les aventures d’une vieille carcasse-16ème partie
Lorsque j’ai commencé à vous écrire sur la mort et sur D-ieu, je ne savais pas trop où cela allait me conduire mais au fond, j’espérais des réactions de votre part et c’est ce qui arrivé mais avant, Ylamou, de par son commentaire, m’a rappelé une histoire que je vous raconte ici. :
Nous sommes en 1991, je travaille comme aide soignante depuis 4 ans chez une femme d’environ 60 ans qui a pris son père chez elle depuis qu’elle est veuve. Il s’appelle « Stéphen » et il a 94 ans.
Très vite je me rends compte que je suis tombée chez des parvenus, très imbus d’eux mêmes et qui, sous couvert de mots et phrases qui paraissent gentils, savent très bien vous dire, qui vous êtes et à quelle place de la société vous vous trouvez par rapport à eux, c’est à dire, en bas..
Stéphen était docteur du temps de sa splendeur et comme beaucoup de personnes agées, il a tendance, lorsqu’il se raconte, à s’inventer des actes de bravoure,à enjoliver ses mérites, et les jours qui passent voient ses prouesses enfler comme un vieux crapaud prêt à éclater.
Mon D-ieu ! comme j’ai souffert dans cette famille surtout de leur mépris jusqu’au jour ou le « grand professeur » a eu envers moi des gestes déplacés au moment où je lui donnais la douche.. Il y a des gens avec qui, même dans ce genre de situation, on peut essayer de s’expliquer mais avec eux c’était impossible puisque le « droit de cuissage » faisait partie de leurs prérogatives. Alors j’ai adopté une attitude silencieuse ne parlant avec eux qu’à de rares exceptions et surtout lorsque je ne pouvais pas faire autrement. Et cela a duré de très longs mois.
Stéphen tombe malade, est hospitalisé et assez vite s’enfonce dans un état comateux, ses yeux sont ouverts mais il n’a aucune réaction, et moi je suis près de lui pendant des heures jusqu’à ce que sa fille vienne me relever.
J’ai compris qu’il vivait ses derniers jours mais j’ai la rancune tenace et je lui en veux de son attitude envers moi, je suis donc indifférente à ce qui se passe et tout à coup, j’ai l’impression que je dois faire quelque chose mais je ne sais pas quoi. Cette impression est très bizarre, on ne sait pas comment elle arrive, on ne comprend pas ce que cela veut dire, ni ce qu’il faut faire et une certaine inquiétude s’empare de moi et je cherche, je cherche…. Je me rends compte qu’il n’a pas sur la tête sa « kippa » (petit chapeau rond que portent les religieux) car oui, il était en plus religieux !!! …. Je la cherche et la trouve dans le tiroir de sa table de chevet, je la lui pose sur la tête et je m’entends lui dire intérieurement ; « si ton heure est arrivée, maintenant tu peux partir, je ne t’en veux plus »
Dans les secondes qui ont suivi, ses yeux ont un peu repris vie, il a respiré une fois, deux fois et à la troisième, plus profondement, il est parti, et moi j’ai à ce moment là eu l’impression qu’il avait eu besoin de mon pardon pour nous quitter. Oui je suis intimement convaincue qu’un dialogue muet peut s’établir entre un moribond et son entourage,comme je suis convaincue que le pardon libère non seulement celui qui le reçoit mais aussi celui qui le donne.
Dans cette histoie, j’ai aussi gagné le fait d’avoir écrit mon livre « l’entonnoir » qui m’a été inspiré par le mépris dont j’avais fait l’objet. Je dois donc, et maintenant je le peux, dire : Merci Stephen.
Je réponds maintenant à chacune de vous, ce que vos commentaires m’inspirent.
Mimie89 20/11/2009
Quelles anecdotes tu nous raconte tous les jours. Tu as eu une vie bien remplie et pas très facile je suis en train de lire l’entonnoir. Tu aurais de quoi faire de bons bouquins, mais tu ne veux pas, on ne revient pas là dessus, mais cela permettrait à certaines personnes de ne pas se plaindre pour un oui ou un non !!!!! Bonne journée. Bisous
MA REPONSE :
Je crois en effet que si les gens arrêtaient de se plaindre pour un oui pour un non, et s’ils regardaient le verre à moitié plein et non le verre à moitié vide, leur vie serait plus facile mais l’habitude étant une seconde nature, très peu de gens arrivent à changer celle-ci car cela demande un effort qu’il ne sont pas prêts à faire. C’est dommage (pour eux).
enoline a commenté votre post le 24.11.2009 à 09:14
bonjour j’aime beaucoup ton blog la mort elle fait peur parce que peut être elle a tendance à arriver toujours de plus en plus tot ; nous laissant cette impression de ne pas avoir eu le temps de tout vivre ; de tout faire…. bonne journée
MA REPONSE : Je crois qu’au contraire, grâce à la science et à la chance que nous avons de vivre dans un pays riche (trop riche) et de pouvoir manger à notre faim, l’espérance de vie est passée au cours des siècles de 35 ans à plus de 70ans Mais le propre de l’être humain est de toujours en vouloir plus, et de ne jamais se contenter de ce qui lui est donné et d’avoir bien du mal à en faire quelque chose, de plus en voulant trop de choses, on perd de vue ce qui est important .
lucie 30 a commenté votre post le 24.11.2009 à 12:37
Moi , j’ai compris ce que tu essaies d’expliquer . C’est une façon de voir qui peut aider à avoir moins peur de mourir , mais surtout , à avoir moins peur de vivre !!! Lu
MA REPONSE : C’est sur que croire en D-ieu aide à vivre, à voir les choses sous un angle tout autre, et donne aux évènements un sens différent, plus profond et plus riche. Je ne crois pas que les gens, dans leur ensemble, aient peur de vivre , mais ce qui est sur c’est que beaucoup ne savent pas vivre et faire de leur vie quelque chose dont ils peuvent être fiers, et très souvent ces mêmes personnes rejettent sur les autres la responsabilité de leur propre carence et échec.
ninanani a commenté votre post le 24.11.2009 à 15:37
Bonjour! J’aime beaucoup ton article ! C’est vrai que la mort est un sujet tabou, au même titre que l’argent. Toutefois, je pense que la peur de la mort renvoie avant tout à la peur de l’inconnu. Il y a une certaine angoisse à ne pas savoir ce que l’on va devenir, et s’il y aura un « après » ou pas, sans parler de la nostalgie de notre vie que l’on considère bien meilleure d’un coup à bien y réfléchir, et sans oublier également les circonstances dans lesquelles cette mort surviendra : souffrira-ton ?? Belle réflexion, je t’en remercie ! bizzz
MA REPONSE : Il semble que nous ne saurons jamais s’il y a quelque chose après la mort mais nous pouvons, en nous intéressant à tout ce qui a été dit et écrit sur ce sujet, nous instruire sur la question pour après avoir notre petite idée.
En ce qui me concerne, je souhaite être consciente de ma mort de façon à pouvoir faire une dernière fois le bilan de mon existence avant de me présenter de l’autre côté. Inutile de vous dire que pour moi, je refuserai l’euthanasie quelque soit l’état dans lequel je pourrais me trouver et quelque soient les douleurs que je pourrais ressentir. D’ailleurs le 14e Dalaï Lama met en garde contre l’euthanasie active, expliquant qu’en essayant d’échapper aux souffrances de cette vie, nous pourrions être confronté à ces mêmes souffrances dans une vie future dans des conditions plus difficiles.[]
Ce qui est sur, c’est qu’on a tout intérêt à croire, car seul celui qui ne croit pas sera le perdant dans le cas où il y aurait quelque chose après la mort, alors que s’il n’y a rien après la mort il n’y a ni gagnant ni perdant. Ca vaut le coup d’y réfléchir non ?
Bleu27 a commenté votre post le 27.11.2009 à 10:29
Ce chapitre sur la mort peut éclairer certain(e)s à condition bien sûr de s’y intéresser….dommage beaucoup préfèrent occulter et lorsqu’un deuil les touche, ils se retrouvent dans le néant, certains ont l’impression de devenir fous, de perdre le contrôle de leur vie. C’est pourquoi il faut ne pas hésiter à en parler même si cela dérange parfois. Témoigner de son expérience, de son ressenti, peut aider à donner des clés, des repères pour se sentir moins isolé et traverser cette épreuve douloureuse lorsque malheureusement elle se présente. Bonne continuation Yaël sur l’écriture des étapes de ta vie et merci de nous confier ton expérience. Tendres bisous
MA REPONSE :Depuis longtemps toi comme moi nous intéressons à ce sujet et c’est pourquoi nous nous rejoignons sur beaucoup de points dans ce domaine. Je pense que nous avons de la chance d’avoir choisi ce chemin de vie qui nous permet de relativiser, de trouver les valeurs qui nous permettent de nous préparer au grand voyage que tout le monde fera un jour ou l’autre. S’il n’y a sur terre qu’une seule justice c’est bien celle-la.
moHa a commenté votre post le 27.11.2009 à 11:10
Bonjour ! je » pédale » un peu _ comme d’hab. _ … ze crois que vous avez le DON de faire PARTAGER _à votre entourage _ le cours de votre vie et depuis que la Mort a franchi » le pas de ma case » vos écrits m’ont fait REGARDER la vie AUTREMENT …bisous.
MA REPONSE : .Le but de mes écrits était d’aider mes semblables à faire plus rapidement que moi le chemin qui permet de voir les choses autrement , d’avoir moins mal, de vivre mieux,et si j’ai pu vous aider à cela alors j’ai gagné mon pari. Chère Moha, vous êtes mon cadeau.
ylamou a commenté votre post le 27.11.2009 à 14:13
Salut, si si j’ai lu tous tes articles mais sur ceux là, je veux en parler mais je n’arrive pas à écrire ce que je ressens, à chaque fois, j’ai pensé à mon père et ce sont les larmes qui se sont exprimées au lieu des mots. Et surtout vis-à-vis de la mort, nous sommes tous égaux. De plus, entre ce que mes parents nous ont expliqué sur la mort, de ce qu’on entend dire sur la mort dans notre société ou simplement les gens qui en parlent, j’ai bien compris ce que tu veux dire et je me retrouve à travers tes écrits. En effet, je sais que ma « petite voix » est présente et me guide. De plus, ton poème est explicite et m’aide à comprendre ce que je n’arrivais pas encore à comprendre. Quand nous étions à l’hôpital le dernier jour, nous avions ressenti un sentiment que ce jour était le dernier, c’est bizarre à expliquer, on était au plus mal et là, mon père a réagi, ils nous a regardé, ils nous a vu tous là autour de lui et s’est tourné sur le côté et il est parti. Là, on a commencé à pleurer, à lui dire non, non, reviens mais mon oncle nous a expliqué qu’il est parti en paix, que justement il a vu qu’il devait partir et qu’il ne fallait pas qu’on l’en empêche. Me voilà, en train de pleurer !!! Et aujourd’hui, c’est chez nous l’Aïd Elkebir, la fête du mouton, première année sans mon père et en lisant, relisant ton poème, ça me fait du bien, donc merci de l’avoir noté. Et si ça ne te dérange pas, je voudrais bien l’écrire dans un cahier pour pouvoir le lire quand je veux. Tu sais, je n’ai pas arrêter de le lire depuis que tu l’as mis. Je t’embrasse bien fort.
MA REPONSE :
En fait je n’en ai pas car tout se trouve dans ce que tu as écrit. Si tu as compris ce que j’ai voulu faire passer dans mes écrits, tu as compris que tu devais laisser ton papa s’en aller et rejoindre le lieu où il doit se trouver.En faisant cela, tu le libères des quelques liens humains qui le retiennent encore prisonnier ici et tu lui permets d’aller là où sa nouvelle vie l’appelle et il t’en sera reconnaissant. De plus, en te libérant de cette trop lourde peine, tu te rends disponible pour ton entourage qui a besoin de toi.
Demain on change de registre et j’espère que ce qui suivra vous plaira également. Bisous

Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.