Artips ou les dessous de l’art
J’aime beaucoup « ARTIPS » qui nous offre, chaque semaine, des articles expliquant les histoires qui se cachent sous des œuvres connues ou inconnues.
Moi non plus je ne suis pas féministe et c’est pourquoi j’adore la phrase de clôture de cet article.
Aujourd’hui : « L’humiliation d’une mandarine »
Où l’on apprend comment se venger d’un père aux blagues douteuses.
Le dîner est servi au domicile de la famille Bourgeois ! Comme à tous les repas, chaque membre de la famille est invité à se montrer amusant : l’un chante une chanson, l’autre fait une récitation…
En bout de table, le père s’empare d’une mandarine et commence à y dessiner les contours d’une silhouette.
Il détache ensuite la peau orangée à l’aide d’une lame de rasoir. Cela donne un petit personnage, qui lorsque qu’on le retourne, possède une petite membrane blanche entre les jambes, tel un sexe masculin.
En s’adressant à sa fille Louise, le père déclare : « Toi, tu n’en as pas, tu n’es qu’une fille ! ».
Cet épisode est vécu comme une véritable humiliation par la petite Louise Bourgeois. Tout au long de sa carrière, celle qui deviendra une sculptrice de renom se souviendra de la mauvaise plaisanterie de son père.
Jusqu’à concevoir en 1974 une œuvre en latex impressionnante, intitulée justement La Destruction du Père.
Incapable durant son enfance de répondre à celui qui la terrorisait, Louise Bourgeois se venge un demi-siècle plus tard.
Elle imagine en effet une scène presque cannibale, qui lui permet d’exorciser les démons du passé.
De manière très abstraite, elle place symboliquement son père à la place d’un gigot dominical. Elle invite ainsi le spectateur à le dévorer avec elle.
L’art de Louise Bourgeois est donc une thérapie, un moyen de surmonter ses traumatismes les plus intimes.
C’est aussi une manière de revendiquer pleinement son identité féminine. Et lorsqu’on lui demande si elle est féministe, celle-ci affirme « Je suis une femme, je n’ai donc pas besoin d’être féministe »…
