merci la vie
le 26 Octobre 1938, à Evron, petite ville de Mayenne, est née un bébé qui s’appellera pendant des années Jeannine, Simone, Andrée.
Je le sais, j’y étais.
Sa vie ressemble à beaucoup d’autres vies,
Enfant unique dans un foyer où les parents ne se parlaient pas,une scolarité claudiquante comme elle puisqu’elle était atteinte d’une malformation de naissance, une adolescence dont il vaut mieux ne pas parler un début de vie de femme recherchant dans les bras des hommes qui traversaient sa route, les mots d’amour et les caresses qu’elle n’avait jamais eus.
Je le sais, j’y étais.
Elle s’est mariée, a eu deux fils, a vécu quelques années en Afrique elle a divorcé, a eu des amants recherchant toujours ce qu’elle n’avait pas encore trouvé.Elle a aimé son travail, gravissant les échelons pour se retrouver assise confortablement dans un fauteuil de cadre et c’est là qu’elle a commencé à se poser des questions.
Je le sais, j’y étais.
Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que sa vie, la vraie, était ailleurs, mais où ? là était la question. Elle a cherché, fouillé dans son passé, dans sa mémoire, dans le fin fond de son âme, elle a trouvé, alors elle est partie.
Je le sais, j’y étais.
Il y a 28 ans qu’elle vit dans le coin du monde qu’elle a choisi, un endroit qui n’est pas de tout repos, un lieu qui soulève des montagnes de questions,d’incompréhension et de haine et pourtant elle y est bien même si toutes ces années ont vu bien souvent son soeur se briser et ses yeux s’embuer de larmes.
Je le sais, j’y étais.
Mais que dire de cette vie qui touche à sa fin ?Réussie, ratée, tout dépend de la façon de voir les choses, mais aimer les jours qui passent, les emplir de choses simples et agréables, recevoir des animaux qui partagent sa vie, l’amour et la tendresse que, grâce à eux, elle a trouvés,ne serai-ce pas cela le bonheur ?
Savoir que l’on partira, un jour, bientôt, sans peur, pouvoir regarder derrière soi, sans amertume et sans regret, mais regarder aussi devant soi pour apprécier chaque jour et chaque instant qui lui reste, continuer à se poser des questions, essayer d’y répondre, pousser des coups de gueule et des coups de coeur, preuve qu’elle vit pleinement et autant qu’elle le peut ce que la vie lui accorde encore,
Oui pour elle, c’est cela le bonheur et ça !
Je le sais, j’y suis.
Yaël
