Le papillon
Le Papillon
Entre deux branches d’arbre, dans un creux, un cocon.
Un homme l’observe.
Il devine une ouverture minuscule dans cet œuf qui ressemble à un ongle d’écorce.
Un papillon, bientôt va naître.
L’homme le voit qui s’insinue par ce trou trop menu pour lui , et qui s’efforce et qui s’échine, un millimètre après un autre, et qui semble tant s’épuiser qu’il s’arrête à demi sorti .
» La pauvre bête n’en peut plus, se dit l’homme, je vais l’aider.
De la pointe de son canif il élargit la porte étroite.
Le papillon , d’une poussée vient au monde, enfin, se délivre, mais son corps est gonflé, pesant, et ses ailes sont trop petites, elles paraissent ratatinées.
L’homme pense qu’elles vont bientôt se déployer, et que ce ventre qui se traîne, obèse, disgracieux, va perdre ce poids qui l’encombre
mais non , le papillon est informe à jamais.
L’homme ne savait pas que l’insecte , pour vivre avait besoin de son combat, que son effort exténuant contre l’exiguïté du seuil poussait le liquide du corps vers les ailes encore chétives pour leur donner leur forme, leur exacte beauté, leur juste dimension.
Il avait cru bien faire, comme nous qui voulons aplanir les obstacles devant les pas de nos enfants.
Ils n’en seront pas plus heureux et risquent d’en rester infirmes.
La loi de nature le dit.
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