La fleur avait poussé sur un sol fertile . Sa croissance était de celles qui laissaient présager une santé robuste et une vie saine.Quelques petites brises, bien sûr, l’avaient souffletée par moments, mais son désir de vivre l’avait fait résister aux pressions venues de l’extérieur et quand à plusieurs reprises, des regards doux et chauds s’étaient posés sur elle, elle s’était ouverte aux doux murmures des sources et au soleil si haut.
Et puis un jour, le ciel s’était couvert ; de gros nuages lourds avaient avancé à grands pas, obstruant tous les chemins par lesquels lui était parvenue la vie.Elle avait résisté d’abord mais très vite s’était épuisée, car l’ennemi était de taille, d’une taille gigantesque par rapport à la sienne. Impuissante devant ce déferlement de force, elle s’était fermée pour éviter les rafales ; elle s’était recroquevillée pour amoindrir les coups et elle avait attendu…. La mort.
Lorsque la tempête s’était calmée, après un temps indéfinissable et qu’elle avait rouvert un à un ses pétales, elle avait découvert à la place des champs verdoyants dans lesquels elle était née, une terre de désolation. Tout n’était que chaos.
Elle ne comprenait ni comment elle avait pu résister à ce carnage, ni pourquoi celui-ci s’était abattu sur elle et avec ce qui lui restait de force, si peu en vérité, elle cherchait une signification à tout ce qui s’était produit.
Etait-elle punie pour une faute commise dont elle cherchait la trace dans sa mémoire ? Avait-elle été choisie par les Dieux pour prouver à tous ceux qui la verraient ensuite, qu’une fragile esquisse peut survivre à la plus grande des tempêtes ?
Etait-ce une leçon de modestie ? Etait-ce un message d’espoir ? qui pourrait répondre à cette question ?
Depuis, l’herbe a repoussé autour d’elle, les branches alentours ont bourgeonné puis, des feuilles d’un vert tendre ont couvert les ramures.Déjà quelques oiseaux ont élu domicile non loin d’elle et dans quelques temps, des petits cris se feront entendre.
Et ce matin, lorsqu’elle s’est réveillée, elle était entourée de fleurs inconnues dont les graines ont été portées à ses pieds par un vent léger,venu de très loin, de si loin lui racontent ses nouvelles amies, d’un pays où il y a quelques décennies, tout n’était que désert.
Alors elle comprend la signification du message :
« Rien n’est jamais perdu lorsqu’il reste un souffle de vie ; rien n’est jamais définitif comme notre imagination voudrait nous le laisser croire et le bonheur existe, il est là à nos pieds, dans les blés qui ondoyent, dans les rayons de soleil qui raniment les mourants, dans les eaux limpides qui coulent des montagnes, dans toute cette vie qui fourmille autour de nous, dans les drames que nous vivons et surmontons, dans les épreuves que nous acceptons et aussi dans l’espoir de lendemains meilleurs.
La rose c’est la vie, la vie c’est l’amour, l’amour c’est la rose .
Yaël 1978