’accoutumé, sa première pensée fut pour cette mère qu’il avait perdue alors qu’il était enfant, lors d’un crash  qui la ramenait en France, après un long séjour en Afrique et qui ne vivrait pas son succès de ce jour dont pourtant elle serait si fière.  Il l’avait attendue si longtemps cette maman adorée dont le visage s’était peu à peu estompé de sa mémoire. Plus tard il avait voulu entreprendre des recherches pour mieux comprendre ce qui était arrivé mais il n’avait abouti à rien, manquant de trop de détails et de preuves.

 

Au fond de lui, il savait pourtant que parfois, les rêves sont porteurs de messages, souvent déformés mais qui aident à découvrir pour mieux comprendre,  le sens qu’on doit donner à sa vie mais insouciance du moment ou paresse, peut-être même les deux, Philippe, le beau blond aux yeux bleus, le brillant commercial bientôt promu au poste d’adjoint du PDG décida de remettre à plus tard ses recherches.

Il sauta du lit et se prépara à vivre une des plus belles et prometteuses  journée de sa vie.

Pourtant, s’il avait su………

Mais ne dit-on pas que la chance frappe toujours deux fois ?

 

 

Publié dans:mes écrits et ceux des autres |on 26 juillet, 2015 |Pas de commentaires »

Graine de talent

 

 

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Le gros problème quand on écrit à l’aveuglette c’est de ne pas savoir où les mots vont nous conduire.

L’histoire que je suis entrain d’écrire m’a été inspirée durant mon sommeil mais en me réveillant, il n’en restait pas grand-chose, si ce n’est,  un petit garçon africain à qui il arrivait toutes sortes d’aventures. Celles-ci s’étaient évanouies dès que j’ai ouvert les yeux il fallait donc tout inventer pour faire vivre cet enfant.

Je ne sais pas comment font les autres personnes qui écrivent sous l’impulsion du moment mais je sais que pour moi, il me suffit de me mettre devant une feuille et de laisser courir mon imagination pour que les premiers mots s’impriment sur ma page « word »

Malheureusement, il n’est pas toujours facile d’écrire « non stop » , surtout si les idées affluent mais le problème c’est que quand on s’arrête, il peut arriver que la suite ne vienne pas ou plus et là, on se sent frustré car pourtant, l’histoire est là, au bord des lèvres.

Si quelqu’un me voyait, il penserait « mais elle est folle celle-là » et il aurait peut-être raison, car je me surprends, alors que j’épluche une patate, à courir vers mon clavier pour y écrire une idée venue de je ne sais où et dès que cette phrase est posée sur la feuille, le reste suit et la pomme de terre à beau crier « au secours » je ne retourne la déshabiller qu’une fois, qu’a nouveau, mon esprit est à sec.

Voila donc la raison (dont tout le monde se fout) pour laquelle je n’ai presque pas posté d’articles  depuis deux jours car je suis occupée, et à concocter une nouvelle histoire, et à courir après les idées, et à les déposer en lieu sûr pour les retrouver.

Déjà onze pages d’écrites et je ne sais pas où cela va s’arrêter mais j’aimerais poser une question à celles et ceux qui, comme moi, ont des démangeaisons épistolaires :

-est ce pareil pour vous ?

-comment se manifeste votre talent ?

-que ressentez vous au moment de pondre vos œuvres magistrales ?

Publié dans:mes écrits et ceux des autres |on 24 juillet, 2015 |Pas de commentaires »

Le Souffleur De Sons

 

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‘J’ai laissé ma main errer
Sur la peau d’une hypothèse
Et mon âme
A ouvert une parenthèse’
LSDS

iTunes: https://itunes.apple.com/ca/album/le-souffleur-de-sons/id609151046
https://www.youtube.com/user/lesouffleurdesons
Photo: Jerry Uelsmann

La cause littéraire : Eustache Deschamps

 

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La Cause Littéraire

Passons un peu en notre XIVème siècle, se doulz y faiz ! Voici ce soir l’ami Eustache Deschamps qui nous dict la misère de vieillir. Bele noyt dulz amis !

Je deviens courbes et bossu,
J’ois très dur, ma vie décline,
Je perds mes cheveux par dessus,
Je flue en chacune narine,
J’ai grand douleur en la poitrine,
Mes membres sens jà tous trembler,
Je suis très hâtif à parler,
Impatient ; Dédain me mord ;
Sans conduit ne sais mais aller :
Ce sont les signes de la mort.

Convoiteux suis, blanc et chenu,
Échard, courrouceux ; j’adevine
Ce qui n’est pas, et loue plus
Le temps passé que la doctrine
Du temps présent ; mon corps se mine ;
Je vois envis rire et jouer,
J’ai grand plaisir à grommeler,
Car le temps passé me remord ;
Toujours veuil jeunesse blâmer :
Ce sont les signes de la mort.

Mes dents sont longs, faibles, aigus,
Jaunes, flairant comme sentine ;
Tous mes corps est froids devenus,
Maigres et secs ; par médecine
Vivre me faut ; chair ni cuisine
Ne puis qu’à grand peine avaler ;
Des jeünes me faut baller,
Mon corps toudis sommeille ou dort,
Et ne veuil que boire et humer :
Ce sont les signes de la mort.

Prince, encor je veuil ci ajouter
Soixante ans, pour mieux conforter
Ma vieillesse qui me nuit fort,
Quand ceux qui me doivent aimer
Me souhaitent jà outre mer :
Ce sont les signes de la mort.

Eustache Deschamps (1340-1405)

Eustache Deschamps (né vers 1340 à Vertus en Champagne1 - mort entre le 21 juin 1404 et le début de l’année 1405), de son vrai nom Eustache Morel, est un poète français, qui a notamment contribué à fixer le genre de la ballade et a écrit le premier art poétique en français.

les aventures de Nénesse – 6ème épisode

AAAMOUSTIQUE

Bonzour,

Moi, ze suis « Zezette » la mouztiquette, z’habite cé la gardienne « Evora » la portuguèche, mais ze rend vizite à mes zamis quand les deux pattes zont pas là.

Au début, zé bien failli laisser ma peau dans zette maizon quand « Zimone a voulu me sasser à coup de : DDT-PPDA-MRP- BHL et DSK, toutes zes bombes mortelles et depuis que zé éssappé à la mort, ze suis immunizée à vie, il me reste zuste un petit zézaiement, dû a une paralyzie de la mandibule gauce, mais l’avantaze, c’est que maintenant ze ne peux plus vrombir quand ze vole alors la mémère qui est bigleuze comme pas deux, elle me voit zamais et ne peut pas m’attraper.Moi z ‘en profite pour la piquer, et après deux minutes à peine, elle ze gratouille un peu partout et moi ze rigole dans mon coin ; z’attend un peu qu’elle ze calme et ze recommence, oh la marade !!!!!

On m’a dit que mon tonton de Dakar zerait bientôt là mais moi, ze ne viendrai pas le zaluer car la dernière fois que nous nous zommes vus (ze suis très zolie) il m’a fait des zavances que ze n’ai pas pu acepter, et comme ze l’ai vécé y pourrait se venzé.

Z’ai vu Néneze,complètement raplapla, ze lui ai dit de ne pas z’en faire , car zé pas  lui qu’on parlait de mettre à la poubelle ; le Marcosse y parlait de za Peuzeot,qui est plus zouvent cé le garaziste que sur la route. Depuis, il commence à revivre et pour fêter za, il a pris un petit visky ; il est maintenant à zenou dans le couloir, il parle à zon ombre qu’il prend pour za mère, heureusement que les zozos ne rentrent que demain, il a le temps de cuver.

Bon ze crois que ze vous zai raconté l’ezenziel, ze retourne cé moi, l’heure du diner n ‘est pas loin et « Evora, mon plat de rézistance attend za petite piqouze

Publié dans:mes écrits et ceux des autres |on 31 janvier, 2015 |Pas de commentaires »

Les aventures de Nénesse – 5ème partie

 

 

ENCORE BEAUCOUP PLUS TARD 

 

aapuceron 

 

dans quelques heures, finie la tranquilité, finies les balades, fini le calme, les envahisseurs rentrent de leur périple et tout va recommencer.

Lui le Marcos, c’est encore le mieux, parti toute la journée gagner la croute familiale, de retour, va faire son petit « veloingg » (enfin ça ! c’est ce qu’il dit) quand c’est prêt, mange ce qu’il y a, répare ce qui ne va pas et surtout écoute les jérémiades de la mégère.

Avec elle, rien ne va. Dès le réveil, elle pique sa crise. Après s’être brossé les 7 ratiches qui lui restent et fixé son dentier pour la journée (un jour, le ratelier est tombée dans la purée d’une petite vieille dont elle s’occupait), la voila qui parcourt l’appartement de long en large à la recherche de sa première victime : Nenesse. Tout est bon pour engueuler le pauvre robot qui pourtant n’est pas bien méchant car en dehors de se pinter à la bière, de bouffer tout ce qui passe à sa portée,et là hélas, il laisse des miettes,il fait ce qu’on lui demande .Quand il a bien été morigéné, traité de tous les noms, vient le tour d’Archibul ; lui, il est accusé de pisser violet dans son bocal, couleur qui ne s’harmonise pas avec les murs et le mobilier, mais que peut-il faire le pauvre ?, il a une systite permanente et seul le bleu de métylène le soulage.

Nous, quand on la voit s’amener avec son balai, sa pelle et son chiffon, on tremble de trouille, car Madame nettoie les feuilles de son caoutchouc à la bière pour les faire briller et cela nous soule à tel point que nous nous décrochons, nous tombons, nous cassons un poignet, une jambe ou autre chose et quelque fois même nous y laissons la vie. Comme nous en avons marre de la voir débarquer chaque jour, nous lui avons joué un tour ; nous avons fait notre petite crotte sous une feuille mais comme nous nous y sommes mis à 385, quand elle va passer son chiffon dessus, elle va pas être déçue.Non vraiment, la vie de puceron n’est plus ce qu’elle était !.

 

Les seuls heureux dans l’histoire, sont nos cousins les « Aca.. Acaca…Acariens » depuis qu’ils sont dans leur coussin, on les laisse tranquille . La sorcière a bien essayé de les déloger à coup d’aspirateur mais ce dernier à rendu l’âme et en ce moment il n’y a plus d’argent à la maison, donc ils bénéficient d’un répit mais pas aussi bête qu’on voudrait bien le croire, ils ont déjà repéré un nouveau domicile. Ou ?…… ça vous le saurez une prochaine fois, si vous êtes bien sages.

 

Quoi ? que posez vous comme question ? Et GP la dedans qu’est ce qu’il devient, qu’est ce qu’il fait ? … toutes les conneries possibles et imaginables, il ment comme un ararcheur de dents, n’en fait qu’à sa tête ; ah ! en voilà un qui sait bien faire marcher son petit monde à la baguette avec ses yeux de velours, ne vous en faites pas pour lui, il les aura à l’usure et nous, nous l’adorons

A suivre…………

Publié dans:mes écrits et ceux des autres |on 29 janvier, 2015 |Pas de commentaires »
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