il s’appelait Raymond – 4ème partie

aaaahistraymondrideuax4.jpgPendant un certain temps il ne se passe rien mais Renée me raconte ses visites au parloir et c’est ainsi que je vais apprendre qui est cet homme, leur rencontre, leur mariage, je verrai même des photos sur lesquelles apparaît un bel homme. 

Au fur et à mesure qu’elle me parle, je les découvre tous les deux, j’imagine la vie qu’ils ont eu jusqu’à ce jour tragique ou tout a basculé et je me rends compte de la tristesse de celle-ci, des gens qui ne se sont jamais posé de questions, qui n’ont eu ni joie ni peine, qui ont laissé les événements les conduire. Seule leur fille est un rayon de soleil dans cette vie terne. 

  

Alors il me vient l’idée de correspondre avec Raymond pour apporter dans sa cellule un petit peu du soleil qu’il n’a jamais vu. Renée accepte et c’est ainsi que va commencer une correspondance qui va durer plus de 3 ans. 

  

Au début, les échanges sont peu nombreux et les lettres courtes et insignifiantes mais petit à petit, Raymond va commencer à « parler » à « se raconter » à se rendre compte qu’il a fait lui aussi des rêves lorsqu’il était plus jeune, qu’il avait des désirs jamais assouvis et  qu’il va commencer à vivre. 

  

Bien entendu, je montre les lettres que j’envoie et que je reçois et à mon mari et à Renée et personne ne voit rien à redire, à tel point que cela n’intéressant ni l’un ni l’autre,  je finis par cesser de parler de ma correspondance et lorsque  nous approchons de Juin 1973, date à laquelle je partirai rejoindre mon mari en Côte d’Ivoire, j’obtiens du juge trois permis de visite. 

  

Cette vitre qui nous sépare nous ne la voyions même pas, se sont nos yeux qui communiquent et les mots d’amour que nous ne prononçons pas, éclatent dans nos cœurs tels un feu d’artifice. 

  

Maintenant je connais bien Raymond, je le devine, je sais tout ce qu’il ressent et j’ai alors une folle envie de le faire réver, de s’évader en rêve de ses quatre murs. Sans bien me rendre compte de ce que je fais ni où cela va nous conduire, je l’entraine dans mon monde d’imagination où tout n’est que beauté et amour. 

  

  

  

Voici le premier poême en prose que je lui ai envoyé et que j’ai pu sauver de la catastrophe puisque ma mère un jour, découvrant ma correspondance, la détruira en me traitant une fois de plus de « vicieuse » 

  

Le prisonnier.   

  

Tous ces gens que je vois marcher autour de moi lorsque je vous quitte, c’est avec vos yeux que je voudrais les voir. 

Ces enfants qui jouent et crient, je voudrais que ce soit les nôtres. 

Cette musique venue de nulle part, c’est ensemble que je voudrais que nous l’écoutions et si je suis triste en vous quittant, c’est parce que je n’ai pas pu vous apporter tout cela en venant.

  

Mon tendre amour, les murs de votre cellule, je les ai recouvert de papier peint à fleurs bleues. J’ai aussi accroché ça et là, quelques tableaux, ceux que je préfère. A  la fenêtre, vous pouvez voir une mousseline qui frémit au moindre souffle de vent et le soir, lorsque vous tirez les doubles rideaux, ceux-ci sont de velours rouge foncé et ils nous protègent de tous les regards indiscrets. 

Publié dans : ma vie |le 19 février, 2010 |Pas de Commentaires »

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