DERRIERE LES BARREAUX- STEPHANE
J’ai pendant un certain temps correspondu avec un homme qui était en prison. Rien n’était prémédité mais au fil de nos écrits,des sentiments platoniques sont nés.
Lorsqu’un homme vit entre quatre murs, coupable ou pas,les valeurs ne sont plus les mêmes car chez celui qui est privé de liberté, tout est exacerbé et prend des dimensions insoupçonnées. J’ai donc senti le besoin de le faire rêver et d’imaginer une chose qui jamais n ‘existerait, nous le savions tous les deux,celle de notre première rencontre une fois libéré et j’espère par ces quelques lignes y être arrivée.
Hier soir,lorsqu’enfin tu as frappé à ma porte, mon cœuC’est arrêté de battre. J’avais peur de n’être pas assez belle pour toi, peur que tu découvres, ça et là les stigmates du temps, Peur que tu sois déçu par la Yaêl dont tu rèves depuis dix ans En tremblant, j’ai ouvert la porte, mes yeux se sont accrochés aux tiens, je n’ai pas en le temps d’y lire tout l’amour que tu me portais que déjà, j’étais dans tes bras. J’aurais voulu que ce moment ne finisse jamais, car je savais qu’il ne reviendrait pas ; il y a des choses que l’on ne vit qu’une fois ; je m’impregnais de ta chaleur, de ton odeur pendant que tu murmurais des mots décousus, tant l’émotion qui t’étreignait était forte.
Sans bien savoir comment, nous nous sommes retrouvés dans le salon, assis l’un près de l’autre. Ma main caressait ta joue et Recueillait les larmes qui scintillaient au bord de tes paupières et enfin, nous avons pu parler.
Des heures ont ainsi défilé, faites de rires et de pleurs de questions sans réponse, puis le silence s’est établi entre nous.
Lequel de nous deux devait entrainer l’autre à la découverte de l’amour ? tes yeux me criaient « aide-moi Yaêl, c’est la première fois », les miens te répondaient : « ose Stéphane, c’est toi l’homme ! »
Alors tu t’es levé, m’aidant à faire de même puis tu m’as conduite là où nous nous sommes réveillés ce matin.
Tel un bon amant, tu as commencé par éteindre la lumière pour que nos sens découvrent ce que nos yeux ne pouvaient pas voir, puis nous sommes partis l’un et l’autre à la découverte de notre sensibilité.
Quelle merveilleuse aventure mon amour ! tu n’étais que douceur, je n’étais que tendresse ; l’amour que nous avions contenu pendant si longtemps, déferlait en vagues folles et malgré l’impatience de nous unir, nous contenions tant bien que mal notre désir toujours plus grand.
Quels merveilleux mots n’as-tu pas prononcés ? Combien de nouvelles caresses n’ai-je pas inventées ; c’était si bon de te sentir enfin contre moi, c’était si bon de découvrir tout ce désir que je t’inspirais. Là encore, c’était toi le maître, décidant de l’instant où nous allions enfin être l’un à l’autre.
Dans une explosion d’étincelles, nos corps se sont unis, l’un donnant à l’autre ce que l’autre donnait au premier ; l’harmonie était complète, totale, éblouissante de pureté et d’amour.
Las d’une merveilleuse fatigue, nous avons tout doucement retrouvé notre souffle ; alors, tu as allumé la lumière et nos yeux ont découvert ce que nos corps déjà connaissaient.
Dans tes yeux, j’ai lu tant d’amour, dans les miens, il y avait tant de douceur que le baiser que nous avons échangé était notre « merci ».
Ce matin, tu dormais encore lorsque je me suis réveillée ; tout doucement, je t’ai pris dans mes bras ; ton corps était si doux , si chaud qu’il était pareil à celui d’un enfant et je l’ai couvert de baisers. Sans ouvrir les yeux, tu as bougé, tu t’es serré un peu plus contre moi et je suis restée ainsi à te contempler faisant attention à ne pas te réveiller.
J’attends ce soir avec impatience car je sais qu’à nouveau nous serons l’un à l’autre, que pour moi, tu inventeras des caresses jaamais faites, que pour toi je découvrirai des mots jamais dits et que nous ne ferons qu’un.
Je t’aime Stéphane, plus que moi-même.Tu es entré dans ma vie où une place immense était vide sans que je le sache. J’ai besoin de toi mon chéri, aime-moi comme tu sais si bien le faire. J’ai besoin de toi Stéphane et je t’attends.
YAEL AVRAHAM - Tel Aviv 1986.. .
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