la passagèe du dernier train-2eme partie
En France, un rabbin à qui j’avais confié mon désir de devenir juive m’avait répondu très gentiment que D-ieu ne commettant jamais d’erreur, si j’étais née chrétienne, je devais le rester.Mais vingt ans après, forte de toutes les découvertes que j’ai faites sur ce peuple et son histoire, je suis venue ici pour demander pardon au nom des gens de ma race, de ce qui a été perpétré contre lui,pour vivre avec ceux qui ont été haïs et non avec les bourreaux.
Au début, je ne comprends pas bien ce que l’on me dit car je ne maitrise pas cette langue que je vais apprendre à lire, écrire et aimer mais cela n’a pas d’importance car les problèmes que je rencontre ont été vécu par tous ceux qui sont arrivés avant moi, alors à coup de mimiques, de gestes, on s’explique, et ça marche. Ici, la plupart des gens viennent d’ailleurs, de tous les coins du monde et on amené avec eux, leur langue, leur culture,leurs souvenirs, c’est un patchwork inimaginable. A cela s’ajoute la façon de vivre et de penser : il y a les religieux, les laïcs, les athées, les politiquement corrects, ceux de gauche, de droite,les grincheux, les universitaires et les illétrés, les séfarades et les ashkénazes, les bronzés, et les blonds aux yeux bleus, les bons et les mauvais, les riches et les pauvres, les honnêtes et ceux qui le sont moins ou pas du tout.
Ici, on fait des gestes, on parle fort, on bouscule, on ne respecte pas la priorité dans les autobus, on y fume même et il faudra des mois pour que les voyageurs les plus récalcitrants, acceptent d’éteindre leur cigarette avant d’y monter.
La discipline n’existe que dans l’armée, mais dans le civil c’est un peu la foire où chacun joue des coudes pour se faire entendre et s’affirmer. Mais malgré tout, cela est fait dans la bonne humeur et les coups de gueule ne durent jamais bien longtemps car si la susceptibilité est à fleur de peau, le fond dans l’ensemble est bon.
Mon premier souci est de parler l’hébreu, seul moyen pour pénétrer cette société qui semble m’attendre. L’oulpan dans lequel je fais mes premières armes est un modèle du genre, avec des enseignantes de métier et qui savent d’expérience les problèmes que rencontrent tous les nouveaux immigrants, problèmes qui ne sont pas les mêmes, qu’il s’agissent d’élèves venus des pays arabes, d’amérique,ou d’europe . Les cours ne se font qu’en hébreu avec moult gestes et expressions du visage.
Dès le début, je m’applique, moi la si mauvaise élève d’antan,qui se retrouvait toujours dans la classe auprès du poële l’hiver. De retour à la maison je fais mes devoirs, je repète et à haute voix dans la petite chambre qui me sert de logis des dizaines de fois les mêmes mots pour bien les savoir le lendemain matin et en apprendre d’autres et d’autres encore.
Cinq mois de cours à raison de 4 heures par jour, 6 jours par semaine puis l’examen qui débouche sur le diplôme qui permet, soit de commencer à se débrouiller seul dans la vie, soit de continuer en deuxième année ce que je fais.
Les profs aime les élèves comme moi qui les récompensent un peu des efforts qu’ils font pour faire rentrer, dans des cranes pas toujours prévus à cet effet, une langue qui pourtant n’est pas difficile mais qui ne se construit pas comme toutes les autres, qui s’écrit de droite à gauche, en signe inconnu pour presque tous, et dont la grammaire n’a rien à voir avec celle des autres langues, mais quand on fait ce que l’on fait avec amour et avec le désir de réussir, les choses alors deviennent simples, très simples.Comme ces enseignantes m’ont à la bonne, je suis invitée très souvent chez elles pour les fêtes, ou pour un simple petit café, on me passe des livres pour me faciliter la lecture, on me donne des conseils, on me fait des compliments, on m’encourage. Ces trois classes seront pour moi un souvenir fantastique dont je me souviens encore aujourd’hui comme si c’était hier.
J’ai aussi trouvé des petits boulots au noir puisque en tant que touriste, je n’ai pas le droit de travailler mais je dois passer par là car je n’ai pas les moyens de vivre à mes propres crochets.Je garde des personnes agées, en fin de vie et parlant français car ma réputation s’est faite de bouche à oreille et dès que je suis libre, un autre emploi m‘est offert. C’est ainsi que durant des années, je n’aurai jamais à chercher du travail, des petits bouts de papier seront glissés sous ma porte avec nom et numéro de téléphone pour un nouveau job, à tel point que cette facilité m’inquiète car si un jour la chance me quitte, je ne saurai pas, après des années de présence dans ce pays comment on cherche du travail.
Bien sûr je rencontre des gens ici et là qui deviendront pour la plupart des amis qui me feront découvrir la ville, qui me parleront de leur vie qui me feront goûter à leur cuisine, je découvrirai des mentalités très différentes de la mienne, certaines qui me plairont beaucoup, d’autre moins,mais sur ce point, et même après des années de présence ici , je ne changerai pas et resterai celle que j’ai toujours été.
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