Archive pour septembre, 2015

Ce soir le Choffar sonnera le début de “Kippour”

 

 

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Histoire : le Choffar du Roi Juan Carlos d’Espagne !

20 Septembre 2015 - Torah-Box

 

 

 

En 2004, le roi Juan Carlos d’Espagne invita le Grand Rabbin d’Israël de l’époque, le Rav Yonah Metzger à assister à la commémoration du 800ème anniversaire du décès de Maïmonide,  connu sous le nom de Maïmonide ou de l’acronyme «  Rambam  » : médecin, philosophe, Talmudiste et surtout décisionnaire hors du commun, le Rambam était né à Cordoue, donc en Espagne.

Durant la cérémonie, le Rav Metzger offrit au roi un magnifique Choffar, très long et recourbé ; le Choffar avait, de plus, été serti d’argent et la couronne royale était gravée sur la garniture argentée.

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Le roi Juan Carlos l’examina longuement et demanda quelle en était l’origine.

– Cet objet vient-il d’Afrique ? demanda le roi.

– Non, Majesté. Il vient de la terre d’Israël

De plus en plus perplexe, le roi demanda si cet objet devait être utilisé dans les corridas mais le Rav Metzger expliqua poliment que le judaïsme interdisait de faire souffrir les animaux inutilement.

– Alors quel est l’usage de cette corne d’animal ? continua le roi.

Le Rav Metzger profita de cette conversation pour rappeler au roi un chapitre douloureux de l’histoire des Juifs d’Espagne. Le roi l’écouta attentivement.

« Majesté ! Ce cadeau – unique en son genre – nous permet de clore définitivement la boucle de l’histoire. Il y a plus de cinq cents ans, l’âge d’or du judaïsme espagnol prit fin brutalement quand votre ancêtre, le roi Ferdinand et son épouse Isabelle expulsèrent mes ancêtres, suite à l’incitation de l’Inquisiteur Torquemada. Les Juifs qui avaient tant contribué au développement de leurs pays durent s’enfuir, en abandonnant tous leurs biens pour s’installer dans des pays plus hospitaliers. Mais certains Juifs préférèrent rester en Espagne, se convertirent tout en gardant secrètement leurs lois et coutumes. Ils se conduisaient comme de dévots catholiques, mais respectaient les lois de la Torah clandestinement, allumant par exemple leurs bougies de Chabbat dans des placards afin que personne ne les remarque.

Les jours de fête, ces Marranes se rassemblaient secrètement dans des caves pour prier.

D’ailleurs notre prière appelée Kol Nidré, au début de l’office de Yom Kippour, est attribuée à ces Marranes qui ainsi annulaient leurs déclarations d’appartenance au catholicisme. Ils priaient avec une ferveur rare, mais à voix très, très basse de façon à n’être pas découverts par l’Inquisition qui savait torturer et finalement, brûler “les hérétiques” en public sur des bûchers.

Pour Roch Hachana, ils étaient confrontés à un dilemme : oui, la prière pouvait être chuchotée, sans attirer l’attention des voisins. Mais le Choffar, comment en sonneraient-ils ?

Un chef d’orchestre – juif d’origine – trouva une solution originale. Il proposa au roi d’organiser un concert gratuit pour présenter divers instruments à vent, venus de tous les pays, de toutes les époques. Le roi qui adorait la musique en fut enchanté. Le chef d’orchestre proposa une certaine date, qui, de fait, s’avérait être Roch Hachana.

Le roi, la reine, les ministres et les courtisans s’assirent au premier rang ; le reste des auditeurs prirent place à l’arrière. Parmi eux, se trouvaient de nombreux Marranes.

Les musiciens présentèrent différents instruments, de la flûte du berger à la trompette du soldat, mais, à un moment donné, le chef d’orchestre lui-même proposa de sonner dans une corne de bélier, qu’il présenta comme le plus ancien instrument à vent connu. Le roi et la reine s’intéressèrent à cette curiosité, contemplèrent l’instrument puis le maître la porta à sa bouche tandis qu’au fond de la salle, les Marranes prononçaient à voix basse les deux bénédictions qu’on est obligé de réciter avant d’en sonner
Le chef d’orchestre sonna du Choffar, comme l’exige la Halakha et tous les spectateurs se turent. A la fin de la prestation, on l’applaudit…

« Aujourd’hui, Majesté, continua le Rav Metzger, nous nous rencontrons cinq cents ans plus tard, dans des circonstances bien plus amicales. En tant que Grand Rabbin d’Israël, je suis heureux de revenir en Espagne. Je vous remercie au nom de notre peuple, car maintenant les Juifs peuvent vivre librement dans votre pays, ils jouissent d’une totale liberté de culte et à Roch Hachana, ils peuvent sonner du Choffar dans les synagogues restaurées. Aujourd’hui je peux, D.ieu en soit loué, vous offrir publiquement ce Choffar, sans me cacher car vous êtes un souverain soucieux de démocratie. Maintenant en Espagne, tous peuvent prier à leur guise, sans crainte !  »

En acceptant le Choffar, le roi déclara : « Monsieur le Grand Rabbin ! J’ai reçu de nombreux cadeaux et trophées de nombreux chefs d’états des quatre coins du globe. Mais ce cadeau-là est porteur d’une signification historique et je vous suis extrêmement reconnaissant pour ce Choffar et pour ce récit ! »

Rav Metzger déclara alors au roi qu’il souhaitait le bénir, comme cela est recommandé par les Sages. Tous deux se levèrent. Le Rav Metzger ferma les yeux, leva ses mains vers la tête du roi et prononça la bénédiction avec une grande ferveur. Quand il termina, le Rav Metzger ouvrit les yeux : il s’aperçut alors que le roi, saisi d’émotion, pleurait sans chercher à le cacher…

 

Publié dans:les évènement qui font l'histoire |on 22 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

Libération animale et jainisme

 

 

AHIMSA, DROITS DES ANIMAUX, LIBÉRATION ANIMALE, NON-VIOLENCE, VÉGÉTALISME,VÉGÉTARISME

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Gary L. Francione, avocat et professeur, a déclaré que la base de ses idées à propos des droits des animaux venait de l’ahimsa, ajoutant qu’il était très intéressé par le jaïnisme.

Arne Naess, reconnu pour son écologie profonde, a exprimé lui aussi sa sympathie pour la jaïnisme. Dans son écosophie, Naess s’identifie avec toutes les formes de vie alors que pour Francione il existe une égalité de droits pour tous les êtres vivants.

Pas de hiérarchie, tous ont une valeur intrinsèque, indépendamment des fins et des perceptions humaines.

Le jaïnisme dit en substance la même chose. Guère étonnant que beaucoup de militants pour les droits des animaux se sentent proches de cette tradition spirituelle, étant eux-mêmes sans le savoir des sortes de jaïns.

L’étude du jaïnisme peut apporter un équilibre bien nécessaire dans une démarche militante « qui ne peut se nourrir exclusivement de l’énergie de la révolte », comme le souligne Daniel Caradec, un végétalien militant pour les animaux.

Le jaïnisme est pratiqué de nos jours par près de 10 millions d’adeptes en Inde mais aussi en Amérique du Nord et en Europe. Certains de ses concepts ont des correspondances dans l’hindouisme et le bouddhisme, chez plusieurs philosophes de la Grèce antique ainsi que dans des sectes gnostiques comme les Cathares ou les Manichéens.

Comme si toutes les traditions spirituelles avaient un fond commun de vérité, des principes qui se rejoignent sur l’essentiel.

Le premier et l’ultime de ces principes est l’ahimsa ou non-violence en sanskrit. A la fois radical et idéaliste, ce voeu pour le respect des êtres vivants doit s’incarner dans tous nos actes.

Plus facile à dire qu’à faire dans notre univers de cruautés, d’holocaustes et de matérialisme. L’ahimsa n’a jamais été une voie facile. Loin derrière nous dans le temps, les jains se sont posés les mêmes questions éthiques en tant que végétariens et défenseurs des animaux, dans un environnement souvent hostile.

La souffrance de ce monde est immense et de cette souffrance vient une grande compassion. Les humains comme les animaux marchent dans le même labyrinthe, tournent sur la même roue, emprisonnés dans la matière.

Pour le philosophe végétarien Plotinus qui vécut de 204 à 270 : «Tous les êtres sont des centres unis sur un même point central ».

Dans cette vision d’unité toutes les vies se doivent respect et une mutuelle assistance, liées entre elles par le fil du vivant, comme les équivalents de notre propre soi.

Nous devrions nous sentir concernés non seulement pour les membres de notre famille proche ou ceux de notre propre espèce, mais pour l’écosphère en entier.

Faire du mal aux animaux, ou à la planète selon l’écologiste Naess, revient en quelque sorte à se couper un doigt.

Quand Francione dit que la « révolution qu’il souhaite est celle du coeur», il exprime le même concept véhiculé par toutes les traditions spirituelles pour qui « la voie c’est le coeur.»

La suite ici :

http://liberationanimale.com/…/liberation-animale-et-jaini…/

la passagère du dernier train.

 

 

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15/08/2009

 

Si on m’avait dit il y a encore quelques jours que j’écrirai de nouveau, j’aurais souri sans plus et je serais passée à autre chose.

 Seulement voilà ! l’imprévu, cela existe et c’est d’ailleurs ce qui fait le charme d’une vie déjà bien remplie et sur laquelle on pense avoir tout dit.

 Un jour,  une lectrice m’a dit : « tu as écrit sur ta vie de ta naissance à ta venue en Israël, mais sur ta vie dans ce pays que tu as choisi, y a t il quelque chose ?

 

Non, il n’y avait rien.

 

Une fois encore ma muse a bien voulu me souffler les mots pour parler de 34 ans de présence dans le pays de mon cœur et voilà ce qu’elle m’a dit d’écrire :

 Je suis née pour la deuxième fois le 7 Mars 1981, lorsque j’ai posé le pied sur cette terre qui m’a accueillie et sur laquelle je vis depuis plus de  34 ans : ISRAEL .

 Pourtant, rien ne me prédisposait à ce bouleversement total car née bien française, bien catholique, bien parisienne, bien secrétaire, mal mariée, j’aurais dû rester ce que j’étais et continuer mon petit bonhomme de chemin jusqu’à la retraite, percluse de rhumatismes, apprendre à compter en euros, zapper de la 6 à TV5 en passant par « ARTE » enfin, tout ce qui fait le « bon français »

 Seulement, c’est plus fort que moi, je dois toujours faire autrement que les autres ; mes parents se sont lamentés d’avoir une fille pareille, mon entourage à fait de moi  une folle avant l’âge, ah oui ! je me souviens aussi, j’étais une « loser » je ne savais pas saisir les chances qui passaient sur mon chemin et qui aurait dû faire de moi une citoyenne, femme épouse, mère, amante, matérialiste et bien pensante  comme il se doit.

 Non ! il fallait toujours que je parle de choses qui dérangent par exemple de l’attitude des « petits blancs » en Afrique, pays dans lequel j’ai vécu 6 ans et où j’ai vu comment mes semblables se conduisaient envers les autochtones, le rictus plein de mépris, ou encore des questions qui dérangent sur certains évènements qui ont eu lieu pendant la deuxième guerre mondiale et que tout le monde ou presque s’est empressé d’oublier de façon à, pour certains, soulager une conscience d’un poids très lourd.

 Je passe ici sous silence les faux-culs, les hypocrites et autres qui ont sillonné mon chemin.

 Eh bien un jour, j’ai compris pourquoi, étant différente de beaucoup d’autres, ma vie ne pouvait pas être telle que la leur.

 J’ai mis 20 ans à réaliser que mon destin était ailleurs et surtout là où se trouvaient des gens qui avaient souffert de la méchanceté, de l’indifférence, de la cruauté de la race à laquelle j’appartenais.

 Quand tout fut clair pour moi, j’ai pris une valise, 500 dollars et je suis partie, à 42 ans, vers ce petit point figurant sur la carte et qui s’est appelé de noms divers du genre : Canaan, Palestine, Israël, un petit point qui dérange tant de gens, qui est une épine dans le talon de tellement de jambes, qu’on l’a, au gré de la fantaisie de chacun , affublé d’un nom, puis débaptisé, et rebaptisé sans oublier au passage d’essayer de jeter à la mer les intrus qui osaient prétendre avoir un droit historique d’y fouler le sol.

 Ce peuple à la « nuque raide » (dixit Gl de Gaulle) appelé aussi « le peuple du livre »n’aurait rien d’exceptionnel si on l’avait laissé vivre sa petite vie bien tranquille sans s’occuper de lui mais voilà ! dès le départ, il a dérangé et cela commence lorsque dans les livres religieux, il est écrit qu’il s’agit d’un peuple différent des autres et « élu de D-ieu » que d’orgueil n’est ce pas ? à moins qu’il ne s’agisse d’une mauvaise interprétation du mot « différent » en effet, être différent ne veut pas dire (sauf pour les mal léchés) supérieur ou inférieur, cela veut dire « AUTRE » comme peuvent l’être les gens de différentes couleurs de peau, de différentes tailles ou poids.et comme en plus, ils avaient le toupet d’avoir une histoire plus  ancienne que celle de beaucoup d’autres et détenteurs de l’ancien testament, berceau des trois grandes religions monothéistes, il n’en fallait pas plus pour vouloir anéantir ce monstre orgueilleux qui s’appropriait tout ce que les autres revendiquaient.

 Donc, tout au long de l’histoire, on les affuble de signes permettant de les distinguer des autres, on fixe des taxes spéciales rien que pour eux, on les chasse de là où ils vivent depuis des générations et on les rappelle quand on se rend compte que sans eux, les affaires périclitent, on les extermine (du moins on essaie) dans des camps de la mort, des négationistes diront que cela n’a jamais existé, et beaucoup le croiront car cela soulage la conscience de plus en plus lourde et noire des « ON » décidément très en colère.

 Qui sont donc ces gens, qui me reçoivent en 1981, qui vont me parler, m’aider, m’aimer ? qui vais-je rencontrer alors que dans les premières années de ma présence sur ce sol, tout semble avoir été prévu d’avance ? je n’ai qu’à me laisser guider au gré des rencontres dans la rue, dans l’autobus ; à peine je cherche où me loger que je trouve ; un travail ?  il vient à moi, apprendre l’hébreu et déjà l’oulpan me tend les bras ; me convertir ? tout ce qui, au départ, semblait problématique, va s’enchainer pour me faciliter la tâche. Comment, dans de telles conditions, ne pas penser que je suis sur le chemin qui est le mien, que je suis en train d’accomplir mon destin ?

 mais que suis-je venue faire exactement ici ?diariste+fb+alt+13/09/2015

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En France, un rabbin à qui j’avais confié mon désir de devenir juive m’avait répondu très gentiment que D-ieu ne commettant jamais d’erreur, si j’étais née chrétienne, je devais le rester.Mais vingt ans après, forte de toutes les découvertes que j’ai faites sur ce peuple et son histoire, je suis venue ici pour demander pardon au nom des gens de ma race, de ce qui a été perpétré contre lui,  pour vivre avec ceux qui ont été haïs et non avec les bourreaux.

 Au début, je ne comprends pas bien ce que l’on me dit car je ne maîtrise pas cette langue que je vais apprendre à lire, écrire et aimer mais cela n’a pas d’importance car les problèmes que je rencontre ont été vécus par tous ceux qui sont arrivés avant moi, alors à coup de mimiques, de gestes, on s’explique, et ça marche.

 Ici, la plupart des gens viennent d’ailleurs, de tous les coins du monde et ont amené avec eux, leur langue, leur culture, leurs souvenirs, c’est un patchwork inimaginable. A cela s’ajoute la façon de vivre et de penser : il y a les religieux, les laïcs, les athées, les politiquement corrects, ceux de gauche,  de droite, les grincheux, les  universitaires et les illéttrés, les séfarades et les ashkénazes, les bronzés, et les blonds aux yeux bleus, les bons et les mauvais, les riches et les pauvres, les honnêtes et ceux qui le sont moins ou pas du tout.

 Ici, on fait des gestes, on parle fort, on bouscule, on ne respecte pas la priorité dans les autobus, on y fume même et il faudra des mois pour que les voyageurs les plus récalcitrants, acceptent d’éteindre leur cigarette avant d’y monter.

 La discipline n’existe que dans l’armée, mais dans le civil c’est un peu la foire où chacun joue des coudes pour se faire entendre et s’affirmer. Mais malgré tout, cela est fait dans la bonne humeur et les coups de gueule ne durent jamais bien longtemps car si la susceptibilité  est à fleur de peau, le fond dans l’ensemble est bon.

 Mon premier souci est de parler l’hébreu, seul moyen pour pénétrer cette société qui semble m’attendre. L’oulpan dans lequel je fais mes premières armes est un modèle du genre, avec des enseignantes de métier et qui savent d’expérience les problèmes que rencontrent tous les nouveaux immigrants, problèmes qui ne sont pas les mêmes, qu’il s’agisse d’élèves venus des pays arabes, d’Amérique, ou d’Europe . Les cours ne se font qu’en hébreu avec moult gestes et expressions du visage.

 Dès le début, je m’applique, moi, la si mauvaise élève d’antan, qui se retrouvait toujours dans la classe auprès du poële l’hiver. De retour à la maison je fais mes devoirs, je répète et à haute voix dans la petite chambre qui me sert de logis des dizaines de fois les mêmes mots pour bien les savoir le lendemain matin et en apprendre d’autres et d’autres encore.

 Cinq mois de cours à raison de 4 heures par jour, 6 jours par semaine puis l’examen qui débouche sur le diplôme qui permet, soit de commencer à se débrouiller seul dans la vie, soit de continuer en deuxième année ce que je fais.

 Les profs aiment les élèves comme moi qui les récompensent un peu des efforts qu’ils font pour faire rentrer, dans des crânes pas toujours prévus à cet effet, une langue qui pourtant n’est pas difficile mais qui ne se construit pas comme toutes les autres, qui s’écrit de droite à gauche, en signe inconnu pour presque tous, et dont la grammaire n’a rien à voir avec celle des autres langues, mais quand on fait ce que l’on fait quelque chose  avec amour et avec le désir de réussir, tout devient simple, très simple.

 Et puis je comprends une chose que l’on ne m’a pas dite : il ne faut pas chercher dans sa langue maternelle des points communs avec l’hébreu car…. Il n’y en a pas. Il faut donc oublier les règles de grammaire et d’orthographe du français et accepter des nouvelles règles totalement différentes de l’hébreu.

 Comme ces enseignantes m’ont à la bonne, je suis invitée très souvent chez elles pour les fêtes, ou pour un simple petit café, on me passe des livres pour me faciliter la lecture, on me donne des conseils, on me fait des compliments, on m’encourage. Ces trois classes seront pour moi un souvenir fantastique dont je me souviens encore aujourd’hui comme si c’était hier.

 J’ai aussi trouvé des petits boulots au noir puisque en tant que touriste, je n’ai pas le droit de travailler mais je dois passer par là car je n’ai pas les moyens de vivre à mes propres crochets.

 Je garde des personnes âgées, en fin de vie et parlant français car ma réputation s’est faite de bouche à oreille et dès que je suis libre, un autre emploi m‘est offert.

 C’est ainsi que durant des années, je n’aurai jamais à chercher du travail, des petits bouts de papier seront glissés sous ma porte avec nom et numéro de téléphone pour un nouveau job, à tel point que cette facilité m’inquiète car si un jour la chance me quitte, je ne saurai pas, après des années de présence dans ce pays comment on cherche du travail ou encore à se loger.

 Bien sûr je rencontre des gens ici et là qui deviendront pour la plupart des amis qui me feront découvrir la ville, qui me parleront de leur vie qui me feront goûter à leur cuisine, je découvrirai des mentalités très différentes de la mienne, certaines qui me plairont beaucoup, d’autre moins mais sur ce point, et même après des années de présence ici , je ne changerai pas et resterai celle que j’ai toujours été.

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De rencontres en rencontres, j’ai fait la connaissance de Geneviève, une française plus âgée que moi qui travaille dans une société dont le trésorier est un rabbin francophone, ministre des prisons.

 Geneviève à été très émue par mon histoire et encore plus par ma démarche et elle a parlé de moi autour d’elle, alors, lorsque je décide de me convertir, c’est tout naturellement  qu’elle me présente au ministre qui va m’aider à trouver le chemin de la conversion chose qui n’est pas facile car le rabbinat est, avec raison, contre les conversions et met plein d’embuches sur le chemin de ceux qui veulent devenir juifs, ceci pour éprouver la solidité de leur désir, car chez les religieux, une conversion pour obtenir la nationalité qui permet de travailler est une très mauvaise raison et pour épouser un ou une juive est encore pire.

 Il faut comprendre qu’être juif n’est pas facile, cela comprend une infinité de règles, 613 commandements, applicables chaque jour et qui concerne, la vie sous tous ses angles, la vie familiale, la nourriture, les fêtes que l’on se doit de connaître à fond pour en respecter toutes les règles et les commandements qui s’y appliquent.

 Alors, si les juifs eux mêmes, nés dans un milieu religieux et ayant baigné depuis l’enfance dans tous ces rites, s’en détachent, recherchant une vie plus facile et plus agréable selon eux, un converti ne tiendra pas le coup et abandonnera très vite les promesses que pourtant il a faites ; ayant épousé un ou une juive, ce ou cette dernière sera elle aussi perdue pour la communauté or, on dit ici que « lorsqu’un juif quitte la communauté, c’est toute la communauté qui est en deuil » Ce qui explique que les Rabbins, ne cautionnent pas les conversions et font tout pour en dégoûter celui qui en fait la demande.

 D’ailleurs cette aide que je reçois va, au début, me nuire car on me fait savoir que je suis acceptée aux cours uniquement parce que l’on m’a imposée, mais ceux-ci  terminés, je devrai me débrouiller pour continuer seule les démarches à faire alors que pour les autres élèves, tout se fait jusqu’au bout dans cet établissement.

 Comme je ne comprends pas bien la portée de telles paroles, je ne m’alarme pas et  débutent alors des cours qui vont durer 7 mois à raison de 2 h par jour, le soir, 5 jours par semaine et là, un sérieux problème va se poser : mes connaissances en hébreu sont suffisantes pour le parler de tous les jours mais insuffisantes pour les règles religieuses car comportant un vocabulaire qui m’est inconnu.

 Or prendre par écrit, deux heures de cours par jour dans une langue dont on ne comprend pas la plupart des mots,devoir retranscrire ce que l’on ne comprend pas avec des signes qu’on ne dessinent que très lentement, rend impossible ou presque la révision du cours sur lequel on ne revient pas le lendemain car il y a beaucoup de choses à apprendre et peu de temps pour le faire.

 Je cherche donc une famille juive religieuse francophone qui accepterait de m’apprendre en français ce que je n’ai pas compris en hébreu et… je la trouve, mieux encore, celle famille habite en face de l’école religieuse ; je suis sauvée mais un petit miracle va se produire me prouvant là encore que je suis sur le chemin qui est le mien.

 Régine a un jour un problème et ne peut me recevoir le soir même pour ma révision de cours, alors elle traverse la rue et sonne à la porte de l’école. C’est mon maître qui lui ouvre et il va donc apprendre, et les problèmes que je rencontre dans l’apprentissage des cours et les efforts que je fais pour réussir et quand en plus on lui dit que je m’occupe d’une femme mourante et ce, 24 heures sur 24 sauf les quelques heures de cours durant lesquels on me remplace, il fait part de sa découverte à la direction qui me convoque aussitôt ; le directeur, un homme que je n’avais pas trouvé très sympathique au début,m’annonce que devant ma bonne volonté et mon sérieux dans les études, je serai comme les autres élèves et irai jusqu’à la conversion complète dans cette même école.Comme d’habitude, une aide qui arrive sans prévenir, comme tombée du ciel ……

 Le Rabbin qui nous fait la classe est un homme que je n’oublierai jamais. Il est arrivé en Israël il y a quelques années, venant d’Amérique et dès qu’on le voit on sent qu’il est plein d’amour envers le monde tout entier. Il fait ses

cours avec amour, nous apprend les prières avec amour, nous parle de sa famille avec amour ; alors, dans de telles conditions, plus rien n’est difficile à comprendre et à assimiler.

Les cours sont finis, l’examen a été passé et réussi, reste à faire « cachériser la maison » c’est à dire que des religieux viennent la nettoyer pour la rendre pure ; puis le « mikvé » le bain sacré qui se passera à Nazareth. Trois rabbins, posent des questions dont nos réponses prouvent que nous avons bien appris ce qui nous sera nécessaire pour mener une vie religieuse selon les règles.

 Ensuite, nous nous trempons dans un bain, une prière est faite par un des trois rabbins et c’est fini, me voilà devenue juive pour le pire et le meilleur.Cela non plus je ne l’oublierai jamais car la cérémonie était très émouvante et je le sens, je viens de donner une identité à mon âme, je resterai celle que j’ai toujours été mais à l’intérieur de moi-même, un bien-être immense s’est installé et y restera jusqu’à mon dernier souffle.

 Au ministère de l’intérieur, je vais chercher ma nouvelle carte d’identité. Je n’ai changé que mon prénom « Yaël » contre « Jeannine » et j’ai gardé mon nom de famille « Avranche » mais lorsque mon père m’enverra une lettre dans laquelle il me demande comment j’ai pu faire entrer dans une famille aussi française  que la nôtre un prénom aussi juif, je retournerai au ministère pour faire changer également mon nom de famille qui deviendra « Avraham » ainsi les choses sont bien claires : les juifs avec les juifs, les goys avec les goys.

 Mon père n’en saura jamais rien car déjà malade, je n’ai pas l’intention de faire son éducation et comme il mourra peu après, les choses en resteront là. Pour m’avertir de son décès, je recevrai un télégramme très laconique « père décédé » non signé.

 Quant à ma mère, elle me trahira aussi, le moment venu, en se servant d’un de mes fils pour se venger. Décidément,  on ne m’aime pas beaucoup dans mon ancienne famille.

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Les mois qui vont suivre vont être très bizarres car je n’ai plus au dessus de la tête cette chape de plomb que je ne sentais pas certes, mais maintenant qu’elle a disparu, je fais la différence, alors un instant décontenancée, je vais me contenter de vivre ma petite vie de tous les jours et commencer à…. m’ennuyer.

 Et c’est là que tout va basculer, je ne vais pas m’en rendre compte mais c’est à ce moment que je vais donner à ma vie un tournant qu’elle n’aurait jamais dû prendre.

 On le sait maintenant je crois au destin, à celui auquel on participe, celui que l’on construit parfois un peu en aveugle mais malgré tout guidé par…..mais aussi celui qu’on rate par entêtement, stupidité ou encore lorsqu’on laisse son instinct dominer son mental.

 J’ai rencontré « Iori » dans mon travail ; nous nous relayons au chevet d’un grand malade. Iori est Yéménite, pleine de vie, très charismatique, se sentant bien partout et elle va me faire découvrir le « tel-Aviv by night »Avec elle, je vais aller danser dans des boites pour célibataires des deux sexes sur une musique des années 60, celle que j’adore et là, un boulevard s’ouvre devant moi, des rencontres à la pelle, des aventures à la louche autant de choses que je n’ai jamais vécues à ce point. J’ai 45 ans, je perçois confusément que le temps de plaire va bientôt se terminer pour moi et si j’ai encore un peu de succès, je dois en profiter pour me tricoter des souvenirs pour mes vieux jours.

 Cette vie que malgré tout je ne regrette pas, va durer quelques années. Je vais rencontrer des hommes  mariés mais qui se disent célibataires, des types un peu largués et qui cherchent sans le dire, une bobonne pour laver leur linge et les nourrir, d’autres pas très recommandables, mais qui heureusement ne feront que passer dans ma vie. Le seul problème c’est que ce genre de vie, incompatible et avec ma conversion, et contraire à ce dont mon âme a besoin, va m’éloigner de mon véritable chemin, je ne rencontrerai pas les gens qui auraient pu me conduire vers une autre sorte de vie et quand je m’en rendrai compte, il sera trop tard. Tout ce qui va suivre ne sera pas ce que j’aurai dû vivre ; j’espère un instant que la chance que j’ai laissé passer va repasser mais je le sais maintenant, 20 ans après il n’en sera rien.

 Même si je suis consternée de constater que j’ai fait une grosse bêtise, la vie ne s’arrête pas pour autant ; de plus j’ai appris que lorsque l’on fait une erreur, il est inutile de se sentir coupable le reste du temps ; les erreurs sont là pour en comprendre le sens et à partir du moment où on ne les recommence pas deux fois, la leçon a été utile.

 Maintenant que je peux travailler au grand jour, je continue à m’occuper de personnes agées mais là, officiellement. Je suis inscrite sur la liste des aides-soignantes du plus grand hopital de Tel-Aviv et je ne manque jamais de travail.

 C’est ainsi que je vais oeuvrer plus de 4 ans dans une famille composée du vieillard « Stéphen » et de sa fille « shoshana » qui elle, travaille comme secrétaire dans ledit hôpital et dans le service gériatrique et a donc accès à la liste des meilleures postulantes.

 Ces quatre ans ½ seront très dures à vivre car hormis les premiers mois destinés à faire connaissance, je me rendrai compte que je suis tombée dans une famille de parvenus, imbus de leur statut social, méprisant pour tout ce qui ne leur ressemble pas.

 Stéphen, 90 ans, d’origine tchékoslovaque, docteur de son état, passe son temps à raconter son passé dans lequel il a, bien entendu, un rôle primordial, faisant de tout son entourage des subalternes bien dressés et il attend de moi,que je m’incline et réponde à ses moindres désirs, mais lorsque, lors d’une douche, il croit avoir le droit de s’approcher un peu trop de moi avec un regard lubrique et que je refuse ses avances dont j’aurais dû, selon ses dires, être très fière, les choses vont se compliquer car maintenant il a peur de ma réaction vis à vis de sa fille, vais-je lui parler ? et si oui, comment vais-je raconter ? doit-il parler le premier de façon à raconter l’histoire à son avantage ?

 Je ne sais pas ce qu’il a fait, ni ce qu’il a dit, et comment, mais sa fille va me prendre en grippe et pour un rien me rabaisser autant qu‘elle le pourra faisant de moi parfois sa bonne à tout faire.

 Alors je vais retrouver peu à peu le caractère que j’avais en Afrique et en France, je vais moi aussi me battre à ma manière, d’abord par le silence, ensuite par le refus non exprimé de faire les tâches qui, d’après moi, ne m’incombent pas.

 La tension monte chaque jour d’un cran et un jour le drame éclate ; Stéphen me fait savoir par des mots blessants dont il a le secret que je ne vaux rien, que je ne sais rien, que je ne suis rien et que des gens de mon espèce n’ont que deux droits : celui d’exécuter les ordres et de dire merci.

 Le choc a été rude mais grâce à lui, de retour à la maison, j’écrirai un livre, « Une étoile au fond du coeur » livre dans lequel je parle du mépris des petits blancs pour les africains lors de mon séjour en Côte d’Ivoire, mépris qui ressemble fortement à celui dont je viens de faire les frais.

 Quant à la suite, elle  est simple. J’ai arrêté de parler à mon malade me contentant de faire mon travail, lui, a essayé de s’expliquer, de se justifier en vain, je suis un mur et si cela ne plaît pas, il faut que l’on me renvoie mais comme cela coûte très cher et qu’il faudra trouver une raison autre que la véritable, on va me supporter encore quelques temps,

 Stéphen va tomber malade, il est hospitalisé et vit ces derniers instants. Je suis là près de lui, je sens qu’il veut partir mais aussi que quelque chose le retient parmi nous, et tout à coup je réalise que sa kippa ( petit chapeau rond des gens croyants ) est dans le tiroir de la table de nuit ; je la sors, je la lui pose délicatement sur le crane, il prend une grande inspiration et le regard dans le vide, nous quitte pour toujours.

 Pendant mon séjour dans cette délicieuse famille, la guerre du golf a éclaté. Nous sommes en 1990, j’ai 52 ans, j’habite A tel-aviv un deux pièces bien grandes et un superbe balcon de 6 mètres de long. L’immeuble s’est vidé de ses locataires le temps du conflit car ceux-ci sont allés  vivre dans leur famille située dans des villes plus calmes, je suis donc seule le jour où des éclats de missile s’écrasent à 1mètre 50 de mon immeuble ravageant tout sur leur passage, coupant l’électricité, mettant le feu aux voitures en stationnement.

Un instant l’immeuble à tremblé sur ses fondations, j’ai attendu qu’il s’écroule, un grand silence s’est installé jusqu’au moment où des bruits et des cris ont été perçus dans les escaliers ; les pompiers, la police, la télévision grimpent quatre à quatre les étages à la recherche de morts ou blessés, j’ouvre ma porte. On veut me faire sortir mais je refuse car j’ai des bêtes avec moi, 6 chats et 2 chiennes et il n’est pas question que je les laisse seules.  Les pompiers constatent qu’il n’y a pas de danger car la fumée émanant des véhicules qui brulent n’arriveront pas jusqu’à chez moi puisque j’habite à l’arrière de l’immeuble.

 Un micro à la main, une caméra sur l’épaule, les gens de la télé m’interrogent, je raconte, bien peu de chose en vérité car c’est le 19ème missile qui s’abat sur la ville et c’est toujours la même histoire.

 Il n’empêche que quelques jours après , je serai invitée à participer à une émission de télé ; j’aurai mon petit instant de gloire, plus tard je recevrai des lettres de téléspectateurs ; l’un me demande en mariage (il paraît que je ressemble comme deux gouttes d’eau a une ex-amie qu’il a beaucoup aimée) et moi, j’apprécierai toujours la délicatesse des israéliens qui, croyant faire un compliment, se ridiculisent sans s’en rendre compte, une autre lettre me proposant de m’occuper d’une vieille mère bien gentille, et aussi on veut bien mettre à ma disposition une chambre puisque l’on a compris, ce qui est faux, que je n’ai plus de maison.

 Et puis le rideau retombe, la guerre se termine, chacun retourne à ses petites mesquineries quotidiennes.diariste+fb+alt+16/09/2015

frise th

Lorsque Stéphen décède, j’ai 55 ans. Au point de vue travail, les choses ont changé car les services de l’immigration et du travail ont accepté que des femmes venues des Philippines viennent s’occuper, 24 heures sur 24 de personnes âgées, à des prix défiant toute concurrence, donc le travail est plus dur à trouver.

 Heureusement pour moi, les services de main d’œuvre sont compréhensifs et savent qu’à mon âge, mon métier est de plus en plus difficile à faire car souvent il faut s’occuper de grabataires et donc avoir un bon dos et de la force. Je vais  obtenir, et ce, jusqu’à ma retraite, une somme mensuelle modeste certes, mais qui m’aidera à tenir le coup jusqu’à mes 60 ans et me permettra malgré tout de travailler sans toutefois avoir le droit de dépasser une certaine somme mensuelle, salaire et aide confondus.

 Une société genre « manpower » s’installe à côté de chez moi et je vais travailler toujours comme aide-soignante mais seulement 3 ou 4 heures par jour et à côté de mon domicile. J’ai très peu pour vivre mais comme j’ai toujours su me contenter de ce que j’avais et que mes goûts sont modestes, je vais tenir le coup sans trop de problèmes.

 Deux choses vont changer ma vie : la première c’est que je vais me mettre à étudier l’astrologie par correspondance ; des études formidables qui vont me plaire infiniment. Parallèlement, je vais découvrir que dans mon quartier, beaucoup de chats abandonnés errent, malades, maigres, malheureux, or j’ai toujours aimé les bêtes et petit à petit, je vais d’abord les nourrir, mais aussi les soigner. Des vétérinaires  vont m’apprendre les rudiments à connaître pour soigner les maladies les plus faciles : diarrhées, infection des yeux, des oreilles, champignons etc…et comme j’ai toujours aimé la médecine, je vais comprendre très vite comment faire et les résultats seront très encourageants.

 Mais bien sûr cela ne plaît pas à tout le monde ; il y a ceux qui s’arrêtent et me sourient, ceux qui s’arrêtent et me demandent si je n’ai pas quelque chose de plus intéressant à faire, ceux qui ne comprennent pas comment je peux dépenser mon argent à des « choses » si peu importantes alors que des enfants meurent de faim à travers le monde, et quand je demande à ces mêmes gens  à quels organismes ils cotisent, ils partent sans répondre et enfin les derniers, les plus virulents qui vont jusqu’à lever la main sur moi, je les regarde bien en face, qui va céder ? eux, car ils baissent le bras.

 Des années plus tard, d’autres gens ont pris le relais, les « pas d’accord » sont soit morts, soit ont fini par accepter ce qui est inévitable, presque tous les chats ont été stérilisés, et donc à de rares exceptions près, il n’y a plus, ni aveugles, ni malades, ni malheureux.

 Dans mon immeuble, il y a de l’eau dans le gaz entre les propriétaires et moi ; la propriétaire surtout ne peut plus me sentir car je ne me plie pas aux règles qu’elle et son mari ont instituées depuis des lustres et qui consiste à descendre chez eux pour un rien et de papoter sur tout et sur rien mais surtout sur les autres locataires, au lieu de cela, je leur remets chaque mois le chèque de mon loyer dans leur boite aux lettres et en dehors du bonjour obligatoire quand je les croise, je ne leur parle pas.

 De plus ils ne peuvent pas me  jeter dehors car j’ai un contrat à vie dans cet appartement, contrat qui existe ici et que j’ai obtenu alors que j’étais nouvelle immigrante.Donc la guéguerre a commencé, on bave sur mon compte, si on le peut, on me vole mon courrier, on dépose des crottes de chats et chiens devant ma porte et pour cela on se sert d’un voisin qui obéit comme un petit chien à ses nouveaux maitres de peur d’être jeté dehors car lui ne bénéficie pas du même contrat que moi. Comme d’habitude, je ne dis rien, je nettoie, j’achète une bombe de gaz lacrymogène que je porte suspendue autour du cou et bien visible, dans le cas ou…..et j’attends.

 Un jour, le propriétaire meurt d’une crise cardiaque ; sa femme qui ne s’est pas calmée pour autant, continue ses manigances jusqu’au jour où après avoir fait quelques travaux dans l’immeuble, elle demande à chaque locataire sa participation aux frais.

 Je demande copie de la facture, je ne la recevrai jamais, car il s’agit d’un travail fait au noir ce qui n’a pas empêché la méchante femme de prétendre avoir payé des sommes bien plus importantes que celle indiquée et comme par ailleurs j’ai quand même donné un acompte dont j’ai fixé moi-même le montant car des travaux ont bien été effectués, on ne peut pas m’accuser de ne pas payer. Peu après, la proprio est hospitalisée. Elle décédera peu après. Ses enfants ont repris la gérance de l’immeuble, ils ne m’ont jamais rien demandé, nous entretenons de bons rapports, je paie ce que je dois. Encore un problème qui a trouvé sa solution avec l’aide de …..

 Un jour, j’ai mis fin à mes sorties nocturnes j’ai quitté la scène en pleine gloire et avant de recevoir des tomates pourries. Mes amis et connaissances n’ont rien compris à ma décision car je n’ai rien expliqué non plus, mais j’ai tenu le coup et petit à petit, les coups de fil ont cessé et j’ai  eu la tranquillité que je recherchais.

 J’approche de la soixantaine, je vais enfin pouvoir m’arrêter de travailler, mes connaissances me disent que je vais drôlement m’ennuyer quand je n‘aurai plus d’occupations, mais moi je sais que ce n’est pas vrai.

 Ce que je retiens de ces presque 20 ans auprès des personnes âgées, c’est que je ne veux pas devenir comme elles. Le vieillissement physique est inévitable et il ne faut pas lutter contre mais  l’accepter tout simplement, mais les doléances tendant à se plaindre sans cesse pour des broutilles, à critiquer tout et rien, ce n’est pas pour moi. Je veux faire des années qui me restent à vivre, des moments agréables, je veux continuer à m’intéresser à tout, je veux entretenir mes neurones, je veux…. Je veux…. Oui je veux encore tellement de choses.diariste+fb+alt+ 17/09/2015

 frise th

Octobre 1998, j’ai 60 ans, je suis retraitée, la dernière ligne de ma vie vient de commencer, je ne sais pas bien sûr combien de temps elle va durer et je ne peux pas dire si je veux qu’elle soit longue ou courte, la seule chose que j’espère c’est que mes 9 chats partent avant moi pour le reste je m’en remets à D-ieu ou au destin.

 Mais je constate une chose, Quand l’avenir n’est plus mesurable, le passé prend des dimensions très importantes, chaque petit détail est revu et corrigé, on passe en revue les bons moments et les moins bons comme autant d’expériences vécues, on se demande ce qu’il reste d’important à faire.

 Et internet va entrer dans ma vie. Là encore il s’agit d’une décision que j’ai prise alors qu’un mois auparavant, j’ignorais tout de la toile. Je ne comprends pas comment cette idée m’est venue, elle aussi m’a-t-elle été inspirée par……c’était en 2008, en mars, que j’ai fait mes premiers pas sur le web et depuis c’est devenue ma principale occupation. J’ai eu beaucoup de chance de vivre à cette époque et de m’adapter à des moyens si modernes.

 Beaucoup de gens on peur de la mort et ils commettent l’erreur de refuser d’en parler, ils en font un sujet tabou et lorsque leur heure est arrivée, ils s’accrochent de toutes les forces qui leur restent, à ce petit souffle de vie.

Ils oublient que cette vie qui est en train de s’en aller est celle qu’ils critiquaient souvent, se plaignant de tout.

 Moi, je veux la voir venir, je veux la sentir s’approcher pour me prendre, je veux pouvoir faire un dernier examen de conscience, je veux être maître de ma vie jusqu’au dernier moment  mais mes prérogatives s’arrêtent là, c’est pourquoi je suis contre l’euthanasie ou le suicide car l’homme touche là un sujet dont il n’est pas le maître, celui-ci appartenant à D-ieu.

 Je voudrais aussi savoir si comme beaucoup , j’aurai la chance de voir ce tunnel par lequel on passe pour arriver dans le lieu qui nous attend, je veux savoir si tout ce que j’ai pensé concernant l’autre monde s’apparente plus ou moins avec ce qu’il y a de l’autre côté.

Et enfin que voudrais savoir si ce D-ieu dans lequel j’ai tant crû existe et aussi ce qu’il pense de moi, de ma vie, de ce que j’en ai fait.Y- a- t-il une autre vie après la mort ? et si oui est elle comme je l’ai imaginée, revient-on sur terre pour une nouvelle expérience ou part-on dans des mondes supérieurs lorsque la vie que l’on a menée sur terre à été conforme à ce que l’on attendait de nous. ?

 Cette suite ressemble-t-elle au poème que j’ai écrit ?

ENTRE DEUX MONDES

 

 

Je suis là, ne vois rien mais j’entends,

Le bruit des pas, les murmures étouffés,

Où suis-je et surtout depuis quand ?

J’aimerais bien savoir ce qui m’est arrivé.

 

 Hier on m’a parlé, je connaissais la voix

Mais que m’a-t-on dit ? je ne m’en souviens pas

Et puis, cette odeur qui m’est familière

Qui me rappelle quelqu’un, qui me rappelle ma mère.

 

 Je ne sens pas mon corps, il ne me fait plus mal

Aurais-je été victime d’un accident banal ?     

Et si cela était serais-je à l’hôpital ?

 

 Maintenant, je vois un tunnel et au loin,

Se pourrait-il que je sois déjà mort ?

Une lumière blanche telle un petit point

Je presse le pas, je voudrais être dehors       

                        

 Autour de moi on s’active,

On me parle, on m’invective

On me secoue et l’on me crie

De ne pas renoncer, de continuer à vivre.

 

 Mais cette lumière au loin

Est plus forte que tout.

Je sais qu’à ce stade, je peux encore choisir

Retourner d’où je viens, ou bien alors partir

 

 Amis, famille vous qui m’aimez,

Ne me retenez pas, laissez-moi m’en aller

Ici j’ai fini mon temps

Ailleurs est ma renaissance

 

 D’en bas me parviennent les derniers petits bruits

Il nous quitte, il s’enfonce

Il ne veut plus lutter, il renonce

Il vient de décéder, il est midi.

 

 Sorti du tunnel je vois une splendeur

Des arbres des  couleurs et des fleurs

Et ma mère qui, par sa présence

M’apprends  que tout recommence.

 

 C’est donc cela mourir

C’est continuer à vivre

Ailleurs et autrement

Mais bien plus fort qu’avant.

 

 Vivants n’ayez plus peur

Un jour vous partirez

Au bout de ce tunnel vous découvrirez

Que la vie ne s’arrête jamais.

 

Yaël

 

On m’a posé la question suivante :….. mais la femme que tu es aujourd’hui est -elle en accord avec elle-même ? As tu trouvé cette paix intérieure que tu as si longtemps cherchée ?

 La réponse est OUI, cent fois oui, mille fois oui. Malgré les erreurs que j’ai commises, je ne regrette rien car ma vie a été conforme à mes idées, j’ai toujours suivi ce qui me paraissait juste, et plus que tout, j’ai toujours agi en mon âme et conscience.Je peux partir tranquille et seul, Celui devant lequel je me présenterai aura le droit de me juger. Je m’en remets entièrement à Lui.

 Pour ce qui est du peuple avec lequel j’ai choisi de vivre, je l’aime avec ses qualités et ses défauts, il n’est ni mieux ni moins bien qu’un autre, mais il est différent car D-ieu l’a choisit pour être son message auprès des autres peuples et au moment du jugement dernier, D-ieu jugera les autres peuples en fonction de leur conduite envers «  le peuple élu »

Quant à mon âme, elle se sent bien dans mon corps vieilli et elle est très fière de sa nouvelle identité qu’elle porte tel un trophée.

frise th

  (écrit le 12/09/2015 et jours suivants)

 6 ans ont  passé depuis que j’ai écrit « la passagère du dernier train » et je suis toujours dans un des wagons de la vie.

 Grâce à internet et à facebook, j’ai découvert les horreurs perpétrées envers les animaux et ne pouvant accepter d’être plus longtemps responsable, même de façon passive de ces massacres, je suis devenue végétarienne et même presque végétalienne et ce, depuis plus de trois ans.

 Des changements sont intervenus en moi, mes douleurs d’arthrose ont disparu, mon diabète n’est plus qu’un mauvais souvenir ainsi que mon cholestérol. Je me suis remise à cuisiner, me mitonnant des petits plats accompagnés d’épices que je ne connaissais pas. Donc, si mes déductions sont exactes, je mourrai en bonne santé.

 Ces dernières années, j’avais beaucoup grossi et j’ai décidé de remettre là aussi les choses en ordre. Je viens de perdre 13 kgs en 8 mois et je vais continuer.

 Il ne me reste que deux minettes, l’une âgée de plus de 17 ans « Chloé » et l’autre, « Sissi » la petite jeunette de 11 ans passés.

 Chloé n’en a plus pour longtemps, son train arrière se bloque de plus en plus mais elle ne semble pas souffrir, mange bien et aime toujours autant les câlins qu’elle réclame à grands cris.

Quand je sentirai que son heure est venue, c’est dans mes bras qu’elle partira, tout doucement, accompagnée des mots d’amour qu’elle aime entendre. J’ai chez moi tous les produits pour qu’elle fasse son « grand voyage » dans les meilleures conditions possibles.

 Mais j’ai aussi découvert sur facebook :

 -un monde artistique fait de dessinateurs, illustrateurs, peintres, photographes, sculpteurs tous plus talentueux les uns que les autres et qui me ravissent par leurs productions qu’ils offrent à mes yeux avides.

 des citations de personnages connus ou non, pleines de sagesse et que beaucoup devraient lire et utiliser car quand on voit les doléances de certains, on comprend que ces gens là ne savent pas relativiser pas plus qu’ils ne comprennent la chance qu’ils ont d’avoir ce qu’ils ont alors qu’un peu partout dans le monde, des hommes, des femmes et des enfants n’ont rien et meurent tout doucement dans l’indifférence générale.

 Et puis, ici et là, des rencontres intéressantes avec des gens simples, bien élevés, qui ont quelque chose à dire et qui le disent avec simplicité et sincérité, denrée rare de nos jours. Avec ces gens là, je papote de temps en temps jamais bien longtemps mais des quelques mots échangés, naît  une complicité et une entente bien agréables à ressentir.

 Je dis toujours et je le répète ici : Facebook n’est ni bon, ni mauvais, ni dangereux, il est tout simplement ce que l’on fait de lui.

Enfin, mon dernier projet que, pour une raison que je ne comprends pas, je lambine à réaliser :  pratiquer  l’écriture automatique.

 J’en rêve depuis longtemps et je devrais normalement y arriver puisque d’un coté j’y crois, et que de l’autre  je désire me perfectionner pour aider mon prochain en transmettant à ceux et celles qui souffrent  des messages de paix, des nouvelles de leurs disparus, ou encore aider les entités en envoyant leurs messages.

 Mon gros problème c’est que je n’ai jamais su me concentrer ; très vite mon esprit,  au lieu de rester  là où il doit être, s’en va dans des contrées sans fin.

 Si j’arrive à nouer un contact un jour, je vous le ferai savoir.

 Le 14/09/2015 – je crois que cette fois-ci c’est la bonne. J’ai  cherché sur facebook un groupe qui pratique « l’écriture automatique » et je l’ai trouvé. Les premiers contacts sont très intéressants et je crois être tombée sur des gens sérieux et prêts à aider quelqu’un comme moi qui débute.

C’est donc décidé, je me lance ; je ne sais pas combien de temps cela va prendre car le premier contact n’est jamais très facile et il faut beaucoup de patience et de détermination pour arriver à entrer en relation avec les entités supérieures mais comme je crois que j’ai encore un peu de temps devant moi, je vais m’armer de patience en repensant à tous les projets que j’ai fait dans ma vie et que j’ai réussi à mener à bien parce que : « c’était l’heure » et que « je le voulais »

 Si j’arrive à mes fins, je consacrerai mes forces psychiques à la défense des animaux et de ceux qui les aiment. Je ferai intervenir les esprits bienveillants pour retrouver les animaux perdus, pour guérir ceux qui nécessitent de longs soins coûteux mais déjà j’ai un autre projet : avoir la capacité de stopper la main assassine qui tue pour le plaisir.

 Mais là, ce n’est surement pas permis car peut-être faut-il laisser chacun agir comme il le conçoit, même dans la cruauté, afin que son destin s’accomplisse à lui aussi.

 Quand je regarde derrière moi tout ce chemin parcouru, je suis heureuse de la vie qui m’a été offerte car j’en comprends la raison et  l’intérêt.

-Que je sois née infirme,

-que mes parents ne m’aient pas donné l’amour que j’attendais,

-que mes deux mariages aient été un échec,

-que mes fils aient décidé de ne plus me fréquenter,

tout cela et tout ce que j’oublie de dire, était nécessaire à  ma construction et à être ce que je suis devenue.

 Je ne sais pas si j’ai eu raison ou tort dans mes agissements mais si j’ai toujours essayé d’être responsable de mes actes et de mes paroles, j’ai toujours refusé de me sentir coupable car cela ne sert à rien de s’affubler d’entraves qui empêche d’avancer.

 J’ai un peu de mal à vous quitter car il me semble que j’ai encore des choses à vous dire mais…………………

 Je vous embrasse tous et souhaite à chacun de trouver le chemin qui est le sien.

 Très amicalement.

 Yaël Avraham

Publié dans:ma vie |on 20 septembre, 2015 |2 Commentaires »

le savoir enfoui

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Omraam Mikhaël Aïvanhov est un sage et nos chemins se sont croisés voici déjà plusieurs années.

J’ai toujours aimé ses écrits si riches de sagesse et d’enseignements et je vois que je ne suis pas la seule puisque je viens de découvrir sur le mur fb de Nadine Faucher https://www.facebook.com/nadine.faucher.50 le texte ci-dessous.

Beaucoup penseront qu’ils n’ont pas le temps de lire ce long discours, d’autres en riront, persuadés que les temps modernes que nous vivons nous interdisent de croire en de telles balivernes ; d’autres encore y jetteront un œil et se lasseront en cours de lecture et les derniers, très peu nombreux, le liront jusqu’au bout.

Parmi eux, il y a ceux qui une fois la lecture achevée fermeront l’article, persuadés qu’ils n’ont rien d’autre à en faire. Certains le reliront une autre fois sentant la richesse et la difficulté de tout retenir.

Les personnes comme Omraam n’ont qu’un seul désir, partager avec tous le fruit de leurs recherches, communiquer à ceux qui le veulent les connaissances acquises après un très long travail de réflexion.

Mais c’est à chacun de nous de faire l’effort nécessaire pour comprendre le message et l’utiliser afin de s’élever vers la sagesse qui donne à la vie qu’on a reçue la valeur qu’elle doit avoir.

Omraam Mikhaël Aïvanhov

Lorsque l’esprit de l’homme a quitté le sein de l’Éternel, il était en possession de tous les savoirs, de tous les pouvoirs, et il ne les a pas perdus, ils sont profondément enfouis, recouverts par des couches de matière opaque, mais ils sont toujours là, en lui.

Alors, comment les retrouver ? C’est simple : le travail et le temps… oui, le travail et le temps nécessaires pour la matérialisation, la concrétisation des puissances de l’esprit.

Mais ce qu’il faut connaître avant tout, ce sont les conditions dans lesquelles ce travail de matérialisation est possible. Ces conditions, beaucoup, même parmi ceux qui se sont engagés dans la voie de la spiritualité, ne les connaissent pas.

Sous prétexte qu’ils ont entendu parler des pouvoirs de la pensée, ils se lancent dans des exercices de concentration pour produire certains phénomènes ou réaliser des projets dans le plan physique ; et comme ils n’obtiennent pas de résultat, ils sont déçus et ne s’exercent plus, ce qui est dommage. Ou alors, ils persévèrent et détraquent leur système nerveux, ce qui est encore plus grave.

La suite ici : http://herosdelaterre.blogspot.co.il/

Publié dans:mystique sagesse |on 20 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

l’invention de l’amour

 

 

 

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« Invention of Love » raconte l’histoire d’amour tragique entre un inventeur de génie et une jeune femme très jolie. À travers la frénésie créative de cet homme, suivez le déchirement amoureux de ces deux jeunes gens. SooCurious partage avec vous ce court-métrage aussi esthétique qu’émouvant.

http://soocurious.com/fr/amour-perdu-inventeur/

Les machines peuvent reproduire ou copier la nature, mais elles  ne sont jamais capables de remplacer ce qu’elles copient.

Rappelez vous de cela quand vous êtes devant votre ordinateur, votre portable, votre tablette ou même votre télévision.

 

Publié dans:émotion |on 19 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

Qui est Frank Wendel ?

 

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Mais qui est Frank Wendel ?  un photographe ?  un artiste ? les deux bien sûr mais aussi quelque chose d’autre mais ce que je sais, c’est que derrière cet homme qui se cache, existe un être talentueux qui nous offre des merveilles à contempler.

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https://www.facebook.com/frank.wendel.7?fref=photo

 

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Publié dans:talent |on 17 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

citation de Sénèque

 

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« Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir. » Sénèque

Publié dans:Non classé |on 17 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

Ce que D-ieu écoute

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« Je ne puis vous apprendre à prier avec des mots. 
Dieu n’écoute pas vos paroles sauf lorsque Lui-même les prononce à travers vos lèvres. »
Khalil Gibran 

Publié dans:mystique sagesse |on 16 septembre, 2015 |Pas de commentaires »

Une vie, la mienne

 

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Elle s’appelle Suzanne, elle est née en décembre 1911, dans une petite ville de France en Normandie.

Elle était l’avant-dernière de 11 enfants. Son père était menuisier et sa même élevait la marmaille. Il semble qu’il s’agissait, sinon de gens riches, du moins qui n’étaient pas dans le besoin.

Le malheur a frappé deux fois à 6 mois d’intervalle. Le père est décédé à la maison de crise d’urémie et la maman, 6 mois après, de tuberculose.

Poussées par la faim, Suzanne et sa petite sœur Marcelle âgée  de 2 ans passés, sont sorties de la maison et ont erré dans les rues en quête de nourriture.

C’est là qu’elles ont été trouvées.

La plus jeune a été mise en orphelinat où elle a pu faire quelques études et Suzanne, à été placée chez un paysan pour y faire tous les travaux de la ferme. Souvent enfermée dans le placard à balais pour la moindre faute, punie à coups de sabots dans le derrière et mangeant seule à la cuisine comme une pestiférée, c’est ainsi qu’elle a grandi.

Elle avait alors 11 ans et c’était ma mère.

 

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Avant dernier de 4 enfants, André a vu le jour à Evron dans la Mayenne en  Février 1913. Sa mère, Marie, petite femme boulotte, s’occupait des gosses et son père Victor était le patron d’un hôtel restaurant dont il était le cuisinier.

C’est auprès de lui qu’ André va grandir et apprendre, à coups de taloches, le même métier que lui, après quoi, il sera envoyé par ce dernier à Paris pour y faire sa vie, armé d’un petit baluchon et de quelques pièces de monnaie.

Il est beau et plait beaucoup aux filles il n’aura donc pas besoin de faire des efforts pour obtenir ce qu’il veut. Cette facilité lui cachera l’intérêt qu’il ya  à  sélectionner ses désirs et à analyser ce qui se présente sur son chemin.

Il n’a pas quinze ans. C’était mon père.

 

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Les années ont passé, ma mère a changé de « crémerie » et est maintenant employée dans une famille de  maraîchers  dans la Mayenne, qui vendent sur les marchés «beurre, œufs, fromages » et comme il s’agit de personnes beaucoup plus humaines que les précédents tortionnaires, elle réapprend à compter en les aidant dans la vente de leurs produits.

Dans sa vie, Suzanne ne saura faire que deux opérations : la soustraction et l’addition mais pour le reste, elle deviendra très forte en calcul mental et quand elle se trompera, ce sera vraiment de très peu.

Elle aura aussi une belle écriture régulière et appliquée et si elle fait des fautes, elle s’appliquera à en faire le moins possible car elle est intelligente et a une très grande soif d’apprendre mais comme elle est très timide et aussi complexée, elle n’ose pas faire part de ses souhaits à son entourage qui pourrait se moquer d’elle.

C’est une laborieuse, doublée de sérieux et ses patrons l’estiment beaucoup. Elle a appris d’eux à mettre de l’argent de côté chaque mois afin de se constituer un petit pécule pour plus tard et comme ils ont confiance en elle, quelquefois, ils la laissent sortir le soir pour aller danser, ce qu’elle aime et qu’elle fait si bien. Elle a 25 ans (1936)

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André lui, fait sa vie et la vie  à Paris. A son arrivée,  Il a trouvé un emploi d’apprenti cuistot chez « Graff » un restaurant à Pigalle, ouvert la nuit, et offrant à sa clientèle de tous bords, des spectacles de striptease. Les péripatéticiennes sont légions dans ce quartier de plaisirs et André est « à la colle » avec l’une d’elles alors qu’il n’a pas encore quinze ans.

Après tout, la vie ne semble pas trop mal se goupiller pour ces deux là sauf que, étant très différents l’un de l’autre, il aurait été préférable qu’ils ne se rencontrent jamais, car être différent c’est bien, cela enrichit mais être à l’opposé l’un de l’autre,  forme une frontière parfois infranchissable.

Il a 23 ans et se prépare pour aller danser.

Il faut croire que les contraires s’attirent puisqu’un jour…………..

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La baraque a été installée sur la place de l’Hôtel de Ville à Evron, déjà les couples se présentent  et après avoir acquitté le droit d’entrée, ils reçoivent sur le dessus de la main, le tampon faisant foi de leur paiement.

Des bancs sur les deux côtés accueillent leurs premiers visiteurs et l’orchestre se prépare en  effectuant quelques gammes sur le piano, bientôt rejoint par l’accordéon à touches.

Ce soir c’est le 15 aout, le matin, c’était au tour de la sainte Vierge d’être honorée comme il se doit et maintenant, les jeunes du village et d’alentours vont oublier leurs soucis quotidiens et tourbillonner jusqu’à n’en plus finir.

Sur la piste un couple se fait remarquer ; lui, pas très grand (1m70) et elle, plus petite, bien belle dans sa robe à fleurs dansent une valse et ils tourbillonnent un coup a l’endroit, un autre à l’envers comme pourraient le faire les ballets russes.

Quelques tangos et slows plus loin, les corps se sont rapprochés ,  pas trop tout de même, juste ce qu’il faut pour que l’un communique son désir à l’autre qui l’accepte sans rien laisser paraître.

 

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Suzanne est  une fille appréciée de tout son entourage et surtout des plus âgés qui voient en elle une fille vertueuse, qui ferait surement une bonne épouse et une bonne mère et c’est pourquoi, quand André la présente à ses parents elle est  accueillie à bras ouverts.

Marie, la mère n’a surement pas dit grand-chose, habituée qu’elle était à laisser son époux parler et Victor, qui n’était guère plus bavard,  a simplement tapé sur l’épaule de son fils en guise d’approbation.

Avant de devenir Monsieur et Madame « A » ils sont  séparés quelque temps puisque la vie d’André est  à Paris et celle de Suzanne dans la Mayenne et on peut imaginer que seules des lettres, bourrées de fautes pour l’un, pleines de retenue pour l’autre  font  le  lien entre les deux amants qui ne l’étaient certainement pas.

Enfin, le moment  tant attendu de s’unir est arrivé, mairie et église ont donné leur consentement et le mariage a pu enfin être consommé.

Comment cela s’est il passé ? seuls, les acteurs de cette scène pourraient le dire mais ils ne sont plus là pour le faire, et même s’ils l’étaient, c’est avec une certaine vulgarité que lui, raconterait et elle, rougirait jusqu’aux oreilles intimement convaincue que « ces choses là » se font entre époux mais ne se racontent pas.

Elle soumise, lui hâbleur, Monsieur « je sais tout, j’ai tout vu et tu la fermes, »  le nouveau couple va bâtir une nouvelle vie faite de…………..

 

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Ils se sont installés tout d’abord dans une petite chambre de bonne au 6ème étage d’un immeuble du  XVIè arrondissement et quand un appartement s’est libéré, ils ont  commencé à vivre au rez-de-chaussée, dans un trois pièces en enfilade, qui donne sur une petite cour dont ils assurent l’entretien.

Lui, travaille toujours chez Graff et elle s’occupe de sa maison à laquelle elle doit tenir comme à la prunelle de ses yeux. Pensez donc ! pour la première fois,  maîtresse  chez elle.

Elle a installé, nettoyé, briqué tous les meubles dont un superbe buffet Henri III qui trône dans la salle à manger.

Dans sa minuscule cuisine, elle concocte de merveilleux plats faits avec trois fois rien car si lui est cuisinier, elle, elle est « cordon bleu » et très économe, elle sait faire bouillir la marmite sans dépenser toute sa fortune.

Une fortune qu’elle n’a pas car, en bon maître de famille, André ne lui donne pas toute sa paie mais seulement une partie qu’il a estimé suffisante et avec laquelle elle doit tenir tout un mois.

En fin de mois, Il a pris l’habitude de déposer sur le coin du buffet sa « générosité » qu’elle ramasse précieusement.

Il est assez difficile d’imaginer que ce couple est harmonieux car trop de choses les séparent.

Lui, travaille surtout le soir et la nuit (un restaurant à Pigalle se remplit de clients de la nuit et d’étrangers de passage venus s’acoquiner l’espace de quelques heures)

Elle, livrée à elle-même toute la journée ce qui ne doit pas, au départ, la déranger beaucoup car seule, elle l’a toujours été et elle est habituée à obéir, se taire et peut-être aussi rêver mais à quoi ?

Mais à quoi rêve une petite jeune femme qui n’a pas eu d’enfance, qui a connu une adolescence dont une partie a été malmenée, et qui s’est mariée, elle petite campagnarde, avec un beau gars de la ville ?

Il ne faut pas lui demander car il est possible qu’elle ne sache pas répondre à cette question.

 

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En janvier 1938, peut être à cause d’un hiver très rigoureux qui maintenait bien serrés sous la couette, les couples  légitimes, peut-être à cause d’une ovulation qui a pointé le bout de son nez un jour de congé du chef, toujours est il qu’ils ont fabriqué une petite fille qui naitra 9 mois plus tard.

Là  encore, des questions resteront sans réponse :

-ont-ils voulu cet enfant ?

- est ce un accident car sa venue n’était pas prévue si tôt ?

-le père sera-t-il fier de prouver au monde entier qu’il est, en plus  d’un amant merveilleux, un bon géniteur ?

-que ressent-elle à l’idée de porter la vie dans son sein,

-a-t-elle déjà des plans pour aimer de toutes ses forces cet enfant qui va naître ?

Il est plus que probable qu’elle n’a rien ressenti de tout cela, la nature avait fait son œuvre et il fallait l’accepter et comme par ailleurs tout ceci était parfaitement légal alors……

Même s’il est impossible de répondre pour elle, elle a bien sûr préparé la layette, acheté une commode pour y déposer les petits chaussons. Mais de quelle couleur étaient ils ces tout petits vêtements puisqu’on ne connaissait le sexe qu’a la naissance ? Du bleu, du rose, peut être même a-t-elle osé tricoter quelques brassières en jaune ou vert amande, même si cela était très osé pour l’époque. Le blanc était tout de même plus neutre

Ce qui est sur, c’est qu’en femme organisée qu’elle était, tout était prêt à la naissance et même quelques jours avant.

 

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Et que dire de ce couple  qui n’a pas encore deux ans d’existence.

Lui a surement continué sa petite vie faite d’un travail épuisant devant des fourneaux chauffés à blanc, poussant de nombreuses gueulantes sur ses mitrons  qui, décidément n’étaient  bon à rien, comme on l’avait fait sur  lui.

Quelques petites poulettes, chair fraîche et délurée qu’on s’offre pour presque rien et parfois gratuitement.

Elle, est à la maison. Elle astique, cuisine et écoute de temps en temps la radio. Peut-être aussi rêve-t-elle à autre chose, quelque chose d’insoupçonné mais qu’elle devine, la beauté, l’élégance, la finesse, la lecture, l’instruction, tout ce dont elle a été privée.

Mais à quoi bon rêver à des choses inaccessibles ? Le mieux n’est-il pas de se contenter de ce que l’on a et de retourner à ses casseroles ?

Quelques larmes ont dû mouiller parfois des joues lisses et roses, les mouchoirs ont séché les yeux humides et la vie a repris son cours immuable, sans joie ni peine mais aussi sans danger, seulement fait d’une monotonie  qui endort les esprits rebelles.

Le 26 octobre de l’année 1938 approche à grands pas, dans le ventre bien rond, des petits coups de pieds annoncent l’arrivée prochaine de ce petit bout d’homme ou de femme qui viendra prendre sa place dans le giron familial préparé pour lui.

On ne sait pas encore comment il s’appellera. On a prévu quelques prénoms de l’époque qui font référence aux grands parents paternels et on espère de tout cœur qu’il ou elle sera en bonne santé.

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Ce 26 Octobre 1938, la petite Jeannine, Simone (deuxième prénom de la maman, Andrée, (prénom du papa au féminin pour ne pas en faire un garçon manqué), a fait son entrée dans le monde.

Elle est née à Evron, à 8 heures, chez les grands-parents et elle sera scorpion, ascendant scorpion toute sa vie pour son plus grand plaisir et à la grande tristesse de son entourage car ces gens là, messieurs-dames, sont ingérables, ont un caractère pas possible, refusent de  plier devant les ordres, n’en faisant qu’à leur tête mais pour l’instant,  tout le monde semble heureux, surtout le papa qui la dévore des yeux.

Maman elle, selon sa bonne habitude, est beaucoup plus discrète,  les émotions et débordement de tendresse n’étant pas son fort mais une chose est sure, la petite sera bien élevée et soignée, toujours très propre sur elle, emmaillotée dans des langes bien serrés, finissant son biberon jusqu’à la dernière goutte car dans cette famille là, on termine  toujours ce que l’on a dans son assiette (même et surtout les poireaux)

Tout le monde est unanime pour dire qu’elle est très belle et jusqu’à l’âge de 7 ans on claironnera sur tous les toits qu’elle est très sage, qu’elle ne pleure jamais, un amour d’enfant quoi !

Il lui faudra pourtant attendre l’âge de 25 ans pour se débarrasser de ce cancan de rigidité fabriqué par une mère très sévère, un père absent pour la guider et une société dans laquelle les enfants n’ont pas le droit à la parole, mais quand elle se réveillera enfin, ses réactions seront, non seulement désordonnées mais aussi et surtout, terribles et par voie de conséquence, se retourneront contre elle, jusqu’à ce qu’elle comprenne.

Mais ne nous a-t-on pas donné toute une vie, pour comprendre le pourquoi du comment ? dédramatiser les situations difficiles à vivre ? en tirer les leçons qui permettent  d’avancer ?

c’est ce qu’elle fera mais seulement vers l’âge de cinquante ans, quand les passions se seront éteintes, quand les messages auront porté leur fruit et elle saura alors qu’elle a remporté une victoire, que ses blessures se sont cicatrisées qu’elle peut avancer sereinement vers cette fin de vie afin d’y arriver calme et sereine.

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On dit que les souvenirs d’un enfant apparaissent à partir de la troisième année, et si c’est vrai, c’est donc à cette époque qu’elle se souvient d’un soir ou la voisine est venue la garder car ses parents avaient dû s’absenter quelques heures.

Très déroutée et aussi très mécontente de ce changement dans ses habitudes, la gamine dirige sa colère vers la vieille femme qui ressemblait plus à une sorcière qu’à une mamie

-t’es laide, t’es méchante, je ne t’aime pas ! lui a-t-elle jeté à la figure pendant que la vieille mangeait sa patate précédemment posée sur le poêle à charbon qui réchauffait  la pièce.

On  est en 1941, la guerre bat son plein mais comme papa est cuisinier, il ramène à la maison beurre et viande délicatement « empruntés » à son patron et maman, toujours aussi besogneuse, sait en faire des merveilles qui durent suffisamment longtemps pour attendre la prochaine livraison.

On a toutefois remarqué que la petite ne marchait pas comme il se doit, elle claudique, elle tangue du côté gauche ; faut-il s’en inquiéter ?

Le premier docteur consulté est un vieux monsieur à monocle et après avoir tripatouillé la gamine ici et là a décrété qu’elle n’avait rien mais que comme elle était assez potelée, sa boiterie venait d’un petit excédant de poids.

Il ne serait pas venu à l’esprit de Suzanne de mettre en doute un diagnostic émanant d’un homme appartenant à la classe supérieure et c’est le cœur léger qu’elle rentre à la maison avec sa fille.

Toutefois et pour une raison inexplicable, maman va vouloir garder une belle photo de sa petite fille car sait-on ce qui peut arriver ?

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Jeannine à trois ans et elle va rentrer à l’hôpital. La boiterie continuant et même s’accentuant, un autre médecin à été consulté. Il est jeune et avant de dire quoi que ce soit, il demande une radio des hanches et le résultat tombe :

Luxation congénitale bilatérale.

Même si Suzanne n’a pas compris grand chose, ces trois mots parlent d’eux mêmes :

La luxation est un déboîtement – congénitale veut dire : héréditaire – bilatérale c’est-à-dire, des deux côtés.

C’est alors que la jeune maman se souvient que sa petite sœur Marcelle boitait elle aussi donc…….le problème viendrait-il d’elle ? serait-elle coupable ?

Le médecin s’est voulu rassurant et à expliqué que le problème avait été accentué par les langes qui rapprochaient les deux pieds, la nuit, pendant de nombreuses heures mais qu’en mettant l’enfant dans un pantalon de plâtre en écartant au maximum les deux jambes, pendant un certain temps, la tête du fémur devrait se remettre progressivement dans l’articulation du bassin.

Ce qu’il a oublié de préciser, c’est qu’une partie du bassin manquait et que ça, ça ne repousse pas mais nécessitera, plus tard, une greffe que l’on appelle : une « butée »

La clinique se trouve loin de la maison et il a fallu prendre le petit train ceinture de la porte d’Auteuil.

Jeannine ne se rappelle pas de son arrivée mais par contre, elle revoit très bien la salle d’opération sur laquelle on l’a mise toute nue. De chaque côté des femmes à blouse blanche qui essaient de lui mettre sur la figure un masque à éther pour l’endormir. La petite se débat et tourne la tête de chaque côté pour éviter cet appareil de torture mais à un moment, les femmes en blanc ont gagné, et….. elle s’endort.

Quand elle se réveille, elle est dans un immense lit dans lequel se trouve un énorme ventilateur qui a pour mission de sécher le plâtre et maman est assise sur une chaise à côté d’elle.

Elle a des nausées, elle vomit, elle a peur et maman lui dit de se calmer.

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De retour à la maison, la gamine continue à mener sa petite vie comme si de rien n’était. Bien sûr elle vit couchée et elle passe ses journées à chanter et à parler à ses poupées.

Les soins vont durer 16 mois, 4 fois quatre mois avec des positions différentes, des jambes qui seront tour à tour, allongées écartées, allongées pliées, allongées écartées et allongées droites.

C’est toujours la guerre mais cette famille ne semble pas en souffrir sauf qu’elle se souvient que quand on entend les sirènes, on descend dans la cave où on retrouve des voisins qu’on ne connait pas et on attend que cela passe. Pour Jeannine, c’est un dérivatif car elle quitte pour quelques temps son lit et quand on remonte de la cave, les adultes soufflent de soulagement et la petite aurait bien voulu que ce petit voyage dure un peu plus longtemps car, somme toute, c’était plutôt amusant tous ces gens qui parlent alors que chez elle c’est le silence monacal.

Papa à un ami, Gaston, il est pâtissier, son épouse Andrée est couturière et ils ont un fils Max à peu près de l’âge de Jeannine.  Ils habitent à Eaubonne et de temps en temps, maman fait le voyage jusque là pour que sa fille respire le bon air de la campagne.

Un jour, elle s’en souvient, elle se trouve dans le potager, couchée sur une couverture posée sur l’herbe et sa maman puise l’eau dans le puits à l’aide d’un seau.

Maman s’est penchée et la petite à crû qu’elle tombait dans le trou. Cette grande peur l’a renversée en arrière et le petit seau de sable avec lequel elle s’amusait a déversé son contenu dans le pantalon de plâtre.

Pour retirer ce corps étranger qui grattait très fort, il a fallu la prendre par les pieds et la secouer comme un prunier afin de le faire tomber ; maman criait très fort après cette petite gourde qui décidément ne faisait que des bêtises.

Mais à part cela, tout va bien et la vie continue.

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Mais dans cette petite vie, assez terne, il faut bien le reconnaître, il y a un autre voyage, un grand cette fois. La famille part en toute hâte à Evron chez les grands-parents car papa a appris qu’il était sur une liste des français réquisitionnés pour partir travailler en Allemagne et le seul moyen d’éviter ce départ est qu’on ne le trouve pas chez lui quand on viendra lui faire part de son « affectation »

Ils sont là sur le quai de la gare, le train est à quai et les voyageurs, très nombreux, grimpent dedans avec paquets, baluchons et valises. Voyager avec des enfants c’est déjà assez compliqué, mais quand le petit a un pantalon de plâtre, jambes écartées, il prend une place plus qu’importante et il n’est pas facile de grimper dans ce train avec, sur le dos, une gamine dont le corps est plus large que l’ouverture qui conduit aux compartiments

Un monsieur aide, il pousse, il tire ; la petite, sur ordre de son père, s’accroche  au cou de l’étranger et c’est alors que le train commence à démarrer laissant ses parents sur le quai.

Mon D-ieu qu’elle a eu peur de ne jamais les revoir, pourtant, elle les a retrouvés ou c’est plutôt c’est eux qui l’on cherchée et retrouvée dans les WC du wagon avec d’autres enfants qui, momentanément, avaient perdus leurs  géniteurs.

A Evron, elle est la reine, d’abord parce qu’on ne la voit pas souvent, ensuite parce qu’elle est jolie, et enfin elle est handicapée alors toutes les attentions sont pour elle et il est possible que les cousins aient été un peu jaloux de ce traitement particulier auquel ils n’avaient jamais droit.

On doit être en 1943, et c’est à ce moment là que Blanche entre dans l’histoire.

 

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Papa a 2 frères et une sœur. Il y a d’abord Roger, l’ainé, caractère de cochon qui n’en fait qu’a sa tête et qui a épousé Blanche que les beaux parents n’aiment pas.

C’est une grande femme,  un peu dolente et même si elle ne dit pas grand chose, elle  ne semble pas manifester le respect qu’elle doit à ses beaux parents.

Elle a fait 6 gosses la Blanche et sa santé en a pâti, elle tousse beaucoup et doit s’aliter quand la tête lui tourne.

En 1943, elle habitait à Nantes, ville qui subissait la guerre de plein fouet. Roger son mari où était-il ? celle qui raconte n’en sait rien mais elle a entendu dire qu’a un moment de son parcours, il avait fait du marché noir et plus tard, de la prison.

Est-ce la raison pour laquelle Blanche et sa marmaille sont arrivées un jour chez le grand père qui a bien été obligé de les accueillir ?

La petite n’a qu’un souvenir vague de ses cousins la, elle se souvient seulement de deux choses : un des enfants de Blanche tue un lapin en le projetant de toutes ses forces sur un mur pour l’estourbir. La, elle a eu peur la petiote.

Et puis à un autre moment, Blanche quitte la famille avec ses gosses en file indienne derrière elle, chacun un petit baluchon sur l’épaule.

Elle n’apprendra que bien plus tard l’histoire sordide qui a mis une femme et ses 6 ans, tout petits sur la route de l’exode et tout ceci, avec la bénédiction du patriarche.

Paul lui est le second, mince et myope il sera menuisier et il épousera Marie Thérèse une fille de la région. Ils auront 3 enfants, deux fils et une fille qui, plus tard, se détourneront de leur mère  ce qui, avec le reste, la conduira à boire puis, au suicide.

Suzanne a toujours bien apprécié ce frère de son mari qui, de plus, est très croyant donc, il ne peut qu’être un bien bel homme (au sens noble du terme bien sûr) à moins que…..

La troisième est une fille Paulette, ressemblant trait pour trait à sa mère, petite et grosse. Juste avant la guerre elle s’est fiancée à un jeune homme qui hélas mourra dans un camp.

A la fin de la guerre, c’est un compagnon de ce disparu qui viendra annoncer la nouvelle et racontera les derniers instants  de son ami  de captivité et c’est avec lui que Paulette fera sa vie.

Les Allemands se sont bien installés dans la région dont ils occupent la mairie, la gare et tous les bâtiments officiels.

Comme il n’y a aucun danger pour l’instant, ils sont débonnaires et viennent souvent se restaurer chez le grand-père. Il y a eu par exemple ce gros allemand qui, apercevant Jeannine, s’agenouille pour lui parler et surement lui dire de gentilles choses peut être avait-il lui-même des  petiots dont il était séparé ?

L’enfant n’est pas vraiment timide et elle trouve bien gentil ce monsieur au gros ventre. Elle va toutefois jeter un œil sur maman qui n’est pas loin, et quand elle voit la panique muette qui s’est emparée d’elle, elle pousse un hurlement de terreur et se précipite dans les jupes de celle-ci.

Jamais elle n’oubliera cette scène pourtant fugace et c’est là qu’elle comprendra qu’on peut transmettre la peur à distance. Pourtant elle n’a pas cinq ans.

 

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Début 1945, la libération de la France  est proche, les Allemands sont fébriles, les sirènes sifflent de toutes parts et très souvent  Pépé, Mémé, Papa , Maman ainsi que les clients de l’hôtel  sont tous réunis dans la grande salle à manger, couchés sur des matelas à même le sol en attendant que ça passe. Toutes les fenêtres sont ouvertes pour éviter les éclats de verre dont certains peuvent être mortels.

Autour de lui, Grand père a installé tous ses trésors, ses objets de valeur,  sa batterie de cuisine et son argenterie.

Quand on doit, pour un besoin pressant, quitter la salle à manger, on circule à genoux et Jeannine a envie de pouffer de rire quand elle voit ses grands- parents, ainsi que les clients  se déplacer à quatre pattes mais un regard sévère de maman arrête son fou-rire.

A certains moments, quand la situation est plus calme, la gamine va à l’école et c’est là  qu’elle apprend à lire et à écrire.

Au fait, maintenant qu’elle n’a plus de plâtre, elle marche comme tout le monde ou presque mais beaucoup d’interdictions sont venues  gâcher son avenir : interdit de courir, d’être longtemps en position debout, de faire du sport, sauf piscine et vélo et plus tard : interdit de porter des talons, de danser, de faire les magasins, d’attendre trop longtemps l’autobus etc……

Mais pour l’instant, toute heureuse  d’être libérée de son carcan, elle va et vient et sautille.

Enfin, les bonnes nouvelles arrivent, Evron est libéré. Les américains ne sont qu’à quelques kilomètres et bombardent la ville et ses environs.  Il n’en faut pas plus pour que ceux qui n’avaient pas fait grand-chose pour sauver le pays, s’offre un petit quart d’heure de courage quand il n’y a plus de danger, ou presque.

André et un copain partent en direction de la gare afin d’en ramener si possible quelque chose de dérobé aux boches, qui, eux-mêmes l’avait dérobé aux bons français,  comme par exemple un vélo, ce qu’ils font, seulement voila qu’à peine leur forfait accompli, des allemands  apparaissent et tentent de les arrêter.

Le copain et André lâchent  leur prise et se mettent à courir  de toute leur force, se séparant à un moment de leur course.

L’ami rentre dans une maison, il est rattrapé par ses poursuivants qui l’abattent de plusieurs balles dans le corps.

André lui, continue à courir, il saute un mur très haut, se perd dans les broussailles et fini par arriver à l’hôtel du père tout essoufflé et blême.

Cette histoire sera racontée bien plus tard et il est à peu près sûr que certains détails  seront retirés et d’autres enjolivés pour que l’honneur soit sauf.

 

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1945, La ville est entièrement libérée, les américains sont partis non sans avoir avant nettoyé les poches de résistance allemandes mais des allemands qui n’avaient pas pu s’enfuir ont été attrapés ça et là par les habitants qui les ont découverts.

L’un d’eux, un simple troufion, d’après son uniforme et son képi ,est devant l’hôtel, entouré d’une foule de badauds qui rient, insultent et menacent ; à côté de lui, une charrette non attelée et près d’elle, un énorme tas de pierres de toutes dimensions. Le prisonnier à ordre de remplir la charrette mais celle -ci s’incline dès que le chargement est important et la plupart des pierres retombent à l’extérieur.

Nouveaux rires, insultes, menaces et l’homme doit recommencer et recommencer encore.

Lorsque  la petite arrive et qu’elle découvre la scène, elle  comprend que cela doit faire un moment que le prisonnier est occupé à cette tâche idiote car ses mains sont couvertes de sang.et elle a  mal pour cet homme qui est seul et  complètement impuissant devant cette foule qui hurle, crie et rit.

Du haut de ses presque 7 ans, elle ne comprend pas comment des gens peuvent se moquer d’un homme qui ne peut se défendre, d’un type lambda qui exécutait les ordres.
Elle ne sait pas  ce qui est arrivé après, sa mère est-elle venue la chercher? Est-elle  rentrée à l’hôtel ne voulant plus voir ce spectacle? toujours est-il que cette image lui  est restée gravée dans l’esprit pour toute la vie et c’est grâce à elle  et surement a bien d’autres situations, qu’elle se forgera  les principes qui sont les siens et qui l’accompagneront tout au long de sa vie à savoir:

1) si un combat doit avoir lieu, qu’il soit fait « à la loyale » c’est-à-dire « un » contre « un »
2) si un homme a mal agi, il doit être puni mais pas par la foule et il est inutile d’y ajouter l ’humiliation  qui ne peut que salir et abaisser ceux qui la pratiquent.
3) lorsqu’arrive le moment de la victoire, ceux qui dans les rues parlent fort, rient et se moquent devraient se demander s’ils en ont vraiment le droit et pour le savoir, ils n’ont qu’à retourner dans leur passé récent et se rappeler où ils étaient et se qu’ils ont fait lorsqu’il y avait du danger : faisaient-ils partie de ceux qui ont risqué leur vie pour en sauver d’autres? Ou, au contraire, se terraient-ils n’entendant rien, ne voyant rien pour essayer de sauver leur peau ?

Souvent, ceux qui parlent fort font partie de la deuxième catégorie.

Un peu plus tard elle connaîtra aussi l’histoire de Blanche et de son renvoi :

« Comme déjà dit, Blanche n’est pas aimée dans la famille, Le grand-père d’abord qui ne manque pas une occasion de la rabrouer mais André,  pour une fois, est d’accord avec son père.

Un jour, une altercation entre les deux adultes éclate. André accuse les enfants de Blanche d’avoir fait caca dans la pièce où se tient Jeannine. Blanche défend ses petits de toutes ses forces, le ton monte, elle gifle André, l’insulte est impardonnable.

Le grand-père intervient et règle le problème à sa façon, l’infâme belle-fille est chassée de la maison avec sa marmaille .

Que ceci ait lieu en pleine guerre ne gêne personne, le patriarche a parlé et on doit l’écouter d’ailleurs Suzanne n’a rien dit non plus devant tant de cruauté ».

Jeannine n’a rien su à ce moment là mais quand plus tard elle l’apprendra et comprendra l’horreur de la situation  elle ne sera pas aussi fière que cela d’appartenir à une famille qui s’acharne sur les plus faibles.

C’est alors qu’elle découvrira aussi, beaucoup plus tard, que papa est bien gentil avec les gens quand tout va bien mais qu’il peut faire beaucoup de mal quand on lui a déplu, et ce, par le moyen le plus sordide : des lettres ou encore dénonciations  anonymes.

A-t-il eu ce genre d’attitude pendant la guerre ? elle ne le saura jamais.

Une autre pierre qui viendra, en son temps, s’ajouter aux autres qui forgeront son caractère pour en faire une révoltée. Mais aussi ce qu’elle détestera le plus ce sont les mensonges et tout ce qui ressemble à de l’hypocrisie et cela ne la quittera jamais.

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De retour à Paris, tout semble rentrer dans l’ordre. Quand elle n’est pas à l’école, elle joue à la poupée. Ses bébés sont dans un landau qu’elle pousse tout autour de la table mais dans sa tête, c’est la guerre, elle est sur les routes essayant de protéger ses petits et comme pratiquement personne ne lui parle, son imagination déjà débordante, lui sert de conseillère, inventant des scènes dramatiques dont elle sort vainqueur.

Dans la voiture, elle a mis, outre ses enfants, tout ce dont elle aura besoin pour bien s’occuper d’eux et faire face à tous les problèmes qu’elle pourrait rencontrer. C’est pourquoi on trouve à l’intérieur : des épingles à nourrice, un ouvre boite, un dé, des ciseaux, des aiguilles et du fil et toute sorte de boites de conserves imaginaires.

Quand elle sera adulte et que par hasard ses collègues de bureau verront ce qu’il y a dans  son sac à main, elles s’étonneront de son contenu car on retrouve là, les mêmes objets  que ceux de son exode.(épingles à nourrice, ouvre-boite etc….)

Ces voyages ont duré des heures autour de cette table que maman venait interrompre soit pour faire les devoirs ou encore pour aider.

Ah ces leçons et ces devoirs ! tous les jours à la même heure et pendant si longtemps !

Les tables de multiplication, les départements avec préfecture et sous-préfecture, les poésies, l’histoire, les règles de grammaire, surtout que maman est intransigeante d’autant plus qu’ignorant la plupart des réponses, elle n’a aucune souplesse pour apprendre à sa fille ce qu’elle-même ne sait pas.

Il faut la comprendre, elle aurait tant aimé savoir et étudier, il ne faut pas que sa fille soit une ignorante.

le seule malheur, c’est que maman à choisi la plus mauvaise méthode pour cela, au lieu d’aider, de complimenter, d’être patiente, elle donne 50 centimes par départements su, et une claque pour ceux qui ne le sont pas et comme la gamine n’a jamais eu assez d’argent pour s’acheter des bonbons, il n’est pas difficile de comprendre que les gifles étaient nombreuses et les piécettes ne l’étaient pas.

Bien sûr, quand elle arrivait à l’école et  que c’était son tour de répondre, elle ne savait pas quoi dire  car apprendre « par cœur » n’est pas une bonne solution. La leçon est sue mais dans sa globalité donc, si on pose une question par hasard, la réponse ne vient pas. Moralité : elle n’avait pas fait ses devoirs.

Maman avait l’habitude d’aller voir la maitresse une fois par mois et pendant son absence, Jeannine commençait à avoir mal au ventre puis quand elle entendait la clé dans la serrure elle savait que son heure était arrivée :

-« tu es une petite paresseuse criait maman, tu ne fais rien en classe, tu n’écoutes pas, tu es dissipée, pourtant, ton institutrice dit que tu es intelligente. Mais qu’est ce que je dois faire pour que rentre dans ta caboche les leçons que tu dois apprendre ? Tu es punie pendant huit jours, je vais te dresser moi »

et c’est là que la claque arrivait, une claque bien sonnante, un aller et retour. A l’aller, ça allait encore mais au retour, maman frappait avec l’extérieur de la main, là où se trouvait la chevalière et quand celle-ci rencontrait la joue, cela faisait bien mal.

Un jour, elle ne sait ni comment ni pourquoi, un réflexe surement, l’enfant s’est baissée et la main a changé de trajectoire et est venue achever son périple sur le buffet Henri III.

La mère a eu mal, elle a saigné mais devant se soigner, le martyr de la gamine s’est arrêté là, (pour cette fois).

Quant à elle, elle se souviendra toujours de ses tables de multiplication et n’aura jamais besoin d’une calculette, des départements un peu moins mais quand même assez pour ne pas mettre Lille à côté de Marseille, les trains qui se croisent et les robinets qui fuient seront de vagues souvenirs mais ce qui lui restera surtout c’est, quand elle ne sera plus obligée d’apprendre, l’envie de  savoir toujours plus et dans tous les domaines.

 frise th

1946 , elle va sur ses 8 ans. Elle se souvient de deux maîtresses : Madame Bacon et Madame Forget.

C’est l’époque des « chouchoutes », les gamines assises  près du tableau et qui apportent le lundi, qui des chocolats, qui des fleurs.

La maitresse leur sourit et caresse leurs joues, les petites sont ravies et les autres voudraient bien être à leur place.

Jeannine elle, est tout au fond. Elle a crû longtemps que c’était parce qu’elle était grande pour son âge et que, placée au milieu de la classe, elle gênerait la camarade qui se trouverait derrière elle.

Mais en réalité, les mauvaises élèves sont reléguées au fond de la pièce, au près du poêle et quand par hasard l’institutrice appelle l’une d’elles, il y a toujours un pied qui sort de la rangée pour faire trébucher celle qui passe.

Et puis, il y a les fameux bons points de différentes couleurs : rouge, bleu vert etc… avec sur chacun, une valeur différente.

Elle se rappelle avec étonnement qu’elle en a gagné quelques uns, aussitôt repris par une de ces dames quand elle faisait une bêtise et des bêtises, elle doit en faire des tonnes, même si elle ne s’en rappelle plus.

Par contre, elle se souvient  très bien d’une phrase répétée de nombreuses fois : « baisse tes yeux insolente » car elle a l’audace de fixer la personne qui la réprimande dans les yeux alors qu’elle devrait regarder ses chaussures, ce qui prouverait qu’elle est soumise et regrette ce qu’elle a fait.

Des années plus tard, un patron qui lui fait des reproches lui lancera : « pourquoi ne regardez vous pas les gens en face quand on vous parle » ?

Preuve que les phrases assassines, répétées de nombreuses fois, font de effet mais aussi que les adultes ne savent pas ce qu’ils veulent car la question est : faut-il baisser les yeux ou pas ?

Quand elle sera une grande fille, débarrassée d’une grande partie de ses complexes, elle choisira alors de regarder les gens droit dans les yeux et ce sont eux qui, gênés, baisseront les leurs et elle détestera toujours au plus haut point, toute forme d’injustice même la  plus petite.

C’est là que « Zezette » apparait dans le récit ; une très jolie chatte grise qui, parait- il, a pour mission d’attraper les souris qui ont fait leur apparition dans l’appartement mais que la gamine n’a jamais vues.

Combien de temps restera-t-elle parmi eux ? nul ne le sait mais pas assez pour que l’enfant apprenne à l’aimer. Un jour elle disparaitra comme elle est venue. On lui  racontera alors qu’on lui a trouvé une très bonne maison avec un joli panier et l’affaire s’arrêtera là pour rebondir de nombreuses années plus tard…………….

Dans la cour du petit appartement, un individu a  pris l’habitude  de jeter du quatrième ou cinquième étage des chats qui selon les cas, atterrissent sans aucun mal, ou encore avec une ou des pattes cassées, ou pire, meurent sur le coup.(cela se passe en 1980 environ)

Suzanne est affolée non pas par la cruauté de ce taré qui fait du mal gratuitement aux animaux mais parce que les cris des bêtes blessées, les pattes cassées et les corps éventrés, cela fait désordre. Alors elle a parlé au concierge qui, à chaque fois que cela se produit, vient chercher l’animal mort ou vivant et….. en fait ce qu’il veut, elle ne veut pas le savoir.

On peut comprendre beaucoup de choses quand une enfance à été très malheureuse mais cela n’explique pas tout et surtout pas, l’indifférence totale envers les malheurs d’autrui bêtes ou gens. Suzanne a le cœur sec comme un coup de trique, elle n’a jamais été aimée mais elle n’a jamais aimé non plus .

Pendant la guerre aussi, nombreux étaient les gens qui ont détourné le regard quand on venait chercher leurs voisins pour les déporter.

Comment cela s’appelle-t-il ? ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire et c’est loin d’être joli.

 

Jeannine a toujours pensé que les enfants privés d’amour deviendront deux sortes d’adultes : les premiers déborderont d’amour sachant trop bien comme on souffre de ne pas en recevoir et les seconds ne sauront ni aimer ni se faire aimer ,rejetant tout signe de tendresse parce qu’ils  ne l’ont jamais connue.

Est-ce que cette règle est immuable ?

 frise th

Un jour, maman lui a donné une motte de beurre que papa avait apportée afin de la remettre  à sa maitresse.

Elle était bien heureuse la petite car elle allait surement recevoir et un sourire et une caresse, mais rien de tout cela n’est arrivé et elle est restée au fond de la classe.

Mais il c’est quand même passé quelque chose de surprenant.

Chaque fin de mois, l’institutrice remet aux élèves un livret avec les notes dans toutes les matières, le classement, et les réflexions devant chaque matière.

Jeannine connait par cœur les mentions disséminées ça et là : « peut mieux faire, n’a pas appris sa leçon, dissipée, intelligente mais très paresseuse », suivi de la place : en général 26ème sur trente et les bons mois : 25ème.

Et là, surprise ! elle  est 10ème. Elle regarde son carnet de notes, les mauvais textes ont disparu et à la rubrique application elle se paye un 9 sur 10, conduite : elle a dépassé le 7 ; pour les autres notes, c’est presque comme d’habitude.

Cette pauvre gamine n’est pas habituée à réfléchir intelligemment car personne ne la guide comme personne ne répond jamais à ses questions ce qui fait qu’à force, elle n’en pose plus mais elle comprend quand même, malgré sa crétinerie, que la motte de beurre lui a valu des points qu’elle n’aurait jamais eus sans elle.

Elle n’en parlera à personne bien sûr  Mais quand  quelque temps après sa mère lui donnera un bouquet de fleur à porter à sa maîtresse, pour la première fois, elle sent une colère énorme monter dans sa tête et impensable pourtant, elle refuse de le prendre menaçant sa mère de le jeter dans le caniveau si elle insiste.

Jamais elle ne comprendra comment elle a eu le courage, (le toupet) de refuser ouvertement d’obéir à un adulte qui, de plus ,sait si bien claquer et punir.

Maman a ouvert la bouche, l’a refermée plusieurs fois, comme un poisson qui manque d’air,  les yeux exorbités, se demandant comment sa fille avait pu refuser  de lui obéir

Elle ne recommencera pas avant longtemps, mais cette réaction sera la première petite pierre qui, suivie de beaucoup d’autres, durant des années, provoquera des accès de colère qui feront peur à beaucoup.

Sans cesse accusée de tous les maux, il est difficile de comprendre que le seul moyen de se sortir de tous ces dilemmes c’est d’avoir son jugement propre et de s’y tenir mais pour cela, faut il être capable de penser et ça ! elle mettra du temps avant de savoir le faire.

Peu après, elle a mis une belle robe qui a été confectionnée  pour le mariage d’un ami de papa puisqu’elle est demoiselle d’honneur.

Elle aura bientôt 8 ans.

 frise th

 

Quand on a la chance de se rappeler de son enfance, au fur et à mesure que l’on écrit, les  souvenirs remontent.

Chez Jeannine, la plupart sont assez tristes puisqu’ils font souvent référence à un manque de câlins, au vide autour d’elle ou encore à des punitions mais cette gamine là avait la grande chance de pouvoir transformer la tristesse en joie et l’absence d’amour en débordement de caresses.

Pour l’aider, elle possédait un trésor :  son « Cani » Il s’agissait d’un lainage, peut-être le dos d’un vieux pull- over en laine , qu’elle traînait partout et qu’elle se passait sur la lèvre supérieure,  sous le nez,  et qui lui procurait une impression de douceur infinie Bien sûr, elle dormait aussi avec car  maman, dans sa grande sévérité, ne semblait pas avoir pensé à le lui retirer quand elle avait fait des bêtises.

Le « cani »semble voir été pour elle, un remède contre l’angoisse ou le stress qui l’habitait  comme pourrait le faire, le fait de sucer son pouce pour un autre enfant.

Elle avait ensuite  une autre « baguette magique » inconnue de tous sauf d’elle-même. Quand maman était fâchée, la plus grande punition, d’après elle, était d’envoyer sa fille se coucher plus tôt que d’habitude.

Seule dans sa chambre, dans le noir et avec « Cani » bien sûr, elle fermait les yeux et rêvait qu’elle avait de la famille un peu partout dans le monde et qu’elle recevait de nombreuses cartes postales l’invitant, pour Pâques, pour Noël ou pour les grandes vacances et au fur et à mesure qu’elle apprenait la géographie, les cousins, oncles et tantes, affluaient de partout.

C’est ainsi que pendant longtemps, elle a parcouru (en train) les cinq continents. Quand elle arrivait à destination, cette partie de famille qui l’avait invitée l’attendait sur le quai de la gare et c’est là qu’elle pouvait découvrir leur visage, noirs, jaunes basanés  et tous disaient : « enfin ! te voila » puis, elle s’endormait jusqu’au rêve du lendemain.

A chaque fois, son rêve s’arrêtait là, sur cette dernière image, être enfin aimée, désirée et attendue.

C’est peut-être pour cette raison qu’elle n’a jamais pu  être raciste, tel qu’on défini ce mot car tous ces gens qui l’ont aimée,  invitée, et choyée venaient de partout et avaient des faciès très différents les uns des autres ; par contre, elle sera aussi capable de ne pas aimer certaines sortes de personnes lorsque celles-ci  voudront lui imposer leur mode de vie, leur façon de penser, sans respecter le pays dans lequel ils se trouvent.

Cette réaction n’aura rien à voir avec le « racisme » c’est une réaction provoquée par le manque de respect, le culot de certains qui se croient tout  permis, le fait d’imposer aux autres un mode de vie qui n’a rien à voir avec les valeurs et les traditions  dans lesquelles elle a été élevées et auxquelles elle croit.

Non ! elle ne fera jamais  partie des « bisounours » ou encore des humanistes à quatre sous, qui trouvent que « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil » se donnant bonne conscience uniquement  avec des mots  et elle ne cachera jamais son aversion  pour ceux qui déclenchent chez elle ce genre de sentiments.

Et c’est alors qu’arrive l’histoire du « marc de café » :

Maman apprend à sa fille les tâches ménagères et ce jour là elle doit venir essuyer la vaisselle.

Pour se faire, elle attrape le torchon qui est accroché à un mur et pour montrer sa bonne volonté, elle « astique » plus qu’elle n’essuie verres et assiettes et le torchon volète dans les airs.

Ce qu’elle n’a pas vu, la pauvrette, c’est qu’un coin du dit torchon a trempé dans le marc de café que maman préparait et avec l’entrain qu’elle met à tout bien essuyer, il y en a partout : sur les murs, sur le sol, etc..

Quand maman voit cela, elle se met à crier très fort et commence à essuyer partout ou le marc de café  s ’est faufilé , y compris entre un mur et la gazinière et comme là, se trouve aussi la planche à découper la viande, maman s’enfonce une grosses écharde dans un doigt.

-« va me chercher ma boite à ouvrage » hurle-t-elle à la gamine complètement affolée et qui s’exécute mais voilà que quand maman veut ouvrir la boite pour y prendre une épingle afin de retirer l’écharde, elle attrape le couvercle  à l’envers et celui-ci lui reste dans les mains, se détachant du corps de la boite.

Le couvercle finira sa carrière sur la tête de la petite fille, heureusement il était en carton donc, pas de fracture du crâne.

 

 frise th

C’est à ce moment là que maman va aller travailler à l’extérieur car ce que papa lui donne ne suffit plus.

Elle a trouvé une place de bonne  dans la famille qui est propriétaire de l’immeuble dans lequel comme maman, elle habite. Il s’agit de nobles Mr et Mme de M……..

Elle y sera employée pendant des années et c’est surement le meilleur moment de sa vie car elle est tombée chez des gens cultivés, qui vivent dans des meubles de style, de la vaisselle en porcelaine et des verres en cristal. Les deux filles vouvoient leurs parents et font une petite génuflexion lorsqu’elles disent bonjour (les yeux baissés bien entendu)

Suzanne n’aurait jamais dû avoir l’enfance qu’elle a connue, elle était faite pour l’élégance, la finesse, la culture tout ce qu’elle n’a pas eu et qu’elle dévore des yeux.

Madame de M. a très vite compris que Suzanne est une perle rare qui méritait mieux et elle va, comme elle le peut, l’aider à s’élever intellectuellement en lui prêtant des livres et comme là où elle travaille, la maman de Jeannine entend de la musique classique, elle abandonnera, très vite ,son intérêt pour le musette et les flonflons.(le choix dépend souvent de la comparaison , or pour choisir, il faut connaître)

Le seul problème c’est que cela va creuser encore un peu plus  le fossé entre André et son épouse car lui est resté le bon gros, qui rit aux blagues osées et se décrotte le nez avec délectation (avant de préparer les sauces, cela va de soi).

Le couple n’avait plus grand-chose en commun avant cela mais là, la séparation est totale tout en continuant à vivre sous le même toit.

C’est aussi à ce moment là que maman s’enfermera dans sa minuscule cuisine la plupart du temps, pour y écouter « sa » musique quand elle n’est pas obligée d’en sortir pour s’occuper de sa fille ou encore servir les repas.

Et c’est là aussi qu’elle se rapprochera de la religion et de Monsieur le curé, se confessant souvent et ravaudant ses soutanes. ………….

 

Ce jour là, Jeannine est prise d’une grosse envie alors que la classe est sur le point de se terminer et lorsqu’elle demande à sortir, la réponse  de la maitresse  est « non ! »

-Mais Madame, !

Il n’y a pas de : mais Madame et si tu insistes je te punis et te donne à copier 50 fois la phrase : « je suis une insolente et je réponds à ma maitresse » que tu  feras signer par tes parents et que tu me ramèneras demain matin.

Aussi vite qu’elle le peut, dès que la cloche sonne, elle se précipite dehors et rentre chez elle en courant.

Arrivée devant la porte, elle sonne mais comme maman ne répond pas, elle se baisse pour prendre la clef qui doit se trouver sous le paillasson et là ! patatras !  tout part dans la culotte.

Quelle gêne ! quelle honte ! la petite ne comprend pas ce qui lui arrive  et la seule chose qui lui reste à faire c’est de hurler comme si on l’égorgeait.

Madame Renoult, la concierge, se trouve justement dans les escaliers et elle se précipite, persuadée qu’un grand malheur est arrivé.

A l’odeur, elle comprend très vite  de quoi il retourne et une fois dans la maison avec l’enfant, elle nettoie comme elle peut pour essayer d’effacer ce drame pendant que Jeannine pleure à chaudes larmes.

-          Tu n’a pas honte ! faire de telles choses à tes parents ? des parents qui se saignent aux quatre veines pour toi, des parents qui n’ont pas hésité à braver les bombardements pour te soigner et te faire mettre un plâtre pendant la guerre ! c’est comme ça que tu les remercies ?

-          Mais j’y suis pour rien moi si je suis née infirme !

-           Petite impertinente qui ose répondre, quand  on a des parents comme les tiens, c’est à genoux qu’on doit leur parler ; quand tes parents vont savoir ce que tu as fait, ils vont te  donner  la fessée que tu mérites.

Et la dessus, Madame Renoult s’en va, non sans traîner derrière elle une petite odeur de « brise d’anus de chez ça fouette »

Aucun souvenir de la punition annoncée, elle doit se confondre avec la précédente et la suivante mais au point où elle en est, la gamine ne compte plus et encaisse, sans cesser de se demander encore une fois,  pourquoi les grandes personnes sont si méchantes ?

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Quand on est cuisinier, responsable et des marmitons et des achats et des fournisseurs et des sauces, on travaille les dimanches et les jours de fête. Par contre on a un jour de congé par semaine et papa a choisi le jeudi, jour où sa fille n’a pas d’école.

Dans l’après midi,  il l’emmène sur les boulevards, au cinéma et à la sortie, il lui paie une menthe à l’eau et lui s’offre une grande mousse bien fraîche ou encore un Ricard.

Une chose toutefois la surprend : quand ils sortent de la salle de cinéma, il arrive souvent qu’une dame (pas toujours la même) marche à côté lui. Ils ne se parlent pas, ne se tiennent pas  par la main, mais elle est là et elle semble les suivre, par contre elle ne vient pas boire un coup avec eux.

Elle n’a jamais posé la question et puis elle a fini par oublier cet incident mais un jour que papa est à la maison et qu’elle vient s’asseoir sur ses genoux comme elle le fait souvent, il éclate en sanglots et la gamine à très mal de voir son père chéri dans cet état, maman elle, est descendue à la cave chercher du charbon.

Elle ne saura jamais l’origine de ce gros  chagrin  et cela fait partie des souvenirs qui ne remonteront à la surface que beaucoup plus tard.

A l’école, elle a des copines mais elle a une attirance pour l’une d’elle en particulier, très belle avec de longues nattes, un très beau visage et des pommettes saillantes.

Elle ne sait plus comment les choses sont arrivées mais un jour, elle est invitée chez la petite fille à déjeuner et on va lui servir des mets qu’elle ne connait pas et qu’elle trouve délicieux. La maman de son amie « Hélène » est très belle aussi et elle parle avec un accent indéfinissable mais que Jeannine aime beaucoup et que, pour un peu, elle reconnaitrait comme étant le même que celui de certaines de ses « cousines » imaginaires de Russie.

De retour à la maison,  elle va garder secret ces quelques heures mais elle les racontera ce soir à ses cousines quand elle les retrouvera dans ses rêves.

Hélène lui trotte  dans la tête et un jour, elle décide d’aller lui faire une petite visite en sortant de l’école mais quand elle rentre à la maison, l ’inquisition lui tombe sur le poil et lui demande des explications sur son retard alors, elle invente une histoire pas possible, maman n’y croit pas et le lendemain elle se rendra à l’école avec son cahier accroché dans le dos avec les cinquante lignes que ses parents lui ont fait écrire, car pour une fois, papa est dans le coup aussi : « je suis une fainéante et une menteuse ».

A cette honte s’ajoutera le poids du mensonge, bien plus lourd encore que le reste  et elle se jurera qu’à l’avenir, elle ne racontera que la vérité en regardant les gens bien droit dans les yeux et tant pis si cela ne plait pas.

 

En juillet et Aout les de M…… partent en vacances dans leur château d’Assé le Béranger dans la Mayenne et ils emmènent bobonne et sa fille.

Jeannine est émerveillée par cette bâtisse immense, dans laquelle on se perd, une allée monumentale  bordée d’arbres majestueux,  un parc avec bassin, mais surtout un grenier dans lequel les filles nobles jouent avec elle. Elles ont trouvé une grande malle dans laquelle il y a des costumes anciens avec lesquels elles se déguisent, après quoi elles descendent, telles des châtelaines papotant de tout et de rien.

Des souvenirs merveilleux  qu’elle aura bien du mal à oublier. Elle ne sera pas aussi marquée que sa mère par les beautés  découvertes dans la noblesse mais il lui en restera quelque chose : le goût des belles choses, les bonnes manières  et  la musique classique.

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A la rentrée, Suzanne inscrira sa fille au patronage religieux, dépendant de l’église d’Auteuil. Là, elle s’y plaira beaucoup  car on y fait du théâtre, des petites pièces dans le courant de l’année et une grande pour les fêtes de noël à laquelle toutes les familles assistent.

Et là, miracle ! Jeannine est douée, on la remarque tout de suite, le ton est bon, elle retient bien son texte, ses gestes sont mesurés et justes et c’est pourquoi on lui confie le premier rôle d’une pièce dont elle se souviendra toute sa vie.

Le titre, elle l’a oubliée mais l’histoire va ouvrir dans sa petite tête, un brèche où s’engouffrera, quand le moment sera venu, la foi, la recherche et la croyance en une vie après la mort .

« Une femme vient de perdre son nouveau-né avant d’avoir pu le faire baptiser.

Elle arrive en pleurs devant l’église qui est fermée et s’adressant aux statues qui en décorent l’entrée, elle supplie les saints de faire revivre son enfant, le temps de lui donner les saints sacrements, après quoi, elle acceptera qu’il disparaisse à nouveau.

Les saints se concertent et accèdent à sa requête ,ouvrant en grand les portes de l’église dans laquelle déjà résonnent une merveilleuse musique au son de l’harmonium.

L’enfant revit, le temps d’être baptisé et quand la maman comprend qu’il va lui être repris, elle supplie les saints de le laisser vivre.

A nouveau, ils se concertent et avant d’accéder à sa demande ils lui demandent de regarder dans l’eau du bénitier la vie de son fils telle qu’elle sera.

Elle voit alors un enfant qui grandit, malade, chétif, puis plus grand, accusé à tort et puni, puis encore plus loin, finissant sa vie dans la décrépitude.

Alors dans un élan suprême d’amour absolu, elle laisse partir son petit, préférant souffrir plutôt que de lui imposer une telle vie de sacrifice.

Plus tard, beaucoup plus tard et après avoir, comme beaucoup,  rejeté la religion selon le principe que : « si D-ieu existait il n’y aurait pas toute ces injustices »  elle aura la chance d’être encore capable de se poser des questions qui  lui ouvriront les portes de la quête du savoir spirituel  qui ne la quittera jamais .

Suzanne est arrivée à convaincre André que leur fille devait aller  dans une école religieuse car ses notes sont vraiment trop mauvaises et les réflexions dont elle fait l’objet de la part de ses maitresses peuvent faire penser qu’elle risque de « mal tourner »

Papa n’y voit pas d’inconvénient (il s’en fout complètement) même s’il a sur les curetons des idées bien arrêtées puisqu’ils les appellent les « corbeaux à bicyclettes »

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Elle entre donc en 8ème  chez Madame Maillard. Elle a  10 ans

C’est une femme énorme, des yeux globuleux et sous l’un d’eux une grosse  tâche de vin qui descend jusqu’au menton.

Au bout de quelques mois, si les carnets de notes sont toujours aussi lamentables, les mentions ont toutefois changé, on ne parle plus d’enfant dévergondée, mais surtout d’une petite fille intelligente mais qui n’en fout pas une rame.

Il y a pourtant une matière qui lui plaît : l’instruction religieuse.

Il faut la comprendre, elle est tombée amoureuse de ce beau visage du Christ, ce jeune homme qui souffre tant et à qui on fait plein de misères. Comme elle voudrait l’aider à porter sa croix, à se relever quand il tombe et, dans la foulée, tuer Ponce Pilate et c’est pourquoi, lors  d’examens sur  le nouveau testament qui reviennent assez souvent, elle est très bien notée et va même, à plusieurs reprises, décrocher le prix d’excellence, ce qui remonte sa moyenne générale et la hausse dans le cœur et l’esprit des sœurs de Saint Vincent de Paul et de Melle Maillard.

Et lorsque son trop plein d’amour débordera pour Jésus, elle pensera même devenir religieuse mais la cornette des sœurs ne lui plaît pas vraiment et puis un peu plus tard, les garçons feront leur apparition dans ses fantasmes et ils éclipseront alors tout désir de prendre le voile

Conseillés dans ce sens, les parents ont accepté de donner à leur fille des cours particuliers pour remonter un peu le niveau et c’est son institutrice qui s’en charge.

Une fois par semaine, elle se retrouve après les cours dans la chambre de Mademoiselle qui sent un peu le moisi, beaucoup le renfermé et très beaucoup,  une odeur indéfinissable, celle de la vieille fille.

Sachant depuis longtemps qu’on a fait d’elle une idiote, paresseuse et  bouchée à l’émeri, cela ne l’aide pas à comprendre les cours prodigués car elle a un blocage qui l’en empêche.

Ce jour là,  elle doit comprendre que le prix de vente moins le prix d’achat = le bénéfice, que le prix d’achat + le bénéfice = le prix de vente et que le bénéfice est égal au prix de vente – le prix d’achat. Comment voulez-vous qu’elle s’y retrouve dans toutes ces combinaisons possibles ?  et quand plus tard on attaquera les fractions alors là, elle sera complètement larguée et Mademoiselle Maillard à beau la menacer de ses gros yeux et faire frémir son angiome, cela ne change rien,  elle répond n’importe quoi et quand elle tombe juste, c’est par le plus grand des hasards qui ne se reproduit hélas pas très souvent.

Longtemps après elle a compris que Melle Maillard, aussi laide soit elle, essayait de transmettre aux enfants dont elle s’occupait une partie de son savoir et qu’elle le faisait avec beaucoup de dévouement.

Merci Mademoiselle Maillard.

Elle arrive toutefois en 7ème et c’est l’année où elle passe son certificat d’études et……….. l’obtient. Elle a 11 ans

En 6ème  c’est la catastrophe, l’algèbre ne l’aime pas du tout et elle le lui rend bien. Donc à grand regret et conseillés par la direction de l’école religieuse, on l’a inscrit à un concours afin de savoir vers quel enseignement la diriger.

Ce genre d’examen regroupe des élèves venus de divers établissements. La sélection est drastique  car seuls les meilleurs seront choisis et dirigés vers de bons établissements qui pourront les recevoir.

Des heures elle a planché sur les questions, persuadée qu’elle a tout faux.

Quand la sentence tombe quelques semaines plus tard, elle est reçue troisième sur un total de 123  participants.

Là,  personne ne la connaissait ni n’avait eu vent de sa réputation, est ce pour cela qu’elle a été reçue ou bien  son correcteur a-t-il voulu faire une sale blague à l’éducation nationale ?

Elle vient de faire sa première communion, elle a porté pendant quelques heures la jolie robe blanche prêtée par Madame de M…….Elle a eu une petite pensée pour Jésus qu’elle aime toujours mais à qui elle pense de moins en moins, pendant que Maman est très investie dans les raccommodages  des soutanes.

Papa lui ne dit rien, il y a des domaines qu’il préfère ignorer, d’autant plus qu’étant communiste,  il serait mal vu de penser, ne serait-ce qu’un instant, à Marie et à Joseph.

 

 frise th

Elle n’a pas encore 13 ans et elle vient d’avoir ses règles.  C’est un jeudi, elle traîne un peu au lit puisqu’il n’y a pas de classe ce jour là et quand elle se lève, catastrophe ! elle a sali et son lit et sa chemise de nuit. Comment cela se peut il qu’il y ait tant de traces du chocolat qu’elle a bu ce matin ? elle va encore prendre une rouste de toute beauté.

Quand maman voit cela, elle ne dira qu’une seule phrase qui est sensée tout expliquer :

-ah : c’est rien tu auras ça tous les mois. Elle lui donne une serviette hygiénique et une ceinture à laquelle on l’accroche et voilà comment on apprenait aux enfants, la vie et ses plaisirs.

Et c’est là que va rentrer dans le vocabulaire déjà fleuri de Suzanne, un nouveau mot qu’elle doit beaucoup aimer puisqu’elle le met à toutes les sauces : « petite vicieuse »

Comme elle ne sait pas ce que cela veut dire elle ne sait pas, même si elle le voulait, comment on se guérit  d’une telle maladie et elle ne sait pas à qui demander une explication alors, comme d’habitude,  elle va porter son nouveau titre sans fierté mais aussi sans honte.

Et c’est alors que chaque mois, un peu avant ou un peu après ses menstruations, elle va avoir des douleurs aux hanches. A ce moment là c’est difficile pour elle de marcher.

Au début on l’accuse bien sûr de « jouer la comédie » mais comme cela se reproduit à des dates assez précises, maman consulte un docteur qui lui explique qu’avec   la venue de la puberté, des rhumatismes, appelés dans son cas arthrose, ont fait leur apparition et risquent non seulement de perdurer mais aussi de s’amplifier jusqu’à……

Et c’est ce qui va se produire ; tout d’abord chaque mois, quelques jours, cela devient chaque mois mais plus longtemps pour se terminer au bout d’environ 3 ou 4 ans par des douleurs de plus en plus fortes et de plus en plus longues et n’importe quand.

Cela se terminera à l’âge de 26 ans par quatre opérations des deux hanches, 21 mois d’hospitalisation et  de rééducation, mais ça, c’est une autre histoire.

Mais pour l’instant, maman veille encore plus à la vertu de sa fille qu’elle a traitée bien des fois de « petite vicieuse » sans expliquer pourquoi et la gamine se sent coupable même si elle ne sait pas de quoi.

Et quand elle s’aperçoit qu’elle a trois poils sur le pubis, elle va se demander ce qui va encore lui arriver.

A l’école, elle en parle à ses copines qui ne la croient pas, alors elle va dans les WC, en arrache un  qu’elle exhibe en guise de preuve. Ses amies lui font alors le plus grand des affronts en lui disant qu’il s’agit d’un cheveu.

Elle enrage d’avoir perdu aussi bêtement un de ses trophées car les copines elles, n’ont rien du tout.

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Après avoir passé  quelques mois dans une école d’état dont elle a oublié le nom et dont aussi elle a été retirée avant de s’en faire virer, elle a atterri à l’école Jeanne d’Arc, lycée privé qui prépare à divers métiers tels que sténo-dactylo et comptable.

Elle ne se souvient plus, ni de l’ambiance, ni des profs, ni des études proprement dites.

Elle va rester là deux ans et demi et étant considéré comme incapable de passer un examen débouchant sur un diplôme, elle va être placée comme apprentie dans une société de presse un journal d’informations économiques et financières ou elle sera, pendant un mois, assistante de la secrétaire de l’un des patrons, ensuite, le mois suivant, standardiste car c’est la période où la téléphoniste  est partie en vacances puis le troisième mois, elle sera mutée aux archives.

Sauf la fin de cette période qui sera pour elle dramatique, elle a un souvenir très agréable de ce trimestre car elle se trouve pour la première fois parmi des adultes, qui parlent et qui se parlent, alors sortant de son mutisme, elle ose parfois poser des questions, soit sur un mot qu’elle n’a pas compris soit sur un sujet qui l’intéresse et là oh miracle, on lui répond, on lui explique et jamais ! jamais ! jamais ! on ne se moquera d’elle et de ses demandes. Il faut dire qu’elle n’a que 15 ans et demi et qu’elle est de loin la plus jeune.

Le premier mois, elle est la secrétaire de Sylvie Pignon collaboratrice du directeur commercial Monsieur Rivière, qui va lui apprendre comment on présente une lettre et aussi comment on accorde les participes passés. Cette femme est belle, de beaux cheveux roux foncés, coiffés en chignon tombant sur la nuque, et toujours très bien maquillée.

Pendant le second mois, il ne se passe rien de spécial, elle se trouve dans l’entrée avec le téléphone, elle voit passer beaucoup de gens, elle aime bien cela et le troisième mois, reléguée aux archives, elle travaille avec une femme assez vulgaire mais qui l’a prise sous son aile et ne lui fait aucune remontrance.

Et c’est alors que le drame arrive……………………

Monsieur Rivière habite dans le XVIè arrondissement et Jeannine aussi, d’ailleurs ils se sont croisés plusieurs fois soit en rentrant le soir, soit en partant au travail le matin en métro, lui en première classe, elle en seconde.

Dans l’immeuble de Monsieur Rivière, habite une ancienne camarade de classe du lycée Jeanne d’Arc, Mireille et la mère de Mireille, est très amie avec Madame Rivière.

Quand Mireille et Jeannine se retrouvent, elles discutent de tout et de rien mais Mireille lui pose de drôles de questions sur Sylvie et Monsieur Rivière, questions qu’elle ne comprend pas, où il est question d’adultère.

C’est à ce moment là qu’un jour, elle sort du bureau avec un collègue, elle fait quelques pas avec lui et afin de raccourcir le chemin qui va les conduire jusqu’à la station de métro, ils décident de traverser un square et c’est là que Jeannine voit Sylvie et Monsieur Rivière bras dessus bras dessous riant comme des fous.

Les deux amants l’ont vue et ils ont senti le danger car si Jeannine Parle à  Mireille de cette rencontre, cette dernière le racontera surement à sa mère qui en parlera à Madame Rivière.

Difficile de savoir ce que Jeannine a compris, mari et femme, ça elle sait ce que c’est mais  amant- maitresse  sont  des situations dont elle n’a jamais entendu parler et c’est pour cela que lorsque, quelques jours plus tard elle est  appelée dans le bureau du Directeur administratif pour s’entendre dire que son « remplacement »  est terminé, son monde va s’écrouler car elle sait très bien qu’il n’a jamais été question de trois mois mais pour elle, c’était « à vie »

Elle doit quitter immédiatement la place sans même avoir le droit de dire au revoir à ses collègues et elle est anéantie car, que va-t-elle raconter à la maison ?  elle ne comprend rien.

Et elle ignorera pendant des années les raisons de son renvoi jusqu’au jour où, par hasard, elle rencontrera dans le métro une fille dont le visage ne lui est  pas inconnu. Après quelques hésitations elles se souviennent où elles ont fait connaissance : dans le journal d’informations économiques et financières puis, son interlocutrice lui demande. :

-Est-ce que Sylvie Pineau a fini par te retrouver ?

- non pourquoi ?

- parce qu’à cause de toi sa liaison avec Rivière a été éventée et cela a fait un terrible scandale et tu as été accusée par elle  d’avoir fomenté cette affaire et elle avait dit alors que si elle te retrouvait, elle te mettrait une raclée dont tu te souviendrais toute ta vie.

Et c’est là qu’elle fini par comprendre, alors qu’elle n’a rien fait ni rien dit à personne que la liaison a été découverte, que Mr Rivière et sa femme ont divorcé ainsi que Sylvie et son mari et que c’est elle qui en est  accusée.

Cette histoire qu’elle n’oubliera jamais, lui apprendra qu’il peut arriver de se trouver  dans des situations que l’on n’a pas cherchées, où on n’a rien fait et pourtant, être accusé de faits dont on n’est pas responsable, sans  pouvoir s’en défendre.

(Ne rejette-t-on pas las fautes sur autrui à chaque fois que c’est possible ?)

C’est avec des événements comme celui-ci qu’elle va comprendre ce que c’est que la vie, les interférences, les malentendus, les accusations vraies ou fausses, les erreurs d’interprétation et petit à petit, elle comprendra aussi que même si on peut être un jour accusé et puni pour une chose que l’on n’a pas commise,  la bonne conscience, est plus importante que l’opinion d’autrui.  Elle n’a pas 16 ans

 frise th

Même si elle est encore très jeune, son adolescence est en train de se terminer et elle va bientôt entrer de plain pied dans l’âge adulte alors qu’elle n’est encore qu’une petite fille mal dégrossie, manquant d’informations, mais ça, elle ne le sait pas.

Mais il est fort possible que la plupart des filles de cette époque étaient comme elle car rares étaient les parents qui expliquaient et préparaient les futures femmes à la vie d’épouse,  de mère et de femme .

Pour leur défense, ces mêmes parents n’avaient pas, comme maintenant à leur disposition,  émissions  de radio ou télé, magazines, psy, etc…. et à eux non plus on n’avait rien expliqué.

C’est la deuxième guerre mondiale qui a créé le fossé  entre les générations passées et la nouvelle génération qui pourrait être considérée comme une « génération sacrifiée » qui a agi, « sans mode d’emploi »

Jeannine a traversé les épreuves qui lui étaient destinées ou encore qu’elle a provoquées par son sale caractère, ses exaltations, ses colères, son tempérament de feu, bridé par une éducation plus que rigide et elle a payé très cher ses erreurs  jusqu’au moment où elle a enfin compris qu’être responsable, c’est assumer ses fautes  et en tirer les conséquences, au lieu de les rejeter sur les autres.

Un jour qu’elle se trouvait dans la rue, maudissant la terre entière de l’injustice dont elle venait de faire les frais, une petite voix lui a murmuré :

« mais dis donc toi, n’as-tu jamais un rôle à jouer dans ce qui t’arrive ? es tu sûre que seuls les autres sont responsables ?

et c’est en repensant à ce qui la rendait si révoltée qu’elle se rendit compte qu’en effet : « si elle avait dit » « si elle avait fait »  « si elle s’était tu » les choses se seraient passées autrement.

Elle prit donc l’habitude, lorsqu’elle était confrontée à une situation nouvelle, de se demander ce qu’elle devait faire .

Elle n’était plus spectatrice, elle devenait actrice de sa vie. Bien sûr, cela lui a pris du temps à mettre en place ce mécanisme et à l’utiliser à chaque fois et non de temps en temps  mais  à partir de ce moment là, la machine à fait marche arrière, moins d’emportements, plus de réflexion et une ouverture sur la spiritualité dans laquelle elle a trouvé « sa » vérité .

Mais ce qui a mis un point final à sa quête d’absolu, c’est lorsqu’elle a arrêté d’accuser ses parents, de les considérer comme responsables de toutes ses souffrances.

Il lui a fallu arriver à l’âge de 70 ans pour être capable d’accepter cet état de fait. Elle ne peut pas dire qu’elle les aime mais elle les comprend et espère que là où ils sont, ils ont trouvé la paix.

Un  jour et alors qu’il n’était question que de la fête des mères qui approchait, elle a senti un besoin énorme de parler à la sienne qui était décédée depuis des années et, tout naturellement, elle lui a écrit un poème qui disait tout ce qu’elle ressentait au même moment et qu’elle aurait tant voulu lui dire :

Pourquoi Maman ?

 

Dans ta tenue bien propre je te revois,

Lèvres pincées, regard dirigé vers moi,

Et j’attends la claque qui va tomber

Pour une faute commise, laquelle ? je ne sais pas.

 

Pourquoi maman ne m’as tu pas parlé ?

 

Pour fuir ce monde dans lequel je suis née,

Des rêves à la pelle je me suis inventés,

Rêves tous plus beaux les uns que les autres,

Mais qui me tenaient loin de la réalité.

 

Pourquoi maman ne m’as tu pas expliqué ?

 

Lorsque plus tard j’ai fait mes premiers pas,

Dans la vie d’adulte que je ne connaissais pas,

Toutes les erreurs possibles je les ai commises,

N’ayant aucune idée des choses permises.

 

Pourquoi Maman n’étais tu pas à mes côtés ?

 

J’ai eu moi aussi deux beaux enfants,

Deux fils a qui je voulais tout donner,

Tout ce que je n’avais pas eu,

Tout ce qui me manquait.

 

Pourquoi Maman n’ai-je pas réussi ?

 

C’est peut-être pour cela qu’alors j’ai compris,

Qu’être mère est une très lourde charge,

Qu’on mêne rarement à bien quel que soit notre âge,

Et que ce savoir n’est jamais acquis.

 

Depuis longtemps déjà tu es partie,

Et comme nous n’avons jamais pu nous parler,

Toutes ces choses je ne te les ai pas dites,

Et aujourd’hui je voudrais te crier :

 

Je t’aime Maman. !

Jeannine

 

poème écrit en mai 2011 

 

 

Elle s’est aussi souvent posé une question : Si une autre femme qu’elle avait vécu la même chose, l’aurait-elle raconté de la même façon ?

Certainement pas car c’est en fonction du caractère et de la personnalité de chacun  que l’on perçoit les événements et que l’on réagit.

Ce qui veut donc dire qu’une même histoire, composée des mêmes éléments, peut être perçue de façon différente sans pour autant qu’il y ait, omission,  ou interprétation mensongère.

N’y a-t-il pas ici un paradoxe ? C’est quoi au juste la vérité ?

Et puis, c’est quoi un souvenir ? des images précises, des  mots entendus ou encore des événements racontés par d’autres et sur lesquels on a mis des images, comme si on y était,  sans pour autant les avoir vus soi-même ?

Jeannine ne sait pas quelle est la part du vrai et de l’imaginé dans tout ce qu’elle a raconté ; tout ce qu’elle a écrit était là, quelque part dans son conscient ou encore son subconscient et ne demandait qu’a sortir  mais même s’il y a des erreurs, elle a vraiment essayé de raconter les choses telles que dans son esprit elles se sont passées, sans retrancher, rajouter ni défigurer quoi que ce soit.

Elle se rend compte aussi  que ses souvenirs ne parlent que de choses tristes mais pourtant, c’est sûr, il y a eu des joies : ce landau qu’elle promenait des heures ne pouvait qu’être un cadeau pour Noël ou son anniversaire,  ses bébés qu’elle protégeait, idem, d’avoir mangé à sa faim, (elle se souvient particulièrement de la purée de châtaigne),  d’avoir eu des parents soucieux de sa santé et ce, pendant une guerre, tous ces détails prouvent qu’elle n’a jamais été maltraitée physiquement, alors pourquoi a-t-elle occulté ces instants de joie pour ne se souvenir que de la peine ressentie à divers moments de son enfance?  Peut être a-t-elle cherché par ce moyen  la tendresse qui lui a manquée et pour cela, se poser en martyr était un moyen d’y parvenir et ce n’est que quand elle n’a plus eu besoin de ces artifices qu’elle s’est rendue compte qu’il manquait quelque chose à son récit,  que celui-ci était en quelque sorte tronqué à son avantage.

Mais quoi qu’il en soit, heureusement, elle s’est rendue compte aussi de ce genre de détails qui réhabilitent ses parents qui n’étaient pas aussi mauvais que cela.

Une vie, la mienne se termine ici.

L’auteur de ces lignes aura 77 ans dans un mois et quelques, elle aime la vie qu’elle a, elle aime ce qu’elle fait,  elle aime toutes ces petites choses qui compose son existence. Elle a  toute sa tête, qu’elle espère garder valide jusqu’au bout, pour en  vivre le dernier épisode, celui de sa mort qui n’est en fait que le dernier acte de cette partie de  vie qui lui a été donnée un certain 26 Octobre 1938 à Evron à 8 heures du matin.

Jeannine Simone Andrée Avranche

Publié dans:mes écrits et ceux des autres |on 12 septembre, 2015 |4 Commentaires »

C’est arrivé le 11 septembre 2001

 

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Pour honorer ceux qui ont perdu la vie en Septembre  2001.

Nous ne devons jamais oublier.

2974 morts : 2.603 dans les tours dont  351 pompiers et 60 policiers

                         125 au Pentagone

                          246 dans les avions

 

 

https://www.facebook.com/sherrysbc/videos/10207742145937954/

 

Publié dans:émotion, les évènement qui font l'histoire |on 11 septembre, 2015 |2 Commentaires »
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