la passagère du dernier train-3ème partie

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De rencontre en rencontre, j’ai fait la connaissance de Geneviève, une française plus agée que moi qui travaille dans une société dont le trésorier est un rabbin francophone, ministre des prisons. 

  

Geneviève à été très émue par mon histoire et encore plus par ma démarche et elle a parlé de moi autour d’elle, alors, lorsque je décide de me convertir, c’est tout naturellement  qu’elle me présente au ministre qui va m’aider à trouver le chemin de la conversion chose qui n’est pas facile car le rabinat est, avec raison, contre les conversions et met plein d’embuches sur le chemin de ceux qui veulent devenir juifs, ceci pour éprouver la solidité de leur désir, car chez les religieux, une conversion pour obtenir la nationalité qui permet de travailler est une très mauvaise raison et pour épouser un ou une juive est encore pire.

  

Il faut comprendre qu’être juif n’est pas facile, cela comprend une infinité de règles, 613 commandements,applicables chaque jour et qui concerne, la vie sous tous ses angles, la vie familiale, la nourriture, les fêtes que l’on se doit de connaître à fond pour en respecter toutes les règles et les commandements qui s’y appliquent. Alors si les juifs eux mêmes, nés dans un milieu religieux et ayant baigné depuis l’enfance dans tous ces rites, s’en détachent, recherchant une vie plus facile et plus agréable selon eux, un converti ne tiendra pas le coup et abandonnera très vite les promesses que pourtant il a faites ; ayant épousé un ou une juive, ce ou cette dernière sera elle aussi perdue pour la communauté or, on dit ici que « lorsqu’un juif quitte la communauté, c’est toute la communauté qui est en deuil » Ce qui explique que les Rabbins, ne cautionnent pas les conversions et font tout pour en dégouter celui qui en fait la demande. 

  

D’ailleurs cette aide que je reçois va, au début, me nuire car on me fait savoir que je suis acceptée aux cours uniquement parce que l’on m’a imposée, mais ceux-ci  terminés, je devrai me débrouiller pour continuer seule les démarches à faire alors que pour les autres élèves, tout se fait jusqu’au bout dans cet établissement.Comme je ne comprends pas bien la portée de telles paroles, je ne m’alarme pas et  débutent alors des cours qui vont durer 7 mois à raison de 2 h par jour, le soir, 5 jours par semaine et là, un sérieux problème va se poser : mes connaissances en hébreu sont suffisantes pour le parler de tous les jours mais insuffisantes pour les règles religieuses car comportant un vocabulaire qui m’est inconnu. Or prendre par écrit, deux heures de cours par jour dans une langue dont on ne comprend pas la plupart des mots,devoir retranscrire ce que l’on ne comprend pas avec des signes qu’on ne dessinent que très lentement, rend impossible ou presque la révision du cours sur lequel on ne revient pas le lendemain car il y a beaucoup de choses à apprendre et peu de temps pour le faire. 

  

Je cherche donc une famille juive religieuse francophone qui accepterait de m’apprendre en français ce que je n’ai pas compris en hébreu et… je la trouve, mieux encore, celle famille habite en face de l’école religieuse ; je suis sauvée mais un petit miracle va se produire me prouvant là encore que je suis sur le chemin qui est le mien. 

  

Régine a un jour un problème et ne peut me recevoir le soir même pour ma révision de cours, alors elle traverse la rue et sonne à la porte de l’école. C’est mon maitre qui lui ouvre et il va donc apprendre, et les problèmes que je rencontre dans l’apprentissage des cours et les efforts que je fais pour réussir et quand en plus on lui dit que je m’occupe d’une femme mourante et ce 24 heures sur 24 sauf les quelques heures de cours durant lesquels on me remplace, il fait part de sa découverte à la direction qui me convoque aussitôt ; le directeur, un homme que je n’avais pas trouvé très sympathique au début,m’annonce que devant ma bonne volonté et mon sérieux dans les études, je serai comme les autres élèves et irai jusquà la conversion complète dans cette même école.Comme d’habitude, une aide qui arrive sans prévenir, comme tombée du ciel …… 

  

Le Rabbin qui nous fait la classe est un homme que je n’oublierai jamais. Il est arrivé en Israël il y a quelques années, venant d’Amérique et dès qu’on le voit on sent que cet homme est plein d’amour envers le monde tout entier.Il fait ses 

cours avec amour, nous apprend les prières avec amour nous parle de sa famille avec amour ; alors dans de telles conditions, plus rien n’est difficile à comprendre et à assimiler. 

  

Les cours sont finis, l’examen a été passé et réussi, reste à faire « cachériser la maison » c’est à dire que des religieux viennent la nettoyer pour la rendre pure ; puis le « mikvé » le bain sacré qui se passera à Nazareth. Trois rabbins nous reçoivent, chacun à notre tour, pour un examen succint celui là , mais dont nos réponses prouvent que nous avons bien appris ce qui nous sera nécessaire pour mener une vie religieuse selon les règles. Ensuite, nous nous trempons dans un bain, une prière est faite par un des trois rabbins et c’est fini, me voilà devenue juive pour le pire et le meilleur.Cela non plus je ne l’oublierai jamais car la cérémonie était très émouvante et je le sens, je viens de donner une identité à mon âme, je resterai celle que j’ai toujours été mais à l’intérieur de moi-même un bien-être immense s’est installé et y restera jusqu’à mon dernier souffle. 

  

Au ministère de l’intérieur, je vais chercher ma nouvelle carte d’identité. Je n’ai changé que mon prénom « Yaël » contre « Jeannine » et j’ai gardé mon nom de famille « Avranche » mais lorsque mon père m’enverra une lettre dans laquelle il me demande comment j’ai pu faire entrer dans une famille aussi française  que la nôtre un prénom aussi juif, je retournerai au ministère pour faire changer également mon nom de famille qui deviendra « Avraham » ainsi les choses sont bien claires : les juifs avec les juifs, les goys avec les goys. Mon père n’en saura jamais rien car déjà malade, je n’ai pas l’intention de faire son éducation et comme il mourra peu après, les choses en resteront là. Pour m’avertir de son décès, je recevrai un télégramme très laconique « père décédé » non signé ; décidément on ne m’aime pas beaucoup dans mon ancienne famille. 

Publié dans : ma vie |le 17 janvier, 2010 |Pas de Commentaires »

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