les aventures d’une vieille carcasse – 41ème partie

aaasecrtaire.jpg– Monsieur Sautret 

  

C’est vrai que jusqu’ici je ne vous ai pas parlé de lui. La bonne cinquantaine, grand, gros et mou, mais avec pour compenser une grande intelligence. Son cerveau doit être plein de chiffres puisqu’il est à la M.I.T. le Directeur Administratif, et a, par ailleurs, d’autres sociétés dont il est consultant honoraire, expert comptable,  ou encore administrateur. 

  

Cette discrétion vient en partie du fait qu’il est affublé d’une femme qui non seulement déteste l’Afrique mais qui en plus, a la phobie des microbes et de ce fait partout où elle va l’accompagnent sa bouteille d’alcool à 90° et ses morceaux de coton qu’elle passe sur les poignées de portes avant d’entrer, sur les chaises avant de s’asseoir et si vous l’invitez à déjeuner, toute la vaisselle et couverts se trouvant sur la table passeront aussi au nettoyage. Il est donc bien évident que dans ces conditions, il est difficile d’accepter des invitations chez les uns et chez les autres. Bien entendu il a caché à son entourage autant qu’il l’a pu, le mal dont son épouse est atteinte et de ce fait, on prend ses refus pour du snobisme, on lui en veut beaucoup et on le laisse moisir dans son coin. 

  

Mais sa passion à lui, ce sont les conseils d’administration, les bilans, les comptes de pertes et profits, et il a constaté depuis fort longtemps déjà que le sérénissime Baquet dirige la société en dépit du bon sens, les investissements n’étant jamais fait, ni comme il faut, ni quand il faut. Alors il a profité de sa grande solitude et de ses connaissances pour concocter de très belles notes de service destinées à la maison mère de Dakar ainsi qu’aux filiales de France et de Suisse, et tout ce petit monde commence à s’agiter sérieusement. 

  

La suffisance de Baquet l’empêche de comprendre l’étendue du problème alors il procède à quelques remaniements à l’intérieur de la société. 

  

Vous le savez certainement, quand il se trouve quelque part des bêtes puantes et dangeureuses, on les met dans la même cage car non seulement on les isole des autres évitant ainsi toute contagion mais en plus, on pourra les surveiller plus facilement.c’est ce qu’il fait le jour où il entre dans mon bureau pour la dernière fois, et m’annonce qu’à partir du lendemain je cesse mes fonctions actuelles pour devenir la secrétaire de Sautret. 

  

Le changement est brutal, fini le cahier de transmission, fini les visites à la banque, adieu l’armoire à pharmacie avec tous les médicaments distribués au personnel. 

  

Sautret dont je n’arrive pas à saisir la personnalité me reçoit assez froidement et durant l’année que nous allons passer ensemble je comprendrai qu’il s’agit surtout d’une gaucherie dûe à une très grande timidité qu’il cache comme beaucoup d’autres choses. 

  

Quand je ressors de son bureau je titube presque tant ce que je viens t’entendre me surprends. J’apprends tout d’abord le malaise dont il est l’instigateur, ensuite ce qu’il attend de moi à savoir une obéissance entière aux ordres qu’il me donnera, une discrétion à toute épreuve sur tout ce que nous ferons, dirons, apprendrons, des documents seront dactylographiés chez lui ou chez moi et non au bureau, nous nous méfierons des téléphones de la société sur lesquels on a pu poser un espion. Enfin, et là il me précise que cela n’est pas de la bonté, comme il veut une sécrétaire entièrement disponible et débarrassée de tout soucis matériel il me remet, après m’avoir posé plusieurs questions sur ma situation (qui est catastrophique) un chèque d’ « avance sur frais », de plus il me fournit une voiture de service le temps de faire réparer la mienne, la facture étant payée par une de ses sociétés puis, il me donne congé pour la journée, me demandant de bien réfléchir à tout ce qui a été dit et de lui donner le lendemain matin ma réponse. 

  

Le changement est si brutal que je n’arrive pas à assimiler ce changement. Ainsi je n’aurais plus affaire à Gourde, ? Baquet ne viendra plus me narguer à chaque instant ?, il n’y a plus a avoir peur d’une sanction ?, d’un avertissement ?, d’un renvoi ?. Je n’arrive pas à y croire ! Mon D-ieu comme ce serait  bon de pouvoir baisser la garde ! 

  

Publié dans : mes écrits et ceux des autres |le 23 décembre, 2009 |Pas de Commentaires »

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