les aventures d’une vieille carcasse – 48 ème partie
……Lorsque deux pays signent un contrat de plusieurs milliards, il est normal que celui qui paie prenne une garantie que les travaux seront effectués selon le cahier des charges et de ce fait emploie des agents techniques (français eux aussi) chargés de veiller à leur bon déroulement.. Or dès qu’il s’agit de construction, le cahier des charges prévoit entre autres, des dates de fin de chantier et si celles-ci ne sont pas respectées, des pénalités de retard très conséquentes sont payées par les retardataires (en l’occurrence la société Lorémont)
A cela il faut ajouter que ces « agents techniques » ont des contrats de travail très inférieurs à ceux des expatriés et au cours des années, une jalousie s’est installée suivie d’un désir de vengeance. Alors ces « petits blancs » ont trouvé un moyen bien simple d’arrondir leur fin de mois, il font du chantage à la société : ne respectant pas les dates de visites de chantier, acceptant par téléphone que des tranchées soient refermées puis prétendant ensuite qu’ils n’ont rien dit de tout et qu’ils vont les faire rouvrir pour vérifier si le travail a été correctement fait, il s’en suit, qu’on le veuille ou non, qu’on paie tout simplement pour pouvoir continuer à travailler.
Et c’est moi qui suis chargée de trouver de fausses factures, de passer de fausses écritures pour couvrir les sommes ainsi détournées. Je précise ici que ma société était honnête mais elle ne pouvait pas s’offrir le luxe de perdre un marché de 3 milliards.
Plusieurs fois, je me suis disputée avec Le Blond, lui expliquant que le chantage est un engrenage dont on ne sort pas et dans lequel on s’enfonce mais technicien et seulement cela, et suivit par sa direction qui avait été consultée et qui avait donné son feu vert, il préfère s’exécuter et c’est la mort dans l’âme que je vais sortir chaque mois des sommes invraisemblables du coffre ; la seule chose que je vais obtenir c’est de ne pas être obligée de recevoir le salaud qui vient chercher l’argent.
Bien entendu se sentant très fort, ledit salaud fait de plus en plus de problèmes sur les chantiers pour pouvoir demander de plus en plus d’argent et un jour……il est convoqué chez le directeur Monsieur « Le blond ». Sur la table, un magnétophone qui déroule son histoire : une conversation prise à son insu dans laquelle il se vante d’être invulnérable.
Le chantage est fini, les chantiers avancent comme il se doit, les contrôles sont fait a temps et tout rentre dans l’ordre et c’est alors que je me suis posé la question de savoir ce que je faisais là, de savoir ce qui me retenait en Côte d’Ivoire et la réponse
Ne s’est pas fait attendre : l’argent ! un salaire comme je n’en retrouverai plus, un boulot à ma mesure, mais plus d’idéal, plus de don de soi, plus jamais le plaisir de voir sur un visage inconnu un vrai sourire.
Il est donc temps pour moi de faire mes valises, mon aventure africaine est finie je le sais je le sens, sans l’aide de ma petite voix cette fois. Je donne ma démission, on la refuse, on fait une rallonge à mon salaire,on me donne un 14ème mois, rien n’y fait, cette fois je vais partir et ne jamais revenir.
J’ai trouvé ma remplaçante, les cantines ont été expédiées par Paulin, j’ai offert à tous mes collègues une soirée à l’Hôtel ivoire, diner dansant, pour eux je rejoins l’orchestre et je chante « la Mama »Dans quelques jours je serai dans mon appartement à Asnières mais ceci est une autre histoire.
Et que sont devenus les héros de cette histoire ?
Je pense que les Baquet,Sautret,Gourde,Mme Machin sont décédés car ils avaient déjà de la bouteille en 1973
Alain Dubiset est rentré en France et aurait ouvert un commerce de ??????
Blanche elle aussi est revenue au bercail et aurait prit la gérance d’un hôtel.
Pour Paulin, les choses sont beaucoup plus tristes. Muté à Paris, il a renoué avec son ex-épouse. La dernière fois que nous nous sommes parlés au téléphone, en 1981, il avait la voix que je lui ai connue quand il était très malade et lorsque je lui ai demandé des nouvelles de sa santé il m’a dit que « cela n’allait pas très fort ». Comme le psychiatre avait prévenu qu’une deuxième crise lui serait fatale, on peut supposer que soit après un nouvel accès de folie il a été hospitalisé en psychiatrie et là……
Soit, comprenant qu’il replongeait il a eu le temps de retourner en Côte d’Ivoire et d’aller chercher refuge dans son village natal. C’est encore là qu’il sera le mieux pour vivre sa folie.
Guy le gentleman, mon ex mari, est décédé en 2008 d’un cancer de la bouche après avoir beaucoup souffert.
Nelly sa maitresse puis épouse a été retrouvée après leur divorce, errante dans les rues n’ayant plus rien après avoir dilapidé tous ses biens. Hospitalisée elle aussi en psychiatrie, elle est retournée à la vie normale après avoir été mise sous tutelle.
Line, ma copine de toujours est là bien vivante, sur notre site sous le pseudo d’ « ermelinda » connue en Côte d’Ivoire, retrouvée en France, perdue de vue à cause des distances, retrouvée grace à internet, la preuve est faite que le monde est petit.
Et puis moi, la grande bavarde, l’empécheuse de tourner en rond, l’emmerdeuse dans toute sa splendeur, la grande gueule, celle qui ne fait jamais rien comme les autres, celle qui dérange,celle qui en a marre parfois de ses semblables mais celle aussi qui est bien contente de vous avoir rencontrées, toujours fidèle au poste, toujours prête à vous raconter d’autres histoires, mais seulement si vous le voulez.
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