Quand on rencontre une fille comme Nadia, on sympathise tout de suite avec elle car elle est très joviale et prend la vie du bon côté malgré un divorce douloureux, des enfants confiés au père. Pour se venger de toutes les misères que la vie lui fait, elle mange tant et si bien qu’elle est énorme. Elle vient d’arrivée en Cote d’Ivoire avec son ami Tony, un noir lui aussi mais musicien et là, essayez donc de m’expliquer quelque chose : Moi, je suis la vicieuse qui couche avec un noir, elle, elle est l’amie du trompétiste, et donc reçue partout, c’est ça la logique des bien pensants. !
Elle vivait avant en Amérique et elle fréquentait assidûment un groupe à la tête duquel tronait un gourou. Arrivée en Afrique elle cherche, et elle trouve un autre groupe dans lequel elle m’entraine.
Abou, un noir magnifique, grand, très charismatique me reçoit avec bienveillance et une fois par semaine nous nous rencontrons, 8 pelés et un tondu pour assister à des cours de spiritisme sans oublier d’apporter à chaque fois, qui le pain, qui le vin, qui la viande et suffisamment pour que Abou et son sbire, Daniel, aient à manger jusqu’à la prochaine séance. Daniel lui, petit blanc barbichu qui disparaît à côté de la stature de « grand Maitre » est son serviteur dévoué, ramassant les miettes de son succès.
Je comprends maintenant pourquoi les sectes ont tant de succès : ceux qui y adhèrent sont des paumés, complètement déboussolés et qui ont l’impression qu’une fois par semaine, on les voit, on les comprend, on les aime. Moi avec les problèmes que j’ai et le cocufiage que je n’ai toujours pas avalé, j’en traine une couche bien épaisse qui me rend aveugle.
Heureusement un tout petit coin de mon cerveau reste indépendant et vigilant et il m’arrive parfois de sentir que quelque chose cloche sans savoir quoi, il y a par exemple ces allusions à la magie noire, les forces énormes déployées lors de séances érotiques destinées bien sur à s’élever au dessus du commun des mortels et auxquelles hélas !nous ne pouvons encore participer n’étant que de pauvres néophytes, un jour peut-être……
Parmi les cours qui nous sont prodigués, Le grand maitre attire notre attention sur certains points que nous devons développer comme par exemple savoir regarder et voir et pour nous prouver que nous sommes des voyants aveugles il nous donne un devoir qui consiste à noircir 4 pages d’un sujet écrit sur des petits papiers pliés dans une boite et que nous tirons au hasard. L’un de nous à eu droit au mot « stylo » moi j’ai tiré « allumettes »
De retour à la maison et aimant déjà écrire à cette époque, je suis convaincue que je vais lui pondre ses 4 pages vite fait mais une fois installée devant la boite que j’ouvre, les petits bâtons déversés sur la table je remplis péniblement une page et demi et comme j’adore les défis et que peut-être aussi je suis orgueilleuse et vindicative, je décide que les 4 pages seront écrites pour la semaine suivante et tout à coup je me dis : « et si j’écrivais l’ histoire d’une boite d’allumettes » ?…………….
HISTOIRE D’UNE BOITE D’ALLUMETTES -1ère partie
Lorsqu’elles se réveillèrent, elles ne savaient pas trop où elles se trouvaient, ni depuis combien de temps. Il faisait très noir et aucu bruit, aucune odeur ne leur permettait de se situer.
Elles se souvenaient pourtant avoir troné un certain temps dans la vitrine d’un magasin devant lequel passaient énormément de gens.
déplacées plusieurs fois au cours de leur existence, elles découvraient à chaque fois, un morceau du décor de leur habitation provisoire.
Une féérie de couleurs et de bruit les tenait éveillées tard jusque dans
la nuit après quoi, quelques heures de repos leur étaient octroyées ; puis, à nouveau, les allées et venues, toutes semblables et pourtant
si différentes, remplissaient leur nouvelle journée.
Elles se savaient jolies et admirées, car leur enveloppe, c’est-à-dire leur maison, était recouverte d’une jolie publicité qui attirait les regards.
Un seul point noir dans tout ceci : Chacune de ces allumettes, dans le secret de son cœur, se demandait quel était son destin ? Que devient-
on après avoir été exposé ainsi en vitrine ? Dès la naissance elles avaient su que leur rôle consistait à donner de la chaleur, bien souvent
de la joie et parfois de la peine mais elles ne savaient pas dans quelles conditions tout ceci se passait.
Il y a de cela un certain temps, un pouce et un index velus et mal soignés
avaient heurté la boite pour en prendre une autre placée un peu plus loin, une de ces grosses boites dites « familiales » et qui n’ont rien a voir avec l’élégante dont nous contons l’histoire. Très vite, une jolie main
soigneusement manucurée la remit à sa place et la quiétude fit place au vent de panique qui venait de souffler.
Enfin un jour, et il ne devait pas y avoir bien longtemps de cela, un homme distingué était entré dans le magasin. La douce main avait pris la boîte, l’avait caressée une dernière fois puis, l’avait tendue à l’homme qui l’avait mise aussitôt dans sa pôche.
Dehors, le bruit était intense, la démarche de l’homme était saccadée.
A un certain moment, il sembla monter des marches. Un bruit de clés dans la serrure fit comprendre que la fin du voyage approchait.
L’homme s’assit lourdement et faillit écraser la boite. Plongeant sa main dans son veston, il la sortit d’une de ses poches et la posa sur
un bureau très simple, sur lequel s’entassait une foule de papiers. Puis il ouvrit la boite. Une des allumettes fut attrapée, frottée sur une
plaque rugueuse. Elle remplit son office et mourut avant d’avoir compris a quoi elle avait servi. Plusieurs de ses sœurs subirent, ce soir là, le
même sort, puis la boite toute entière fut jetée dans un tiroir et c’est probablement là qu’elle se trouvait quand ce récit commence.
Il semblait pourtant aux survivantes qu’un temps infini s’était écoulé
depuis leur arrivée.Elles se souvenaient encore que, tard dans la nuit, l’homme avait quitté son bureau,des pas lourds s’étaient éloignés,
pour se perdre dans le temps et l’homme n’était jamais revenu.
Une clef vient d’être introduite dans la serrure de la porte d’entrée, elles en sont sûres ! De grosses chaussures martèlent le sol. Non !
Ce n’est pas un rêve, des hommes pénètrent dans la pièce, ils parlent fort, l’un d’entre eux qui semble être le chef donne des ordres et
la valse commence. Le bureau est soulevé de terre, il oscile à droite … à gauche……et semble avoir trouvé son équilibre. Dans le tiroir , la boite,
elle aussi, danse non pas un ballet mais une bourrée endiablée. Elle se cogne en haut, en bas ; la voilà maintenant coincée au fond
du tiroir. Malgré tout ce tumulte, elle se rend compte qu’on lui fait accomplir, à l’envers, le chemin parcouru dans la poche de l’homme.
En effet, on descend l’escalier, puis quelques pas sont faits et ensuite on se retrouve dehors. Alors, le bureau s’élève et retombe bruyamment
sur ce qui semble être un plancher ; Très vite, quelque chose est posée sur lui, puis autre chose encore, le tout sans tendresse et accompagné
de cris et de vociférations.
Un moteur se met en marche et là, elle comprend : elle subit un démé- nagement ; elle se trouve dans un camion, tous les meubles entassés
les uns sur les autres et le voyage commence .
Combien de temps dura-t-il ce voyage ? nul ne saurait le dire. Il fut très long et très pénible ; d’ailleurs tout le monde se plaignait : une
chaise perdit un pied et son cri indiqua à quel point elle souffrait. La table étouffait littéralement sous le tas d’objets posés sur elle.
Les ressorts du lit grinçaient de douleur et menacaient de céder à chaque tour de roue. Même le moteur qui chantait en partant,
haletait maintenant.
Les freins grincent ……. Les roues patinent………. Serait-on arrivé enfin ou est-ce encore une halte ? non ! les hommes descendent, les
portes s’ouvrent et un vent froid s’engouffre dans le camion. La même comédie recommence, on est élevé, abaissé, transporté, heurté.
On doit être très loin de la ville car, à part les bruits des hommes, tout
n’est que silence. Un silence glacé. Le bureau le premier commente ce qu’il voit : la neige partout, la montagne tout autour et au fond, une
sorte de chalet qui semble abandonné. C’est là qu’on les conduits.
Chacun se remet, comme il peut ,de ses émotions tout étonné de ce silence car depuis que les hommes sont repartis, tout est calme, hormis le vent
qui souffle à pierre fendre et s’engouffre dans le logis par les fissures que le temps a creusées.
Des mois vont passer, mois de calme, de froidure et de tristesse. Tous les
meubles qui sont là ont été abandonnés et si quelqu’un entrait brusque- ment, cette humidité qu’il découvrirait çà et là, c’est autant de larmes
que les meubles ont versées.
Notre boite d’allumettes est la moins malheureusement car le bureau solide la protège du froid. Mais il est triste de savoir qu’on est là pour
donner la lumière et la chaleur et qu’on se meurt doucement de peur et de froid.
Parfois, un drôle de bruit troue le silence. On dirait un moteur très
haut dans le ciel. Existe-t-il des engins qui volent ? on en parle mais…. Est-ce vrai ? et quel est donc ce bruit qui vient juste après le passage
du soit-disant « avion » ? une explosion qui fait trembler les murs et les montagnes qui retiennent ce bruit « plus personne ne nous parle dit le lit, nous ne sommes plus au courant de rien mais moi qui suis vieux, je peux vous dire que j’ai déjà connu cela, ça s’appelle « guerre » et c’est terrible »
……. La suite demain..