« On touche avec les yeux »
Regard tourné vers le lointain, buste de trois-quarts, léger sourire… Ce monsieur un peu fier ferait-il tout pour adopter une pose avantageuse ? Ou est-il pris d’une soudaine inspiration ? C’est un peu plus compliqué que cela…
Nous sommes en 1775. Le marquis de Choiseul commande son portrait à une jeune artiste talentueuse dont il est épris : Élisabeth-Louise Vigée.
La jeune femme de 20 ans est au tout début de sa carrière. Elle connaît déjà un grand succès à Paris. En plus d’être douée, Vigée est belle et maîtrise l’art de la conversation. Ce qui est parfait pour faire passer les longues heures de pose nécessaires à la réalisation des portraits.
Bien vite, les riches messieurs viennent se faire tirer le portrait pour des raisons qui n’ont plus rien à voir avec la peinture. Ils espèrent plutôt séduire la jeune femme ! Mais pour éviter leurs regards concupiscents, l’artiste a trouvé une parade…
Dans ses Souvenirs, les mémoires qu’elle écrit à la fin de sa vie, Vigée raconte son ingénieux stratagème. Lorsque les regards de ses modèles masculins se faisaient trop insistants, elle prétendait qu’elle était justement en train de peindre les yeux… et ordonnait au modèle de les garder levés !
C’est ce qu’on appelle « peindre à regard perdu ». Cette méthode est par la suite utilisée par les peintres romantiques du XIXe siècle. Elle donne l’illusion que le modèle est saisi par l’inspiration. Cette pose si particulière a d’ailleurs contribué à la renommée de Vigée-Le Brun… quitte à contrarier quelques messieurs au passage !
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