expression : sucrer les fraises

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« Sucrer les fraises » Être agité d’un tremblement nerveux. Être gâteux.

Le geste fait rappelle malheureusement celui qui agite les membres de personnes, généralement âgées, atteintes d’une maladie dégénérative qui provoque des tremblements incontrôlés et c’est par une plaisanterie un tantinet douteuse que ces mouvements ont été assimilés à celui du sucrage des fraises pour donner naissance à notre expression.

Cette expression ne semble être attestée qu’au tout début du XXe siècle mais date probablement de la fin du siècle précédent.

Aurélien Scholl, journaliste et auteur dramatique connu de la seconde moitié du XIXe, évoque, dans son Poivre et Sel, paru en 1901, un militaire à propos duquel il écrit ceci :

« Cinquante années d’absinthe lui ont donné un tremblement tel que, lorsqu’il veut se verser à boire, le liquide secoué se répand comme une pluie autour du verre.

- C’est désagréable, d’un côté, a dit le colonel ; mais, quand je prends la passoire avec du sucre en poudre… on peut voir combien cette infirmité devient précieuse pour sucrer les fraises. »

Nous trouvons donc là une parfaite explication de l’association familière entre ces tremblements qui touchent les personnes âgées et l’action de sucrer des fraises.

Un peu plus tard, en 1905, Félix Duquesnel, dans Le mystère de Gaude, écrira :

«  (…) et les bras agités de ce mouvement spasmodique que la langue populaire appelle « sucrer les fraises » »
Cet extrait montre que l’expression, en ce début de siècle, fait bien partie du langage familier.

En 1936, Louis-Ferdinand Céline utilisera sucrer tout seul pour désigner les tremblements d’un ivrogne.

Une croyance répandue veut que cette expression viendrait de ces collerettes plissées appelées fraises que portaient les hommes et les femmes des XVIe et XVIIe siècle. En effet, ces personnes lorsqu’elles étaient âgées et tremblantes pouvaient répandre dessus ce qui leur servait à se poudrer le visage et qui ressemblait à du sucre en poudre très fin.

Et si cette explication avait un fond de vérité, on peut supposer que l’expression ne serait pas de naissance aussi récente (sans compter, pour finir de démolir cette croyance, que le sucre en poudre très fin n’existait pas à l’époque).

Extrait de Expressio

Publié dans : jouer avec les mots - expressions |le 22 octobre, 2013 |Pas de Commentaires »

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