De nos jours, cette expression désigne le paiement en argent liquide au lieu des autres moyens modernes que sont les chèques, les virements ou les cartes bancaires, par exemple.
Contrairement à la monnaie de singe qui n’est pas sonnante, les espèces, elles, le sont, dans la mesure où il ne s’agit pas seulement de billets de banque.
Mais espèces de quoi ?
« espèce » vient du mot « species » qui, en latin classique, désignait la vue, le regard, mais aussi l’apparence ou l’aspect. Bizarrement, mais les latinistes peuvent peut-être l’expliquer, en latin impérial, l’espèce était une denrée, une marchandise (c’est du même « species » que vient le mot « épice »).
Au XVIIe siècle, « espèces » a un sens très large, puisqu’il désigne simplement des « choses » et payer en espèces, c’était payer autrement qu’avec de l’argent.
Pourtant, bien avant, dès la fin du XVe, « espèce » au singulier avait déjà le sens de « pièce d’or ou d’argent ».
Par on ne sait trop quel cheminement, un mélange des deux sens a fait que payer en espèces est ensuite devenu « payer en argent, en pièces » (les billets n’étant pas considérés) puis, plus récemment, payer avec de l’argent, quel que soit son support.
On peut profiter de l’occasion pour préciser pourquoi on parle d’argent liquide alors que nos billets et pièces sont loin de l’être.
Cette appellation vient au XVe siècle de l’italien ‘liquido’ qui, dans le domaine juridique et financier, désignait des biens non sujets à contestation, libres de dettes, donc aisément transférables (pouvant « s’écouler » facilement) d’une personne à une autre, comme l’est la monnaie à laquelle ce terme s’est étendu au XVIIe.
extrait de Expressio